A la lisière de Viviez et Decazeville, dans le nord de l’Aveyron, les grands bâtiments blancs de l’ancienne fonderie d’aluminium SAM Technologies sont toujours clos. Il y a quatre ans, 340 salariés produisaient ici des carters d’embrayage pour le groupe Renault. Lâchée finalement par le constructeur (il a refusé de maintenir ses commandes à l’unique candidat à la reprise), la Société aveyronnaise de métallurgie, qui avait déjà connu plusieurs redressements judiciaires et une reprise manquée par le groupe chinois Jinjiang, a fermé ses portes en novembre 2021.

Depuis, les élus locaux s’affairent. L’agence régionale de développement économique Ad’Occ et Business France recherchent des candidats pour s’implanter sur le site. Une quinzaine de sociétés l’ont visité, sans se prononcer pour l’instant. « Il y aura de nouveau des entreprises sur le site de la SAM avant la fin de la mandature, en 2028 », a assuré le conseiller régional communiste Pascal Mazet à la radio locale Totem.

Rendre le site « audible »

Pour sa part, Jalil Benabdillah, vice-président du conseil régional (sans étiquette) chargé de l’Economie et de l’Emploi, évoque avec retenue les perspectives de réindustrialisation : « Nous restons mobilisés avec l’Etat et Business France. » L’objectif de la Région est aujourd’hui de « rendre le site audible  », explique-t-il, en évoquant des travaux de réhabilitation des bâtiments et des discussions avancées avec plusieurs entreprises.

Les pistes explorées : saucissonner les installations pour installer plusieurs entreprises ou rechercher une grosse entreprise pour créer de l’emploi pérenne. « Nous souhaiterions un projet structurant comme celui de Genvia à Béziers », livre l’élu, qui regarde de près la relance du secteur de l’armement.

Rien de concret dans l’immédiat, donc. Carole Delga, la présidente PS de la région, s’est pourtant saisie sans attendre de ce dossier emblématique. A la fermeture en novembre 2021, elle avait promis au personnel de tout faire pour réindustrialiser le site. Car il se joue là un dossier local quasi historique : l’ancien bassin minier et sidérurgique sur lequel était implantée la fonderie a perdu quelque 7.000 emplois entre 1950 et 1990.

La Région a racheté le site

Celle qui est aussi présidente des Régions de France a convaincu le ministère de l’Industrie de retenir le site de la fonderie parmi les 55 « sites industriels clés en main France 2030 » labellisés en avril 2022, pour leur potentiel de développement. Le conseil régional a soutenu MH Industries, une entreprise du Lot voisin qui souhaitait s’agrandir.

Chargée de réaliser une étude de faisabilité de la réindustrialisation – avec une subvention de 1,2 million d’euros, versée en partie, qui s’ajoutait aux prestations de conseil payées par l’Etat -, la PME a abandonné son projet de relance du site, après cinq mois d’étude , en juillet 2022. L’année dernière, la Région a finalement racheté le site (5,7 hectares avec 17.000 mètres carrés de bâtiments) à l’ancien propriétaire Jinjiang, pour 420.000 euros. Un an plus tôt, elle avait acquis les équipements, comme les fours à fusion.