Cela suppose de trouver d’autres marchés ?
« Il faudra aller ailleurs. Le marché européen n’est pas florissant. Le parc ferroviaire roulant est vieillissant mais pas entretenu suffisamment pour faire vivre une usine comme celle-là. La solution se trouve dans les pays émergents, avec deux marchés : celui du fret ferroviaire, et celui des équipements de pièces pour les mines, qui sont en plein boum dans ces pays. En Afrique par exemple, il y a beaucoup de remises à niveau d’activités minières qui nécessitent des pièces de fonderie pour du ferroviaire de mine, mais aussi pour des équipements. »
À quelle hauteur se chiffre l’investissement ?
« C’est paradoxal. Dans l’usine, il y a des machines qui ne sont pas mal, mais le problème, c’est qu’elles ne sont pas terminées ou que leur environnement n’est pas propice à leur exploitation. Par exemple, il y a des fours à 250 mètres de l’endroit où l’on exploite la fusion, mais entre les deux, il y a un sol défoncé. On ne peut pas transporter le métal en fusion sans faire de travaux importants pour rendre le trajet sécurisé. Il y a de gros problèmes de sécurité qui vont nécessiter des travaux de génie civil, mais aussi des travaux sur les équipements. Les deux fours par exemple. Ils sont flambant neufs. Tellement neufs, qu’ils ne sont pas terminés, il manque plusieurs pièces, des branchements de gaz. Rien que pour ça, il faudra investir 985 000 € avant qu’ils ne redémarrent. Nous allons investir 9 millions en 24 mois. »
Une somme plus importante que celle imaginée au départ ?
« Il faut financer le redémarrage, l’embauche, acheter le matériel, les matières premières avant de pouvoir produire et vendre. Pour financer le cycle d’exploitation, nous avons besoin de fonds de roulement. Ce qui est frustrant dans cette situation, c’est que nous sommes obligés de prendre un gros risque financier avant de pouvoir livrer la moindre pièce. En gros, il n’y aura pas de livraison avant, au mieux, octobre 2016. »
La masse salariale sera-t-elle la même ?
« Non, pour l’instant, il s’agit d’un programme qui repose sur un rachat d’actifs, on ne peut pas prendre de salariés avant d’avoir fait les investissements. En parallèle, le département recherches et développement va travailler sur les nouveaux modèles. La reprise de production interviendra en octobre 2016, avec des premières embauches à l’été 2016. Avec, en rythme de démarrage, une soixantaine de salariés, et j’espère qu’après on montra rapidement. Nous voulons redémarrer avec quelque chose de certain, non pas en essayant de tout faire, mais en trouvant des marchés à forte valeur ajoutée. Si c’est pour faire de la fonderie de quartier, on ne va pas y arriver. »
Le nom reste important ?
« Sambre et Meuse est l’une des seules sociétés mondiales capables de créer des boggies avec des essieux qui puissent varier dans leur écartement. Il va falloir travailler rapidement. Sambre et Meuse a un savoir-faire, c’est une marque, les clients ont envie de l’acheter, mais en même temps, des pièces qui seront assemblées à Feignies vont être achetées ailleurs, car ça n’a pas de sens de les fabriquer ici. »
Qui est Alandia?
Créée en 2010, par des grandes familles d’entrepreneurs, Alandia est une holding industrielle qui a vocation à racheter des entreprises en situations difficiles. « Nous n’avons pas de secteur d’activité attitré, explique le président d’Alandia, Nicolas de Germay. Nous sommes capables de nous intéresser à tous les dossiers, dans des secteurs que nous pouvons comprendre. »
Auparavant à la tête d’une entreprise de panneaux de signalisation, le groupe a investi depuis 2012 dans trois entreprises : Lansay (novembre 2012), fabricant et distributeur de jouets ; AG2L (avril 2013), éditeur de logiciels de gestion du temps en entreprise ; et Continental nutrition (mars 2014), installée à Boulogne, leader français d’aliments pour chiens et chats. C. DY.
Une offre de dernière minute
Ce vendredi, le tribunal de commerce de Valenciennes devait se prononcer sur le sort de l’usine en ordonnant soit la vente aux enchères de cette dernière, soit en se laissant la possibilité d’étudier les deux offres déposées (celle d’Alandia et de Titagarh Wagons AFR).
Mais vendredi matin, ce dernier repreneur potentiel, représenté par Pascal Varin (directeur nordiste), a déposé une nouvelle offre, de dernière minute. Le tribunal de commerce a donc repoussé son audience d’une semaine, afin d’étudier les nouveaux éléments.
Selon nos informations, la première offre de Titagarh Wagons AFR reposait essentiellement sur la participation des collectivités locales et régionales dans la reprise. Laquelle chiffrait à une vingtaine de personnes le nombre de salariés embauchés. La nouvelle offre n’est pour l’heure pas connue. Nous y reviendrons.