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mardi 08 Août, 2023
Catégorie : Actu flash

Les premiers signaux fragiles de la réindustrialisation 

En France, les premiers signaux fragiles de la réindustrialisation 

Le mouvement de réindustrialisation de la France est engagé. Des premiers fruits apparaissent sur le terrain, pas encore au niveau de la production. Le calibrage des mesures à venir sera décisif.

L'industrie manufacturière en France est tombée de 15 % du PIB en 2000 à 9 % en 2022.
L’industrie manufacturière en France est tombée de 15 % du PIB en 2000 à 9 % en 2022. (Francois Henry/REA)

Par Nathalie Silbert  – LES ECHOS.

Publié le 7 août 2023 à 16:47Mis à jour le 8 août 2023 à 9:01

L’exécutif le répète à l’envi depuis plusieurs mois : « la réindustrialisation est la mère des batailles ». La crise liée à l’épidémie de Covid puis la guerre en Ukraine ont mis en lumière la dépendance de la France vis-à-vis de l’étranger dans de nombreux secteurs. La nécessité de retrouver une souveraineté industrielle s’est imposée, et devrait continuer de figurer en bonne place sur l’agenda politique de la rentrée. Une revanche sur l’histoire et sur un capitalisme plus volontiers tourné vers la finance et les services depuis les années 1990.

Les plans France Relance (30 milliards d’euros pour l’industrie), puis France 2030 pour développer des filières d’avenir ont été lancés. L’adoption du projet de loi Industrie verte, en première lecture, par les députés le 21 juillet a continué dans cette voie. Ce texte – qui doit faciliter l’ouverture d’usines sur le territoire – sera de nouveau débattu à l’automne. Il complétera la politique en faveur de la compétitivité menée depuis 2013, avec le CICE, puis renforcée à partir de 2017 avec la baisse de la fiscalité des entreprises et les réformes du marché du travail.

« Gigafactories »

Déjà, des signes de réindustrialisation apparaissent. La France qui perdait des usines en a gagné 280 depuis 2017. L’an dernier, les investissements étrangers dans l’industrie ont représenté 43 % des projets accueillis, selon EY . L’Hexagone attire désormais des « gigafactories ». Certains fabricants relocalisent pour mieux contrôler leurs chaînes de production. Grâce à tous ces mouvements, l’emploi industriel augmente de nouveau.

Mais ce dynamisme n’est pas encore visible au niveau de la production. L’industrie manufacturière en France est ainsi tombée de 15 % du PIB en 2000 à 9 % en 2022 alors qu’elle représente en moyenne 15 % du PIB dans la zone euro et 18 % en Allemagne. En mai, l’indice de la production était à peine supérieur à celui de 2016-2017.

L’ambition gouvernementale de remonter la part de l’industrie (énergie comprise) de 10 % du PIB à 15 % laisse certains experts dubitatifs. « Ce n’est pas le meilleur moment. L’énergie coûte plus cher, la hausse des taux d’intérêt rend l’investissement plus difficile », objecte l’un d’eux.

Au-delà, la mise en musique interroge elle aussi. « La doctrine sur l’industrie a changé. Mais on ne va pas jusqu’au bout de la logique. Ce que l’on fait permettra de gagner 1 point de PIB dans l’industrie, guère plus », regrette Christian Saint-Etienne, membre du Cercle des économistes et professeur au Cnam.

Pas d’avantages sur la concurrence

La France a certes commencé à lever des freins. Mais selon lui, les actions engagées – la baisse des impôts de production ou les efforts dans la R&D par exemple – ont surtout visé à réduire l’écart pour se mettre au niveau de la concurrence. « Cela ne lui a pas donné un avantage sur les autres », dit-il.

Depuis le conflit en Ukraine, les pays mènent une guerre âpre pour attirer les usines chez eux. L’écart de compétitivité s’est creusé avec les Etats-Unis qui ont une énergie moins chère et un programme de subventions massives – l’Inflation Reduction Act (IRA) – pour séduire les investisseurs. La Chine livre elle aussi une bataille sans merci notamment au travers de l’accès aux métaux critiques.

Enfin, dans la zone euro, « la France a moins de marge de manoeuvre budgétaire que l’Allemagne », mais « est mieux placée que l’Italie ou l’Espagne », observe dans une interview aux « Echos » Thomas Grjebine , économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).

« Il faudra du temps pour voir si les efforts de réindustrialisation portent leurs fruits. Mais la France peut récupérer des parts de marché au niveau européen », assure Pierre Benadjaoud, économiste France au Crédit Agricole et auteur d’une étude sur le sujet.

Emplois vacants multipliés par trois

L’exécutif s’efforce de remédier aux faiblesses du pays : la complexité des procédures, le manque de foncier pour accueillir des grands sites. Sur ce sujet, le calibrage des mesures sera décisif. Le rapport remis, fin juillet, par le préfet Rollon Mouchel-Blaisot au gouvernement est formel : « Il faut changer d’échelle et de manière de faire. » « Si on veut regagner 5 points de PIB dans l’industrie, il faut trouver 25.000 hectares de friches et doubler la production électrique », tranche Christian Saint-Etienne. Un certain nombre de points restent toutefois en suspens. En particulier, le financement.

Autre sujet majeur : l’acceptabilité des usines. Confrontée à l’hostilité des opposants écologistes, la société Le Duff, propriétaire de la Brioche Dorée, a renoncé à construire un site de production en Ille-et-Vilaine et vise les Etats-Unis. Tout un symbole !

Autre facette de ce désamour pour l’industrie, la pénurie des compétences. La moitié des personnes formées à ses métiers n’y travaille pas, selon La Fabrique de l’Industrie, qui souligne que le nombre d’emplois industriels vacants a été multiplié par trois entre 2017 et 2022. La bataille culturelle pour la réindustrialisation n’est pas encore « totalement gagnée », a d’ailleurs reconnu Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance le 5 août sur France Inter.

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1 commentaire pour : "Les premiers signaux fragiles de la réindustrialisation "

  1. Des résultats tangibles en matière de réindustrialisation sont aussi constatés désormais :

    l’Hexagone voit davantage d’usines se créer que se fermer,

    les créations nettes d’emplois dans l’industrie sont positives (encore +6.000 au deuxième trimestre dans un contexte de ralentissement),

    à l’instar des bilans d’attractivité du territoire pour l’investissement international.

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