D’une part, MBF Aluminium n’a pas obtenu à ce stade de son client Renault le « respect de ses engagements » sur des volumes de commandes pour fournir des véhicules hybrides. Or, « ces engagements ont déclenché 14 millions d’euros d’investissements » depuis quatre ans, a rappelé la dirigeante. Et d’autre part, l’Etat réclame à MBF Aluminium le versement de 6 millions d’euros pour la régularisation de son passif fiscal et social induit par ces investissements.
La manifestation dans les rues de Saint-Claude visait dès lors à « alerter » sur la situation de l’entreprise et à « demander le soutien de l’Etat et de Renault », a poursuivi Mme Munarolo. Une réduction de moitié de l’effectif, actuellement de 300 personnes dont 260 permanents, est préconisée par l’étude du cabinet Roland Berger sur la fonderie automobile française, rendue début 2020. Mais « passer sous les 150 salariés, ce serait signer l’arrêt de mort » de MBF Aluminium, a commenté Mme Munarolo. Selon elle, l’entreprise est viable car elle a entamé son virage vers l’hybride et l’électrique à partir des moteurs thermiques, le traditionnel débouché de ses productions, des carters de moteurs et des éléments de boîtes de vitesse.
Principal employeur privé du Haut-Jura, MBF Aluminium est détenu par le groupe britannique CMV et un entrepreneur italien. Il avait connu deux dépôts de bilan en 2007, lorsqu’il comptait encore 430 salariés, puis en 2012. Premier syndicat du site, la CGT s’est jointe à la manifestation de jeudi, dont elle confirme « ne pas être à l’origine ». « C’est la direction qui a créé les conditions pour que le rassemblement soit possible », a exposé à l’AFP Nail Yalcin, délégué CGT. Selon lui, les raisons invoquées par la direction sur les difficultés sont fondées, mais « il y en a d’autres : la gestion de l’entreprise et les choix stratégiques du passé ». Et MBF Aluminium court aujourd’hui « le risque d’être placé en redressement judiciaire ».