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Par : piwi
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mercredi 04 Mai, 2022
Catégorie : Wiki fonderie

Fonderie Alu d’Ingrandes, une pépite méconnue à sauver

La Nouvelle République –

La Fonderie Alu doit fermer fin juin à Ingrandes. Mais, dans l’usine, un secteur stratégique méconnu au savoir-faire reconnu pourrait lui survivre : l’atelier prototype.

  Yoann Ricateau et Jean-Marie Bernaille, de l’atelier prototype à la Fonderie Alu d’Ingrandes.

On le sait. La Fonderie Alu (300 emplois), tout comme sa voisine jumelle de la fonte il y a un an, est, sauf rebondissement, condamnée à la fermeture (1). Ce qu’on sait moins, c’est que le fabricant historique de culasses abrite un secteur stratégique au savoir-faire reconnu : l’atelier prototype.

On y teste, coule, créé et fabrique diverses pièces en aluminium en petites et moyennes séries pour des clients dans l’automobile ou encore l’aéronautique. Des pièces dont on valide la structure, le design et la capacité de résistance.
« Nous avons fait des pièces pour Maserati, Porsche, Aston Martin… »

Créé au début des années 2000 sous l’ère Teksid (2), l’atelier prototype réalise surtout des culasses pour Renault mais c’est en 2014 avec l’arrivée de son responsable, Jean-Marie Bernaille, en provenance de la fonderie Le Bélier en Gironde, que ce secteur de l’entreprise se développe réellement et acquiert une réputation de savoir-faire industriel et de qualité inégalée.

Exemple avec Valéo, raconte Jean-Philippe Juin, de la CGT, qui, à l’époque, « nous a fait fabriquer des turbos électriques (“Hoosing ”) pour voiture ». « Le prototype a été fait chez nous. Il devait ensuite être fabriqué en Chine mais ils les Chinois n’ont jamais réussi à le faire fabriquer, si bien que la production a été rapatriée ici avec des séries de 3.000 pièces. »

Jean-Marie Bernaille développe alors l’atelier prototype – rebaptisé l’atelier PMS (petites et moyennes séries) – grâce à son carnet d’adresses, l’investissement dans des outils de fabrication et la diversification de l’activité (pièces de liaison au sol, de moteur électrique, cadre pour vélo électrique…).

En quelques années, le responsable de l’atelier et sa petite dizaine de salariés polyvalents révèlent leurs compétences au fil des étapes de fabrication des prototypes : noyautage, moulage en sable, coulée dans les fours de fusion, décochage, sciage, ébarbage, parachèvement, traitement thermique, contrôles…

Les clients ne s’y trompent pas et les commandes affluent. Y compris pour des marques prestigieuses. « Nous avons fait des pièces pour Maserati, Porsche, Aston Martin, Garrett, Renault Sport (Alpine), Liebherr (aéronautique), Midual (motos de luxe made in France)…, égrène Jean-Marie Bernaille. On va de la pièce unitaire à 200 pièces en général. Nous sommes sur une niche, avec un aspect artisanal, des compétences, de la minutie. Cet atelier, c’est une usine dans l’usine, une petite fonderie dans la grande. »

« Une petite fonderie dans la grande fonderie »

L’aura de cet « petit » atelier PMS de la Fonderie Alu suffit à faire son auto-promo. « Nous avons eu et développé ce business sans démarchage commercial. Ce n’est que du bouche-à-oreille, le savoir-faire et par les retours qu’en ont les clients. Yoann Ricateau, technico-commercial, nous a rejoints il y a un an et demi mais c’était en pleine crise Covid puis le redressement judiciaire, donc il n’a pas pu s’épanouir pleinement dans sa mission. »

Depuis 2014, l’atelier prototype a « coulé » environ 50.000 pièces en alu pour ses clients. Un savoir-faire que le bassin châtelleraudais risque de perdre avec la fermeture programmée du site de la Fonderie Alu. À moins que…

 (1) La Fonderie Alu (300 salariés) sera fixée sur son avenir début juillet après l’audience du tribunal de commerce de Paris, qui doit 
 statuer sur une probable liquidation judiciaire. (2) En 1998, Renault cède l’activité au groupe italien Teksid et, en 2001, les fonderies 
 sont scindées en deux (fonte et alu).

Un projet pour sauver l’atelier prototype

Tout n’est peut-être pas perdu pour la Fonderie Alu d’Ingrandes. Du moins pour son atelier prototype « PMS » (petites et moyennes séries). « Fin juin, l’usine de la fonderie ferme, déplore Jean-Marie Bernaille, responsable dudit atelier. Au niveau interne PMS, on a essayé de rassurer nos clients, qui sont plus ou moins accablés. On a une trentaine de clients fidèles plus une autre trentaine sous le coude. On est bloqué tant que la situation ne se décante pas. »

Mais l’horizon pourrait s’éclaircir pour ledit atelier. Des négociations sont en cours pour conserver le secteur PMS en le transférant sur le site voisin de la Fonderie Fonte. « Nous sommes en train de travailler sur la continuité de l’activité. On a pris contact avec les possibles acheteurs des bâtiments fonte pour qu’on puisse récupérer un bâtiment qu’on leur louerait. »

Le projet de continuité de l’activité du secteur PMS aurait reçu le soutien de collectivités et d’investisseurs : « Nous avons noué des contacts avec la Région et Grand Châtellerault pour des aides éventuelles. Les élus ne veulent pas laisser partir cette “ pépite ”. Et trois investisseurs potentiels, dont un Châtelleraudais (industrie métallurgique), seraient intéressés pour nous aider financièrement, dont un qui doit venir nous voir demain aujourd’hui. Les clients nous suivent. Un courrier a été adressé au mandataire judiciaire pour évoquer le projet de poursuivre l’activité. »
L’atelier prototype pourrait alors survivre à la Fonderie Alu. Et le bassin châtelleraudais conserver un peu de son savoir-faire industriel. Un moindre mal.

Zone de commentaire !

1 commentaire pour : "Fonderie Alu d’Ingrandes, une pépite méconnue à sauver"

  1. C’est vrai que ce secteur était presque tenu caché voir secret même s’il m’a été donné de le visiter.
    Je reste persuadé compte tenu de l’importance des pièces en aluminium présentes et à venir, de la complexité vue sur certaines pièces de moteurs électriques de la concurrence qu’il existe une opportunité pour Fonderie du Poitou Aluminium.
    Je crois qu’ils n’ont plus rien à perdre, mais ils doivent se rapprocher des autres constructeurs et des équimentiers pour trouver une issue plus prometteuse que la fermeture du site.
    On ne peut que leur souhaiter bonne chance pour trouver une solution adaptée à leur compétence.

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