Perrette, sur sa tête ayant un Pot au lait
Prétendait (1) arriver sans encombre à la ville.
Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;
Ayant mis ce jour-là pour être plus agile
Cotillon (2) simple, et souliers plats.
Notre Laitière ainsi troussée
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le prix de son lait, en employait l’argent,
Achetait un cent d’ œufs, faisait triple couvée ;
La chose allait à bien par son soin diligent.(3)
Il m’est, disait-elle, facile
D’élever des poulets autour de ma maison :
Le Renard sera bien habile,
S’il ne m’en laisse assez pour avoir un cochon.
Le porc à s’engraisser coûtera peu de son ;
Il était quand je l’eus de grosseur raisonnable ;
J’aurai le revendant de l’argent bel et bon ;
Et qui m’empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il (4) est, une vache et son veau,
Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?
Perrette là-dessus saute aussi, transportée.
Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ;
La Dame de ces biens, quittant d’un oeil marri
Sa fortune ainsi répandue,
Va s’excuser à son mari
En grand danger d’être battue.
Le récit en farce (5) en fut fait ;
On l’ appela le Pot au lait.
Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Picrochole, Pyrrhus (6), la Laitière, enfin tous,
Autant les sages que les fous ?
Chacun songe en veillant, il n’est rien de plus doux :
Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :
Tout le bien du monde est à nous,
Tous les honneurs, toutes les femmes.
Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;
Je m écarte (7), je vais détrôner le Sophi (8) ;
On m’élit Roi, mon peuple m’aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je suis gros Jean (9) comme devant.
Il ne faut donc pas sauter de joie avant de réaliser nos projets de vie après le (dé)confinement.
Pierre Rabbi nous demande déjà de penser à ce qu’individuellement, personnellement nous allons décider et faire.
Je vous propose à la réflexion de passer déjà une heure à écouter JM Jancovici dans sa conférence à l’ Essec.
Bien vu ton commentaire invitation à réfléchir sans précipitation pour l’après et je m’en vais de ce pas avec une oreille attentive écouter JM JANCOVICI 🙂
Merci d’être aussi présent avec ton blog, trait d’union entre beaucoup (je me répète je l’avais déjà dit).
Je viens de découvrir cette belle image avec ce beau texte classique. J’ai une question : connaissez vous l’auteur de la statue : artiste , fondeur.
D’avance merci
Christophe