France Culture
« Le chantier du Grand Palais a commencé. Soit la restauration d’un édifice hors du commun, à la fois monument historique, palais national et icône de Paris, triple incarnation d’un idéal d’universalité, d’un esprit français et de cette « vie parisienne « qui miroitait jusqu’au Havre, où j’ai grandi.
Dans mon esprit d’enfant, Paris se tenait alors sur les Champs-Élysées et dans quelques emblèmes disposés avantageusement sur les berges de la Seine : la cathédrale Notre-Dame, le musée du Louvre, le binôme Tour Eiffel/Trocadéro, et puis le Grand Palais donc, qui s’est longtemps résumé pour moi à cette verrière fabuleuse, si haute qu’elle dépassait la frondaison des arbres, et si grande qu’elle ne se laissait jamais saisir d’un seul coup d’œil : mystérieuse, tapie dans les feuillages telle une créature fantastique, on l’apercevait par bribes, par éclat, saisir la partie pour le tout favorisant le songe, les fictions, un imaginaire de serre.
Mais en ce jour de mars 2021, je pénètre dans l’édifice par sa région obscure : les soubassements. L’endroit adéquat pour évoquer sa conception, ses fondements, ainsi que les grandes lignes du projet de restauration conçu par l’architecte François Chatillon.
A l’occasion de l’Exposition universelle de 1900 donc, décision fut prise par l’État de doter Paris d’un bâtiment de grande taille, à la fois prestigieux et polyvalent, qui sera élevé en trois ans, sur un terrain situé entre la Seine et les Champs-Élysées.
Dans la Nef, on procède au nettoyage des parois, à la dépose des cimaises et des gardes corps des balcons. Dépouillée, la salle fait sentir alors la tension de ses axes et libère ses volumes, Mais ce qu’elle manifeste aussi, c’est sa fragilité : la verrière, restaurée en 2007, n’est plus intégralement étanche au vent et à l’eau, ce qui oblige au remplacement çà et là de certains closoirs, la dalle est vétuste, et si l’on a conservé les structures métalliques des coursives, les interstices en plâtre, fragiles, ont été ôtés. Partout, ce grand déshabillage joue comme un révélateur, ouvre à une archéologie de l’édifice, à une compréhension de ses transformations successives, de ses ajouts. «
Mae*ylislys de Kerangan