La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mardi 07 Déc, 2021
Catégorie : Economie

Liquidation de la fonderie aveyronnaise Sam : « Cette crise incarne le désastre d’une mutation trop rapide »

MIDI LIBRE

Jean-Louis Chauzy président du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) analyse la crise industrielle traversée par l’Aveyron, incarnée par la liquidation de la Sam, à Viviez.

En février dernier, vous présentiez 2021 comme « l’année de tous les dangers » pour l’industrie aveyronnaise.

L’Aveyron incarne aujourd’hui le désastre de la mutation trop rapide de l’industrie automobile. Depuis février, tout s’est précipité malheureusement. Et dire que Bosch voulait fermer le site de Rodez ! On a tous tremblé pour que cela n’arrive pas et heureusement, le lobbying du gouvernement et de Bruno Le Maire dans ce dossier a permis d’éviter le pire.

On paie aujourd’hui la diabolisation du diesel, accélérée par Ségolène Royal, Anne Hidalgo, Benoît Hamon et les Verts qui, je le rappelle, invitaient à arrêter les moteurs thermiques dès 2025 ! Alors quand je les vois aujourd’hui défiler à Viviez aux côtés des salariés de Sam, c’est indigne…

La crise de Sam n’est pas exclusivement liée au diesel, l’entreprise ayant déjà pris le virage de la transition écologique…

Certes, mais on ne lui a pas laissé le temps de développer cette transition. Et ce désordre a été provoqué avec cette diabolisation des moteurs thermiques. Car il ne faut pas se leurrer : dans 10 ans, il en existera toujours des véhicules diesels et les pièces qui ne seront plus fabriquées à Sam le seront en Roumanie.

« Des conditions inacceptables »
Pour un moteur à énergie classique, il faut sept employés ; pour un véhicule électrique, il en faut un. Je vous laisse faire les calculs, on est en plein dedans avec la crise aveyronnaise. Sans compter qu’aujourd’hui, la France est coupable de 0,9 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, doit-elle pour autant se suicider ?

Dans le dossier Sam, vous êtes l’un des premiers à avoir soutenu Patrick Bellity. Quand on dit que son projet n’était pas pérenne, que répondez-vous ?

Qu’il y a quelques années, tous les préfets, tous les politiques se pressaient à Sam pour se prendre en photo avec cet industriel ! Et là, tout le monde le lâche. Je rappelle que la première offre de CIE Automotive avec la reprise de 150 salariés, l’abandon du 13e mois, des primes, du bureau d’études et autres était tout simplement inacceptable. Pour moi, Patrick Bellity était le plan B.

On lui reproche néanmoins d’être partie d’une feuille blanche financièrement…

Bien entendu qu’il n’est pas millionnaire. Patrick Bellity, on peut en dire ce qu’on veut, mais c’est un patron des fondeurs français, il sait de quoi il parle. L’aide apportée par la Région et l’État (9 millions d’euros) avant la décision du tribunal de commerce, lui aurait permis d’avoir un fonds de roulement suffisant pour développer Sam.

« Macron peut encore faire bouger les choses »
Mais Renault en a décidé autrement et son choix est incendiaire ! Je le dis et le redis : le chef du gouvernement doit trancher et obliger Jean-Dominique Senard (PDG de Renault) à respecter son engagement.

Vous parlez au présent. Pour vous, la partie n’est-elle pas déjà jouée ?

Je ne crois pas aux miracles mais pour moi, Emmanuel Macron peut encore faire bouger les choses. Je me battrai jusqu’au bout pour que vive la Sam, c’est une fonderie exemplaire. Depuis des mois, ils sont parvenus avec les salariés à faire tourner cette usine. L’industrie française a besoin de ce fleuron.

Des responsables politiques, notamment Carole Delga, présidente de la Région, sont déjà dans l’après et indiquent des contacts avec des entreprises.

Des entreprises ont annoncé à la Région qu’elles étaient prêtes à embaucher des salariés de Sam. Je pense au groupe Satys à Toulouse mais aussi, pourquoi pas, à Figeac Aéro où l’activité reprend. Il y a également Airbus qui vient de signer une commande record de 255 avions au salon aéronautique de Dubaï.

Si ce n’est que les salariés de Sam ne cessent de le dire : ils veulent travailler au pays.

Ces débouchés peuvent intéresser des « quadras » par exemple. Mais, je milite effectivement pour qu’en cas de création d’emplois, ce soit dans le bassin de vie de Decazeville. Ce territoire ne peut pas continuer à être abandonné.

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