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Par : piwi
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mardi 16 Jan, 2024
Catégorie : Actualité Emploi

Voiture électrique : le grand blues des garagistes 

LES ECHOS – extraits L’objectif d’aller vers un parc automobile 100 % électrique à horizon 2050 va considérablement transformer le métier des garages automobiles. Si le coeur n’y est pas toujours, les ateliers se forment et s’adaptent à la nouvelle donne.

L'objectif politique d'aller vers un parc automobile 100 % électrique à horizon 2050 va considérablement transformer le métier de garagiste. Tant au niveau de l'emploi que des prestations fournies ou des investissements à réaliser.
L’objectif politique d’aller vers un parc automobile 100 % électrique à horizon 2050 va considérablement transformer le métier de garagiste. Tant au niveau de l’emploi que des prestations fournies ou des investissements à réaliser. (Edouard Roussel / Photopqr / Journal Saone Et Loire / MaxPPP)

Par Enrique Moreira

« De toute façon, ce choix technologique est avant tout un choix politique. » Benoît Davy ,ce formateur du GNFA, l’organisme de formation spécialisé dans les services de l’automobile, connaît la rengaine. Les garagistes qui viennent se former à l’entretien des véhicules électriques ne veulent pas entendre parler de voiture à batterie. Du moins pas au départ.

Une façon plus ou moins subtile de faire comprendre à ses élèves qu’ils n’échapperont pas à l’électrification du parc automobile. Qu’ils travaillent dans un garage indépendant, dans un réseau multimarques ou pour un concessionnaire, leur métier est appelé à se transformer considérablement.

Rapidement, les stagiaires venus obtenir une habilitation leur permettant d’opérer sur des véhicules à batterie admettent qu’ils « n’ont pas le choix ».  Car la falaise du tout électrique pointe à l’horizon et avec elle une nette diminution des emplois dans le secteur.

Postes en moins

Entre 1.500 et 3.000 postes par an devraient être perdus d’ici à 2035.

Et pour cause, les voitures électriques nécessitent moins d’heures d’entretien – exit la vidange, les changements de plaquettes de frein ou autre joints de culasse… -, et le volume d’activité des garages devrait drastiquement diminuer à mesure que le parc va se transformer. Plus d’un million de voitures 100 % électriques roulent déjà sur les routes françaises .

157.000 personnes travaillaient dans l’entretien-réparation de véhicules en France en 2022,

« La situation ne sera pas vécue de la même manière par les concessionnaires de grandes marques, les réseaux multimarques ou les garagistes de quartiers ».

Ces pertes seront amorties par des départs à la retraite non remplacés.

A court terme, les concessionnaires adossés à des constructeurs seront les plus affectés par ces diminutions d’emplois. Les véhicules électriques neufs étant généralement vendus avec des packs entretiens, leur volume d’activité devrait rapidement diminuer.

« Ces pertes seront cependant amorties par des départs à la retraite non remplacés, entrevoit Jocelyn Gombault. Aujourd’hui on est plutôt autour de 1.800 postes en moins par an pour 2.000 départs. »

«La problématique actuelle des garagistes de quartier, c'est de maîtriser le flux des diesels», constate Jocelyn Gombault, chargé de projet à l'Anfa.

«La problématique actuelle des garagistes de quartier, c’est de maîtriser le flux des diesels», constate Jocelyn Gombault, chargé de projet à l’Anfa.Pierre Merimee / REA

A contrario, les garagistes de quartier n’ont pas trop de soucis à se faire dans l’immédiat. Les mécaniciens réparateurs profitent de l’allongement de la durée de vie des véhicules thermiques. On enregistre encore 700.000 changements de courroie de distribution réalisés , contre 200.000 par des concessionnaires de grandes marques.

Les petits garages comme les réseaux multimarques spécialisés dans l’entretien des véhicules (Midas, Speedy, Norauto…) ont cependant des raisons de s’inquiéter. « Le chiffre d’affaires de l’après-vente automobile va se contracter de près de 47 milliards d’euros en 2019 à 42 milliards en 2036 », note Xerfi, sous l’effet de la baisse du volume d’activité.

Un métier différent

« Il y a moins d’entretien à réaliser sur les véhicules électriques. Mais pas forcément moins de maintenance »,. Pour lui, il y aura toujours du travail dans les ateliers, ne serait-ce que sur les trains roulants, le système de chauffage ou encore la connectivité.

« Un jeune qui entre aujourd’hui en formation automobile par passion pour les moteurs thermiques doit bien comprendre qu’il n’aura que 40 ans en 2050 », quand tout le parc automobile doit passer à l’électrique.

Le besoin se fait déjà sentir chez les concessionnaires adossés à des grandes marques. « Parfois, les clients arrivent et en savent plus que nous sur leur véhicule électrique », déplore Nicolas, technicien pour une grande marque japonaise.

Formations spécifiques

L’organisme qui forme 40.000 personnes par an, a vu croître fortement les demandes de formation spécifique à l’électrique ces trois dernières années. Les concessionnaires en tête.

Mais les réseaux multimarques et certains garagistes de quartier commencent aussi à se pencher sérieusement sur la question. Chez Norauto France (groupe Mobivia), par exemple, on revendique « 100 % de collaborateurs déjà formés au niveau averti ».

 Changé de stratégie de recrutement pour s’adapter à la révolution électrique. « Avant je prenais toujours deux apprentis tous les ans, maintenant je préfère recruter une personne plus âgée pour la former aux nouveaux usages ».

Des investissements conséquents

Ouvrir dans son garage un pont dédié à l’électrique n’est toutefois pas donné à tous les garagistes. D’abord, il faut de la place ; ces véhicules doivent être traités dans un espace spécifique de l’atelier. Ensuite, il faut des équipements adéquats, comme des gants et des outils isolants, des valises de diagnostics, etc.

Pour pouvoir réaliser l'entretien des voitures électriques, les garagistes doivent investir notamment dans des équipements adéquats, comme des gants et des outils isolants, des valises de diagnostics, etc.

Pour pouvoir réaliser l’entretien des voitures électriques, les garagistes doivent investir notamment dans des équipements adéquats, comme des gants et des outils isolants, des valises de diagnostics, etc.iStock

« C’est un investissement de 50.000 euros minimum ». A cela, vient s’ajouter le coût de la formation, les abonnements aux logiciels pour la maintenance des équipements, ou encore l’installation de bornes de recharge

« Beaucoup de garagistes de bourg vont simplement attendre la retraite et vendre », reconnaît Pascal Brethomé. D’autres vont investir et se transformer. « C’est un défi mais, dans l’ensemble, les garages se sont toujours adaptés », estime ce professionnel.

Dans les réseaux de concessionnaires, les investissements ne bénéficient pas nécessairement à tous les garages. Nicolas et Julien en témoignent : « Les gros ateliers ont tous les outils et les petits garages éloignés doivent leur emprunter. »

Pour l’heure, la formation continue au GNFA. Puissance, tension, résistance, capacité… on dirait plus un cours de technologie sur l’électricité que de mécanique. De mécanicien à électrotechnicien, il n’y a pas que les moteurs qui sont en train de changer avec les véhicules électriques.

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