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Par : piwi
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vendredi 22 Déc, 2023
Catégorie : Economie

US Steel sous le pavillon japonais Nippon Steel

La Maison-Blanche inquiète de voir passer l’emblématique US Steel sous pavillon japonais 

Le sidérurgiste centenaire a donné son accord au rachat par son rival Nippon Steel. En campagne électorale, le président Biden estime qu’une enquête de sécurité nationale est nécessaire avant d’autoriser la transaction, même si le Japon est un proche allié.

L'usine Edgar Thomson du groupe américain US Steel, à Braddock.
L’usine Edgar Thomson du groupe américain US Steel, à Braddock. (Gene J. Puskar/AP/SIPA)

Par Solveig Godeluck     LES ECHOS –

En campagne électorale, il n’y a plus vraiment de pays allié, il n’y a que des électeurs à rassurer. Jeudi soir, le président Biden en a fait la preuve s’agissant de l’offre d’achat amicale à 14,1 milliards de dollars de Nippon Steel sur le groupe américain centenaire US Steel, que les conseils d’administration des deux groupes rivaux ont déjà validée et qui a été annoncée lundi.

Le président « croit que l’achat de ce groupe américain iconique par une entité étrangère, même issue d’un pays allié proche, paraît mériter un examen sérieux en termes d’impact potentiel sur la sécurité nationale et la fiabilité des chaînes d’approvisionnement », a déclaré la conseillère économique de la Maison-Blanche Lael Brainard, citée dans un communiqué publié en fin d’après-midi.

Cette transaction devrait donc faire l’objet d’une « enquête soigneuse » du comité sur l’investissement étranger CFIUS, a-t-elle ajouté. US Steel « faisait pleinement partie de notre arsenal de la démocratie durant la Seconde Guerre mondiale et reste un composant clé de notre production nationale d’acier », explique l’économiste. De plus, « l’acier est un pilier de l’industrie américaine, de l’infrastructure aux voitures en passant par notre futur dans les énergies propres ».

Une réindustrialisation aux accents protectionnistes

Joe Biden est le premier président des Etats-Unis à s’être rendu sur un piquet de grève pour apporter son soutien aux ouvriers de Detroit et à leur syndicat UAW, cet automne. Il est sensible aux protestations des métallurgistes de l’USW, qui ne veulent pas de cette fusion. Le syndicat des travailleurs de US Steel aurait préféré l’offre deux fois moins élevée présentée par le groupe américain Cleveland-Cliffs.

Joe Biden, candidat à sa réélection en novembre 2024 , compte sur l’électorat ouvrier et les classes moyennes. C’est d’ailleurs pour ce vote populaire qu’il a lancé une politique de réindustrialisation aux accents protectionnistes, dans les puces, les infrastructures, les industries vertes.

Mais ces lois instaurant une préférence pour le « made in America » sont justement ce qui pousse un industriel japonais à acheter des usines sur place. Nippon Steel veut profiter de la manne des subventions, et ne pas se voir barrer l’accès aux commandes publiques.

Relever les taxes sur les véhicules chinois

Pour Joe Biden, c’est un peu la quadrature du cercle. Il ne peut pas rester indifférent aux protestations de l’USW et de certains élus démocrates. Mais il doit ménager ses alliés. Ses lois protectionnistes visent juste à « protéger les industriels américains de l’acier contre les pratiques déloyales et faussant le marché de la Chine et d’autres pays », dixit Lael Brainard.

Au fil de la campagne électorale, Joe Biden risque d’être encore plus agressif sur la sécurité nationale et la menace chinoise. Le « Wall Street Journal » a révélé jeudi que l’administration présidentielle envisageait de relever les taxes douanières sur les véhicules électriques chinois.

Le président démocrate a conservé les taxes instaurées par son prédécesseur Donald Trump sur 300 milliards de dollars de biens chinois. Cela inclut une taxe de 25 % sur les véhicules chinois, qui a plutôt bien protégé le marché américain, mais qui ne leur barre pas la route car ils attaquent le marché à des prix très bas. De plus, la Chine est encore un important fournisseur de batteries pour les constructeurs américains, qui risquent d’avoir du mal à se passer de ces partenaires bien plus avancés.

Solveig Godeluck (Bureau de New York)

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