LES ECHOS –
Le besoin de l’industrie en électricité décarbonée ne sera pas couvert dans les prochaines années, surtout si l’on espère réindustrialiser le pays,.
Chez Duralex à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret).
L’Europe affronte aujourd’hui un double défi sans précédent pour son approvisionnement énergétique. A court terme, la guerre en Ukraine fait monter les prix du gaz et de l’électricité, et diminuer nos approvisionnements, ce qui impose une mobilisation générale pour éviter des situations de pénurie lors des prochains hivers et une dégradation insupportable de la compétitivité du continent. Il y va de notre indépendance énergétique, industrielle et économique.
A plus long terme, l’objectif impératif de décarbonation de nos économies va entraîner la mutation de nombreux usages (processus industriels, véhicules électriques, etc.) vers l’électrique, augmentant très fortement les besoins dans les années à venir. Nous pensons que le scénario de RTE dit « central » sous-estime ces nouveaux besoins, et suppose des efforts de sobriété qui seront très difficiles à atteindre.
45 % de besoin d’électricité en plus !
Même avec la mise en oeuvre de contrats d’effacement pour gérer les pics de consommation, nous aurons besoin au minimum de 200 TWh d’électricité en plus en 2050 (l’équivalent de 20 EPR2), soit 45 % de plus qu’aujourd’hui. Et si nous voulons remonter la part de l’industrie autour de 15 %, il nous faudra encore 150 TWh de plus !
Ce qui est en jeu, c’est notre réindustrialisation !
Ne plus subir les variations de prix
Nous, anciens dirigeants de plusieurs groupes industriels (Airbus, Areva, Pechiney, PSA, Saint-Gobain, SNCF, Thales, Valeo), savons à quel point la disponibilité d’une électricité abondante, décarbonée et compétitive est vitale pour nos entreprises. Cette disponibilité sera l’un des déterminants majeurs des décisions d’investissement industriel en France dans les prochaines années. Ce qui est en jeu, c’est notre réindustrialisation !
C’est pourquoi de plus en plus d’industriels cherchent aujourd’hui à passer des contrats d’approvisionnement de long terme avec des producteurs d’électricité pour ne plus subir les variations des prix de marché. Il faudra également réformer le mécanisme de fixation des prix sur le marché européen. Ce sont des mesures de sécurisation de nos emplois industriels.
Nous avons besoin de nucléaire et de renouvelables, et surtout pas d’une nouvelle querelle stérile entre partisans de l’un et de l’autre. Les projets de loi sur les renouvelables et sur la relance du nucléaire vont dans ce sens, en affirmant des choix clairs et en s’attaquant à la lourdeur des procédures. Ils doivent être soutenus sans équivoque, dans l’intérêt de nos entreprises, et de la nation tout entière.
Par Louis Gallois et Pierre-André de Chalendar coprésidents de la Fabrique de l'industrie, Denis Ranque président de l'Académie des technologies, dont Philippe Varin et Gérard Creuzet sont membres.