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Par : piwi
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mercredi 14 Déc, 2016
Catégorie : Economie

Renault a bouclé les discussions sur un nouvel accord social en France

Mardi soir, syndicats et direction du groupe au Losange ont bouclé la dernière réunion de leur négociation entamée en septembre. Elle vise à définir l’activité des 35.000 salariés (hors réseau et banque) présents en France.

Le contenu est bien moins radical que le premier accord du genre, signé en 2013 en pleine crise européenne. A l’époque, Renault avait négocié un plan de départs volontaires – 8.260 salariés -, une augmentation du temps de travail à 35 heures, et un gel des salaires. En contrepartie, la direction s’engageait à ne pas fermer d’usines et augmenter la charge des usines à 710.000 véhicules en 2017 – objectif qui sera dépassé dès cette année.

Plutôt qu’un nouveau traitement de cheval, le texte, négocié alors que Renault dégage les meilleures marges de son histoire, vise à poursuivre les efforts engagés. Il introduit une plus grande flexibilité dans les usines, mais qui restera soigneusement encadrée. Si le volontariat le samedi ne suffit pas, le texte prévoit la mise en place pour la première fois de l’ « overtime » ou « débordement » déjà en place chez Toyota (lire ci-dessous) ou PSA. Le tout afin de pouvoir rallonger la journée de travail d’une heure par jour – payée en heure supplémentaire. Un dispositif obligatoire qui ne pourra être activé qu’avec un délai de quinze jours, avec un maximum de huit séances par mois et cinquante par an.

Renault : un accord de compétitivité soutenu par les syndicats

A contrario, en cas de baisse de l’activité, des journées de congé seront prélevées sur un compte dédié, permettant aux salariés d’être payés 100 % de leur rémunération. Ils devront ensuite « redonner » leur journée à leur employeur, via une journée de travail. L’objectif est de s’adapter plus rapidement et sans coûts prohibitifs aux changements de cycles.

Du côté de l’activité non plus, l’heure n’est pas aux effets d’annonces. Le groupe s’engage à produire un volume annuel moyen au moins équivalent à 2016, à conditions de marché identiques, et promet d’attribuer un nouveau modèle par site, dont une nouvelle plate-forme pour les sites de Flins (Yvelines) et de Maubeuge (Nord). Les sites de Ruitz (Pas-de-Calais) – qui selon nos informations se verra attribuer les futures boîtes de vitesses des voitures hybrides rechargeables de Renault – et de Villeurbanne (Rhône) sont de leur côté confortés.

C’est surtout sur l’efficacité opérationnelle que seront portés les efforts. Alors que la montée en charge des usines issue du premier accord avait donné lieu à d’importants problèmes qualité – près de 90.000 rappels en 2016 en France – le groupe entend réduire de 50 % le nombre d’intérimaires (plus de 8.000 aujourd’hui). Dans le même temps, le groupe va embaucher 3.600 salariés sur la durée contre 3.000 dans le précédent accord.

Pour accompagner le mouvement, la direction promet une modernisation des installations – 500 millions d’euros sur trois ans, et 220 millions dans la formation. Et assure qu’en 2019 chacun de ses salariés produira en moyenne 90 véhicules à l’année. « Renault sera dans les meilleurs de la classe » juge Deutsche Bank, qui estime que, mis bout à bout, l’ensemble des mesures peuvent dégager des économies de 300 millions d’euros sur trois ans. Pas négligeable…

Au final, c’est davantage une amélioration en continu que propose Renault. Reste à savoir la position des syndicats, qui sera connue d’ici mi-janvier. La CGT, qui dénonce la baisse des effectifs et la flexibilité toujours accrue dans les usines, ne devrait pas signer. Du côté de la CFDT, CFE CGC et de FO, l’heure est aux discussions dans les équipes. « C’est la première fois que je négocie un accord en période favorable pour l’entreprise et que l’on ressort sans acquis social nouveau. C’est révélateur de l’évolution du climat », juge un négociateur. Certains se demanderont ce que gagnent concrètement les salariés. D’autres loueront une forme de pragmatisme réformateur assez nouveau.

Maxime Amiot

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