Cette année, les entreprises françaises envisagent de recruter près de deux millions d’hommes et de femmes. Ce chiffre publié par Pôle emploi peut paraître incroyablement élevé si l’on oublie que les firmes embauchent des milliers d’hommes et de femmes chaque jour – oui, chaque jour.
Tout comme, chaque jour, des milliers d’hommes et de femmes quittent leur emploi pour une raison ou une autre – fin de contrat, démission, départ en retraite ou, plus rarement, licenciement. L’économie nationale n’est pas une baignoire où rentrent et sortent quelques litres d’eau par an, mais un immense organisme vivant qui respire à grandes goulées. La baisse ou la montée du chômage n’est que le solde de cette respiration.
Aujourd'hui, l'embauche accélère et c'est tant mieux, car elle témoigne d'un raffermissement de l'économie française. Mais elle risque de révéler aussi une faiblesse du pays à la fois majeure et méconnue : une offre de travail inadaptée à la demande. Des foules de recruteurs cherchent désespérément non seulement des spécialistes des mégadonnées et des programmeurs, mais aussi des carrossiers, des aides-soignants, des apprentis de cuisine, des couvreurs.
Des centaines de milliers de chômeurs vont rester sans emploi parce qu’ils n’ont pas les compétences, les savoir-faire, parfois aussi les savoir-être pour prendre les postes disponibles. C’est un formidable gâchis. Il s’agit parfois d’un problème d’image, désamour de l’industrie, ignorance des métiers qui recrutent, inhabilité des petites entreprises à prospecter. Il s’agit aussi souvent d’un problème de compétences. Les moins qualifiés en France sont parmi les moins qualifiés de tous les pays avancés.
L’enjeu se trouve ici tout au long de la filière de la formation, de l’école maternelle jusqu’à la formation permanente. Donner un socle de base au plus grand nombre des enfants, et non plus se contenter d’écrémer ceux que l’on juge les meilleurs sur des critères souvent dépassés. Réhabiliter et développer vraiment l’apprentissage, en lien avec les futurs recruteurs.
Assouplir les cursus universitaires pour ne plus les enfermer dans des formats obsolètes. Transformer enfin en profondeur la formation permanente, comme on en parle depuis des décennies sans jamais le faire, en la proposant d’abord à ceux qui en ont le plus besoin c’est-à-dire ceux qui en savent le moins, en l’adaptant sans cesse à un monde qui ne cesse de changer.
Pour gagner la bataille de l’emploi, pour préparer le pays à l’imprévisible économie de demain, l’école tout au long de la vie sera la mère de tous les succès ou de tous les échecs. Chers candidats, il est encore temps d’en parler.