Volkswagen, « das » grosse crise
Gérer une crise, ce n’est déjà pas si simple. La gérer quand on a 90 ans, qu’on est un totem dans son pays et qu’on a passé toute sa vie à chercher à éviter les problèmes, c’est encore un autre niveau. Bienvenue chez Volkswagen.
Née au mauvais endroit et au mauvais moment (en Allemagne juste avant la Seconde Guerre mondiale), Volkswagen a traversé plusieurs tempêtes au cours de son histoire, y compris le pire scandale de toute l’industrie automobile, en 2015.
A chaque fois, la marque a su se réinventer, grossir, tout en s’imposant comme l’entreprise-totem qui protège ses salariés et évite à tout prix la casse sociale.
Mais la crise qui la touche actuellement est d’une toute autre ampleur : fermetures de sites, suppressions de postes… l’heure est grave à Wolfsburg, en Basse-Saxe, le berceau historique du groupe.
Sur le toit du monde avant la chute
Pour comprendre comment le groupe a pu en arriver là, il faut se pencher sur tout ce qui lui a permis de grandir jusque-là : l’incroyable succès de la Coccinelle, dans l’après-guerre, puis du Combi, notamment à l’export, l’implantation en Chine, ce marché gigantesque qui l’a sauvé pendant des années, masquant les pertes de compétitivité en Allemagne, et enfin la course au volume dans les années 2000.
Arrivée enfin sur le toit du monde en 2015 (en septembre 2015, Volkswagen double Toyota), l’entreprise n’a même pas le temps de cligner des phares que le scandale du Dieselgate la frappe de plein fouet. Il lui faudra des années (et 32 milliards de dollars) pour le digérer.
Enfin revenue sur le devant de la scène, c’est pour mieux contempler, en 2024, son monde qui s’effondre : les exportations vers la Chine ne sont plus assurées, le retard pris dans l’électrique est difficile à rattraper, enfin la guerre en Ukraine a sonné la fin des ressources énergétiques bon marché venues de Russie.
Raphaëlle Lauren