D’abord, les fondeurs doivent pouvoir mieux anticiper les nouveaux besoins par une vision élargie de ces mutations qui sont en marche : allègement, matériaux intelligents, produits interactifs, chaîne numérique intégrée en production, fabrications additives, autant de nouveaux besoins et de solutions innovantes associées, que les fonderies françaises doivent intégrer dès aujourd’hui dans leurs solutions de demain. Opportunités ou menaces, ces mutations induiront inévitablement des changements et ruptures dans nos métiers.
On parle beaucoup de l’« usine du futur ». C’est aussi un défi pour les fondeurs ?
C’est même peut-être l’un des plus grands défis en fonderie ! Au delà du terme à la mode, « l’usine du futur » a tout son sens en fonderie : souvent résumée à une industrie capitalistique reposant sur des moyens lourds difficiles à révolutionner et moderniser, la fonderie doit (et peut) aussi être compétitive et réactive. Elle doit pour cela intégrer de nouvelles solutions (évolution des interfaces homme-machine, déploiement de la chaine numérique, nouvelles technologies de fabrication …), tant pour améliorer ses performances que pour faire évoluer son image et attirer par ses innovations et par sa modernité.
Comment la fonderie peut-elle réussir à changer son image ?
Pour répondre aux besoins du marché, la palette des solutions est de plus en plus large, et de nouveaux procédés, matériaux ou conceptions apparaissent. Il faut donc que la fonderie soit toujours plus agile et réactive face à ces nouvelles concurrences (ou opportunités !). Pour mieux anticiper les besoins, il ne s’agit plus seulement d’être « fondeur de métier » mais de savoir aussi se positionner en « développeur de solutions ». Le défi de l’innovation peut notamment passer par l’ouverture à d’autres métiers, pour se donner les moyens de proposer des solutions vraiment compétitives et différenciantes.
Les fondeurs sont-ils menacés aujourd’hui par l’innovation et la mondialisation ?
Oui, ils le sont s’ils n’attrapent pas le train en route ! Tout va beaucoup plus vite et cela se passe effectivement au niveau mondial. Le marché est mondial, la concurrence aussi. Les fondeurs doivent donc être au fait des stratégies d’innovation et de R&D nationales et internationales, et sur ce plan nous avons au CTIF notre rôle à jouer. Il y a les grands programmes comme les 34 plans en France, ou Horizon 20/ 20 en Europe. Les enjeux abordés par ces programmes peuvent paraître lointains pour la fonderie, mais ils constituent les défis des marchés de demain : nouvelles énergies, primauté industrielle, vieillissement de la population … il est essentiel que des solutions de fonderie soient proposées et développées dès aujourd’hui au sein de ces programmes pour répondre à ces défis.
Quelles réponses concrètes le CTIF peut-il apporter aux fondeurs ?
Au delà de l’apport de compétences, le CTIF doit être le partenaire des fondeurs pour les accompagner dans le développement et la mise en œuvre de solutions à ces nouveaux défis. C’était l’un des enjeux des journées des J’Tech 2014 : faire les bons choix d’innovation. Ces journées ont donc été l’occasion d’aborder très concrètement avec les fondeurs les grands enjeux d’innovation et de cibler des thèmes techniques en rupture par rapport aux thèmes habituels: conception hybride, interface homme-machine, économie circulaire, éco-conception … Comment rendre la pièce intelligente ? Comment intégrer les fabrications additives pour développer plus vite ou avec de nouvelles géométries ? A l’issue de ces J’Tech, nous avons proposé aux fondeurs de nouveaux axes de travail qui seront transformés en propositions de projets concrets en 2015 : sur les pièces hybrides, sur les fabrications additives, sur les conceptions allégées etc.
Avez-vous des exemples concrets de projets mis en œuvre avec l’aide du CTIF ?
Oui, on peut citer différents projets récents. Par exemple le projet Ultrasand dédié au développement de nouvelles solutions de régénération des sables de fonderie. Le projet Caraïbe, récemment terminé, consacré à la mise en oeuvre d’un nouvel alliage de magnésium dans la filière aéronautique. Ou encore l’action de veille récemment menée sur les pièces connectées et l’identification de solutions intégrables aux pièces de fonderie pour les rendre communicantes.