70 % de l’argent provenait du trafic de stupéfiants marseillais, selon les autorités. « Ils se taillaient la part du lion », indique Nicolas Bessonne.
Des lingots fondus à Milan dans une fonderie légale
L’argent récolté permettait d’acheter des lingots d’or. Signe d’une organisation minutieuse, les lingots étaient fondus dans une entreprise officielle. Une fonderie à Milan « qui a fait l’objet de l’attention des autorités italiennes », explique le procureur de la République de Marseille, qui souligne « l’excellente coopération policière entre la section de recherche et la Guardia des finances, mais également des autorités judiciaires, avec la mise en œuvre d’une équipe commune d’enquête. »
Ces lingots étaient ensuite réexporté hors de l’Union Européenne, vers le Kosovo puis la Turquie ou vers le sud de l’Espagne.
Des « caches ultra sophistiquées »
L’argent et les lingots étaient déplacés dans des véhicules, grâce à « des caches ultra sophistiquées, en capacité même de déjouer des contrôles douaniers ». Un mécanisme « particulièrement ingénieux », dévoile Nicolas Bessonne. Il fallait actionner plusieurs commandes du véhicule pour accéder à des caches qui étaient « même pour un douanier aguerri quasiment introuvable ». Cet argent servait à acheter des lingots d’or, en Italie.
Des personnes « très prudentes et d’une certaine expérience »
Les transporteurs de l’argent numéraire étaient composés d’équipe mixtes : trois femmes et quatre hommes. « Les femmes avaient un rôle important puisqu’elle ne se contentait pas d’être passagère du véhicule. Il leur est arrivé régulièrement de préparer la logistique, les locations de l’hôtel », détaille le procureur.
Ce réseau était organisé autour de « personnes très prudentes, des personnes d’une certaine expérience, d’un certain âge par rapport à notre narcotrafic habituel », explique Nicolas Bessonne.
Une opération franco-italienne
Nicolas Bessonne insiste : « Il faut que dans l’Union européenne, on soit aussi efficace dans la coopération. »
C’est en effet la bonne coopération entre autorités françaises et italiennes qui semble avoir permis cette enquête rapide de 8 mois. « Les enquêteurs, les unités qui sont saisies des deux côtés des Alpes font partie de la même unité. On a échangé directement tout élément de preuve qui est dans un dossier ou dans l’autre », détaille le colonel Olivier Leblanc, chef de la section de recherche de Marseille.
Plusieurs vagues d’arrestations
Une première série d’arrestations a d’abord début septembre, « suite à la détection d’un convoi entre l’Italie et l’Espagne », a débouché sur sept mises en examen, quatre hommes et trois femmes, et la saisie de 55 kilos d’or 24 carats en lingots de 1 kilo et plus de 2,4 millions d’euros en espèces, soit une valeur totale de quelque 8 millions d’euros.

