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Par : piwi
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samedi 05 Jan, 2019
Catégorie : Selon la presse

Ce qui attend l’industrie française en 2019

Le concept de « l’usine à roulettes »
Il en sera tout autrement si Trump s’attaque demain à l’automobile comme il en a déjà proféré la menace. En 2019, la guerre commerciale sera une épée de Damoclès pour les géants de l’industrie, qui se sont évertués à construire des systèmes de production mondiaux. « Le concept de l’usine à roulettes, cela ne marche pas », résume un dirigeant du fabricant d’équipements électriques Legrand. « Nous, nous fabriquons beaucoup en Chine. Si les Etats-Unis imposaient demain des taxes de 25 %, nous aurions un surcoût de 7 % sur ces produits, qui se traduirait par une hausse des prix de 3 %. »

La difficulté, c’est que ces tensions interviennent alors que la croissance mondiale fléchit. « Les industriels ont l’habitude de piloter des ralentissements mais c’est plus compliqué à faire quand les règles du jeu changent en même temps », souligne Denis Ferrand, directeur de COE-Rexecode.

Changer d’approche ?
Faut-il alors changer d’approche ? « Nous devons être plus pragmatiques et moins idéalistes », juge Olivier Lluansi, associé chez EY et ancien conseiller industrie à l’Elysée sous François Hollande. « « Nous devons avoir à l’esprit que nous sommes dans une période où de grandes puissances économiques se font une guerre commerciale à coups de réglementation, de taxes douanières ou d’opérations d’intelligence économique. » Dans ce contexte, les filières industrielles et l’exécutif français tentent de faire évoluer un corpus européen, basé sur la défense du consommateur et des parts de marché calculées à l’échelle de l’UE. « Mais pour l’instant, le discours de la Commission ne bouge pas », soupire un industriel. Un statut quo qui met en danger la fusion Alstom-Siemens dans le ferroviaire. A cet égard, les élections européennes seront un enjeu fort pour l’industrie.

Coup de froid sur l’industrie française
Censé intervenir le 29 mars, le Brexit sera l’autre défi géopolitique de 2019. Une absence d’accord pénaliserait lourdement l’industrie. L’usine Nissan de Sunderland, dans le nord-est du pays, exporte plus de la moitié de sa production en Europe continentale et le site Airbus de Broughton (pays de Galles) fabrique les ailes de tous ses modèles d’avions. « Les usines automobiles britanniques ont trois heures de stocks en moyenne. Je ne peux pas croire à une sortie sans accord garantissant une libre circulation des biens », dit Patrick Artus. En attendant, l’échéance a déjà imposé une réorganisation des stocks. Dans la pharmacie, par exemple, Sanofi a augmenté ceux-ci d’un tiers à la demande de Londres pour atteindre quatre mois de réserves.

La chute du diesel
Confrontée depuis des années à des problèmes de recrutement et compétitivité, l’industrie française devra aussi s’adapter à des changements technologiques et sociétaux forts en 2019. La chute du diesel, tombé à moins de 40 % des immatriculations en France, va avoir de lourdes conséquences. Dans l’Hexagone, six établissements sont « en crise avérée », selon l’Observatoire de la Métallurgie et de 10.000 à 15.000 postes sont menacés à l’horizon 2030. Plus globalement, « le virage du moteur thermique vers l’électrique sera un tsunami pour l’industrie française », alerte Bruno Grandjean, le patron de la fédération des industries mécaniques (FIM).

Regagner la confiance
Dans l’alimentation ou la cosmétique, le défi reste de regagner la confiance de consommateurs de plus en plus méfiants vis-à-vis des produits dits « industriels », et de prendre la vague bio et végane. Dans cette optique, Danone a décliné l’an dernier une offre bio pour Blédina, tandis que L’Oréal lançait la marque bio La Provencale en grande distribution, pour contrer le déclin des rayons hygiène- beauté. L’impact de la loi Alimentation sera l’autre enjeu de 2019. La limitation des promotions et le relèvement du seuil de vente à perte donneront-ils du souffle aux PMI de l’agroalimentaire pour enfin investir ?

Edouard Philippe dévoile une nouvelle vague d’aides à l’industrie
Au final, ce sera l’évolution de l’investissement qui donnera le ton de l’année. En octobre, les patrons de l’industrie manufacturière prévoyaient une hausse de 4 % en 2019, selon l’Insee, et un recul de 1 % en 2018. Qu’en sera-t-il réellement ? Les taux bas, un baril retombé à 50 dollars et les 10 milliards d’euros lâchés pour doper le pouvoir d’achat vont soutenir la demande.

Pour autant, les tensions sociales des derniers mois et le ralentissement de la croissance ont aussi ébranlé la confiance. « La crise des gilets jaunes a marqué les patrons de PME et d’ETI. Ils ont compris qu’il fallait aussi donner plus de sens à l’entreprise pour emmener les gens avec eux », estime Tahar Melliti, spécialiste des questions liées à l’industrie du futur. « La robotisation est un exemple type. Ce n’est pas seulement un outil de réduction de coûts. C’est aussi un moyen d’affecter les salariés à des tâches plus stratégiques. »

Emmanuel Grasland

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