LA TRIBUNE –
En novembre dernier, La Tribune avait annoncé l’intérêt de ce groupe industriel lotois pour reprendre la fonderie aveyronnaise de la SAM, lâchée par son unique client Renault et liquidée.
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Bien que désormais liquidée, la fonderie aveyronnaise SAM suscite quelques convoitises, notamment du côté de MH Industries.
Ces dernières semaines, le conseil régional d’Occitanie ne souhaitait pas communiquer sur l’identité de l’industriel intéressé pour récupérer éventuellement le site de la fonderie SAM, basé à Decazeville (Aveyron). Mais la collectivité a changé de braquet en rendant publique le vote du vendredi 18 février de sa commission permanente portant sur une aide de 1,2 million d’euros dans ce dossier en faveur de… MH Industries.
Cet acteur n’est pas nouveau dans le dossier de la fonderie aveyronnaise. En novembre dernier, le dirigeant était venu visiter l’usine pour évaluer son potentiel et rencontrer les salariés, comme l’avait fait savoir La Tribune. « Les échanges avec le dirigeant ont été très positifs », se remémore David Gistau, représentant syndical CGT au sein de la SAM.
« La fonderie SAM est un très grand site (…) Mais son modèle d’une technologie pour un client unique n’était pas viable et nous ne pouvons pas reprendre une entreprise qui n’était pas viable. Son retournement était impossible », juge Matthieu Hède quand nous l’interrogeons sur son non-positionnement lors du processus encadré par le tribunal de commerce de Toulouse qui cherchait un repreneur il y a encore quelques mois.
« Ce que nous proposons à la SAM »
Ces dernières années, les 350 salariés de la fonderie aveyronnaise, spécialisée notamment sur l’aluminium, travaillaient uniquement pour le constructeur automobile français Renault. Une situation qui a mené à la faillite de l’entreprise et au licenciement de ses salariés. Malgré cet échec, le président de MH Industries voit grand avec cette fonderie SAM.
« La reprise de cette fonderie nous ferait doubler de taille, ce n’est pas anodin… Très rapidement, notre chiffre d’affaires pourrait doubler, et encore plus demain. C’est une grosse opération pour nous si elle se concrétise, qui nécessite cette étude de faisabilité », poursuit Matthieu Hède.
Actuellement, le groupe MH Industries pèse pour près de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires et plus de 300 salariés, déployés sur plusieurs entités (la fonderie Diace, la chaudronnerie Meta Industrie, la société Fin’Tech Industrie basée à Albi et spécialisée sur la peinture et le traitement de surfaces, TL 21 et Meta Laser).
« Notre volonté est d’offrir le spectre le plus large possibles des services qui concernent les pièces métalliques afin de réduire au maximum le nombre de sous-traitants pour nos clients et d’être complet dans notre offre. Aujourd’hui nous avons 600 clients, dans des secteurs bien diversifiés mais aucun secteur ne représente plus de 20 % de notre chiffre d’affaires et notre plus gros client pèse pour 12 % », fait savoir le dirigeant.
Grâce à la diversité des métiers de MH Industries, ce dernier opère aussi bien pour des acteurs de l’aéronautique, du monde agricole, de la construction, des biens industriels, du monde de la défense et même d’autres fonderies. « C’est ce que nous proposons à la SAM : être multi-secteurs, multi-métiers et ce, pour plusieurs clients. Nous maintiendrons leur activité historique, mais dans une moindre mesure, tout en apportant des nouveaux métiers de notre groupe sur ce site », précise Matthieu Hède. Le patron lotois veut également profiter de la proximité de ses trois usines principales, situées à environ une heure et trente minutes de la fonderie aveyronnaise, « pour faire de la SAM une formidable opportunité de croissance, dans un groupe industriel en forte croissance ». Selon ses dires, MH Industries a vu sa taille multipliée par dix en une quinzaine d’années.
D’autres projets de reprise sur la table ?
Quoi qu’il en soit, avant de s’engager pleinement dans une éventuelle reprise de la fonderie SAM, Matthieu Hède attendra les résultats de son étude de faisabilité, annoncés pour le troisième trimestre 2022, que l’État va également soutenir jusqu’à 200.000 euros en « mettant à disposition des conseils » fait savoir Bercy. « Nous trouvons le projet de MH Industries intéressant mais il nécessite une étude car il n’y a pas encore de plan d’affaires, ni de montant d’investissement, d’emplois et d’actifs de la SAM repris, etc… La viabilité du projet n’est pas encore avérée aujourd’hui », indique le cabinet du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Sur ce point, MH Industries sait déjà que des dizaines de millions d’euros d’investissement seront nécessaires, mais que « cela sera impossible », sans le soutien financier des collectivités locales et de l’État. Du côté des représentants du personnel, face aux multiples annonces autour de leur entreprise, on fait preuve de prudence.
« On se réjouit que le conseil régional et l’État financent l’étude de faisabilité de MH Industries, c’est une bonne chose. Mais nous restons extrêmement prudents car ce n’est qu’une étude de projet pour l’instant », réagit David Gistau de la CGT.
Lui et environ de 250 salariés de la fonderie SAM occupent l’usine depuis 91 jours, dans l’espoir de ne pas être des « oubliés ». L’État vient d’ailleurs de nommer un préfet honoraire aux côtés de la préfète de l’Aveyron, en la personne de Gilles Cantal, spécialement mobilisé sur ce dossier. Cette arrivée doit permettre de fluidifier les relations en les acteurs du dossier et la partie salariés/syndicats, qui ne souhaite plus échanger avec Jean-Pierre Floris, le chargé de mission nommé par Bercy et le conseil régional d’Occitanie pour trouver un repreneur au site et attirer des investisseurs sur le territoire. Les représentants du personnel le jugent « arrogant » avec les salariés.
Par ailleurs, Bercy fait savoir « qu’un ou deux autres contacts » sont à un « stade très préliminaire » pour une éventuelle reprise de la fonderie SAM. Mais il est encore trop tôt de parler de projet concret pour ces entreprises intéressées selon le ministère de l’Économie. L’agence Business France poursuit néanmoins son travail de présentation de la fonderie SAM, dans le monde entier, auprès de plusieurs centaines de sociétés, dans l’espoir de rallumer les fourneaux de l’Aveyron.
