Tout le monde semble convaincu que quelque chose est en marche. Oui, mais quoi ? A quelques jours de l’ouverture à Paris de la Maker Faire , où vont se côtoyer industriels, militants du libre et bricoleurs du dimanche, on peut naturellement se poser la question, notamment pour les entreprises qui voient germer un consommateur d’un nouveau genre.
Post-capitalisme
Vouloir faire par soi-même, c’est-à-dire « faire sans », voire « faire contre », pointe la grave crise de confiance que traversent les grandes institutions, qu’elles soient publiques ou privées. Après les scandales Spanghero ou Volkswagen, pour ne citer qu’eux, les citoyens doutent et n’hésitent plus à « by-passer » les intermédiaires traditionnels pour reprendre le contrôle d’un monde qui leur échappe. Et dessiner par là même les contours d’une société de pair à pair où les circuits courts veilleront à remettre le bien commun au cœur de celle-ci. Quel que soit le nom qu’on donne à ce mouvement, nous sommes bel et bien entrés dans l’ère du post-capitalisme.
Cette crise de confiance ne concerne pas uniquement les institutions en tant que telles, mais aussi le résultat de leur travail. A l’heure où l’hyperconsommation marque le pas, le consommateur affûte son regard sur ce qu’il met dans son panier. Le mouvement Maker incarne cette volonté de vouloir se réapproprier une culture de la fabrication, du design, perdue au cours du siècle dernier, pour s’opposer aux produits « boîtes noires ». Par plaisir, peut-être, mais aussi pour comprendre les histoires de matières premières, de ressources naturelles, d’hommes et de femmes qui se cachent derrière tous les objets qui les entourent. La lutte contre l’obsolescence programmée, l’avènement de l’ « open source » hardware ou du made in France en sont les manifestations les plus passionnantes.
Du réel dans le virtuel
Enfin, au travers de la réappropriation de la technique par les Makers qui (re)font de leurs mains, c’est aussi la notion de travail qui est questionnée. Alors que depuis près de deux siècles « la tête et la main ont été séparées intellectuellement, mais aussi socialement », comme le souligne Richard Sennett, sociologue et enseignant à la London School of Economics, on peut légitimement s’interroger sur la pertinence de ce système binaire où les industriels semblent au moins autant à court d’inspiration qu’une génération Y en manque de motivation… Il faut redonner du corps, de la matière au travail. Il faut remettre du réel dans le virtuel pour réinventer la relation qui unit une entreprise à ses équipes.
Un programme ambitieux. Trop ? Pas tant que cela car, même s’il est évident qu’il y a plusieurs façons de s’adapter à cette nouvelle donne, être un Maker, c’est avant tout un état d’esprit. Un état d’esprit où l’honnêteté doit être un des ciments du contrat de marque qui rassemble dirigeants, collaborateurs et clients. Un état d’esprit qui doit valoriser la marque de fabrique d’une entreprise beaucoup plus que son image de marque.
Jérôme Ruskin est fondateur et CEO d’Usbek & Rica
Bonjour,
Pour répondre au titre, à l’IUT de Bordeaux, nous n’en sommes pas loin ! ils ne sont pas rares les allez-retours de pièces entre le FabLab de l’IUT et le labo de fonderie du département GMP !
Merci pour ce site super !
Valérie
Bonjour,
Il y a l’electrolab, hackerspace de Nanterre qui aurait une fonderie, je dois passer les voir dans un futur proche.
https://wiki.electrolab.fr/Projets:…
Merci pour d’avoir mis en avant ce superbe article qui résonne beaucoup avec mon projet. Si il y a du monde motivé pour monter une haker-fonderie la fonderie de la côte s’y joindra avec plaisir.