selon le président de l’UIMM Philippe Darmayan :
qui estime que l’industrie française peut constituer une partie de la réponse à la crise des Gilets jaunes
La 9e édition de la Semaine de l’Industrie a débuté lundi. L’occasion de faire le point sur la situation dans les territoires.
La crise des Gilets jaunes continue. Est-ce qu’elle pèse sur vos entreprises ?
Elle pèse sur nous tous en tant qu’individus. Il y a une forme d’incompréhension de ce qui se passe : aller sur les Champs-Elysées dans des manifestations non planifiées le samedi, ça veut dire favoriser les casseurs. Il y a une demande d’autorité. Mais ceux qui sont le plus touchés restent les commerçants et les services.
Dans l’ Opinion –
J’ai encore en tête le pin’s de Gattaz « Un million d’emplois »…
Piwi : « moi aussi »
Retrouvé ce texte, qui date de 2009, mais n’a pas perdu de son actualité :
« Le lent déclin de la France
Vendredi 17 Avril 2009
1. La crise perpétuelle
La crise récente est née de l’éclatement des bulles financières, de l’immobilier et des produits dérivés. Elle met à mal le système bancaire mondial. La destruction monétaire massive a assommé la demande des ménages, elle a ensuite mis en péril l’industrie par l’augmentation des stocks et la sous-utilisation des outils de fabrication. La production et l’investissement industriel ont capitulé immédiatement. Cela produit la crise que nous constatons.
Les mêmes experts “ex-pairs” qui ont été incapables de prévoir la situation sont chargés de nous prédire la durée du phénomène.
Il apparait à l’évidence que leurs performances passées donnent peu de poids à leurs nouvelles prévisions.
Il est probable qu’ils pêcheront encore par un excès d’optimisme notable. Compte tenu de ces prévisions (Reprise en 2010 ?), il apparaît que nous allons devoir gérer cette situation pendant 2 ou 3 ans.
Les conséquences de cette crise continueront à créer une destruction massive d’emploi avec les drames sociaux collatéraux. Cette situation peut amener une destruction de la cohésion sociale et les troubles insurrectionnels correspondant.
Les causes immédiates de la crise ont été largement analysées et commentées. Par contre les causes plus profondes semblent peu commentées. Pourtant les bases de notre économie sont rongées par un cancer latent depuis le milieu des années 1970.
2. Désindustrialisation rampante
Le besoin de compétitivité des entreprises les poussent à la recherche d’une main d’œuvre toujours moins onéreuse. L’existence de zones économiquement moins favorisées leur fournit la possibilité de trouver des solutions. Elles délocalisent leurs productions dans ces zones, appauvrissant les pays industriels, faisant exploser les dépenses d’indemnisation du chômage.
Les gouvernements pris en tenaille entre leurs ressources budgétaires réduites par la perte de cette valeur ajoutée, et l’explosion des dépenses sociales augmentent les prélèvements obligatoires de manière continue depuis 35 ans.
Ces prélèvements sont passés de :
• 1975 : 34,9%
• 2008 : 55,5%
Il faut noter que les présentations officielles avancent le chiffre de 44,2% en 2008
http://www.senat.fr/rap/r03-055/r03…
Mais les statistiques gouvernementales sont tronquées, elles ne prennent en compte que 15% des cotisations sociales.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pr&…
Départ vers les pays à main d’œuvre bon marché
Le cercle vicieux s’amorce en renchérissant par là même le coût du travail et en accélérant les délocalisations correspondantes.
Plus de 35 années à ce rythme, la France ne possède plus d’industries primaires à part l’agriculture (dont les besoins de main d’œuvre ont été considérablement réduits). La plupart des mines, forages, extractions de toutes sortes ont fermé leurs portes.
Les industries secondaires sont pillées pour se relocaliser en Chine ou en Malaisie…
Le chômage explose structurellement.
Les impôts croissent pour indemniser ces nouveaux chômeurs et créent par là même les conditions de nouvelles délocalisations.
a. Perte des services associés aux industries primaires et secondaires
L’impact de cette désindustrialisation ne se limite pas aux emplois détruits ; en fermant des usines et les mines, ces mêmes unités consommaient des services, elles transportaient, sous-traitaient, achetaient de l’électricité, des réparations, des fournitures, des services… Cette demande disparaissant l’impact chômage est donc largement plus important que les emplois directs perdus.
b. Disparition des emplois peu qualifies
Cette désindustrialisation s’accompagne de la perte massive des emplois peu qualifiés. La solution prônée par les différents gouvernements a été avec une grande constance d’inciter à obtenir des diplômes, des qualifications toujours plus poussées.
Avec le recul, on constate que le taux de chômage des jeunes diplômés s’est envolé lui aussi. La formation n’est donc absolument pas la solution.
Seule une petite partie de la population est capable de devenir ingénieur, ou même seulement commercial. Quelle solution reste-t-il pour ceux dont les capacités intellectuelles sont limitées, et qui ne peuvent espérer dépasser le niveau certificat d’étude ? On ne peut espérer créer une société stable qu’avec des diplômés supérieurs, que va-t-on faire avec la masse des « bourrins » ?
c. Exportation continue de valeur ajoutée et de technologie
Par ailleurs cette désindustrialisation s’accompagne invariablement de transfert de technologie, cette perte d’actifs immatériels appauvrit le pays et enrichit un autre sans contrepartie.
Cet appauvrissement continu n’est mesuré dans aucune statistique
d. Rêve impossible d’une société basée uniquement sur les services.
On le voit à l’évidence le rêve d’une société ayant délocalisée toute ses productions primaires et secondaires s’appauvrit, ne sait plus proposer de travail à la masse des citoyens peu instruits ou n’ayant pas les capacités à s’instruire. Pourtant cette catégorie de citoyens représente la majorité de notre pays.
Le modèle alternatif d’un pays dont la richesse est basée uniquement sur les services est une illusion et laisse sur le bord de la route une trop grande partie de la population pour pouvoir espérer une stabilité sociale.
3. Envolée du chômage et de l’insécurité d’emploi
Les deux nouvelles caractéristiques du marché de l’emploi sont
• l’instabilité de la carrière : elle se développe et devient universelle, en d’autres termes un jeune diplômé ayant quelques années d’expériences semble avoir 100% de chance de traverser une période de chômage longue dans sa carrière.
• La portion incompressible de chômeur s’établit autour de 8% en terme officiels, ce qui correspond en fait à environ 10% de la population en âge de travailler (Les statistiques sont faussées par les préretraites, chômage partiel, formations, et autres systèmes inventés pour faire sortir les citoyens des statistiques du chômage).
a. Destruction du rapport social non exprimé mais universellement admis
Le rapport social entre l’entreprise et son salarié était basé sur une règle non écrite : « Je te donne un salaire, tu me donnes ton travail. Si tu t’avères motivé et performant, je te fais grimper dans la hiérarchie, je sécurise tes revenus et ta progression ».
Un nouveau concept est arrivé : le licenciement économique. Le principe pourrait être résumé de la manière suivante : « Vous avez toujours été un employé satisfaisant et fidèle, nous n’avons rien a vous reprocher, cependant, je dois vous licencier pour des raisons exogènes sur lesquels vous n’avez aucun pouvoir ». C’est donc la punition de l’innocent.
b. Modification des valeurs fondatrices de la société : la notion d’honnêteté
Ce rapport social détruit, sachant que la chance de faire carrière dans une entreprise « jusqu’à la retraite » a quasiment disparu, nous risquons de voir ce rapport social se reformer différemment.
A ce titre, je vois plusieurs évolutions se dessiner :
• Une perte de cohésion dans l’entreprise avec le développement d’un comportement hyper individualiste.
• Un affaiblissement notable de la notion d’honnêteté : toute parcelle de pouvoir offerte par l’entreprise peut être détournée à son profit personnel car il y a 100% de chances de se faire virer un jour. Si ce comportement se développe, personne ne sait comment le combattre. Pour illustrer mes propos, on peut imaginer un commercial demandant à son supérieur une faveur tarifaire pour un de ses clients prêt à passer une grosse commande. Qui sait si le commercial ne s’est pas entendu avec le client et reçoit une part de la ristourne ?
Dans un autre registre tous les transporteurs routiers vous confirmeront que l’esprit maison a disparu chez les chauffeurs, ce sont maintenant des mercenaires dont l’attachement à l’entreprise s’est évaporé, et capables de tous les trafics pour « arrondir les fins de mois »: développement du trafic de gas-oil, de consommables, fret pirate, trafic de pneus, de palettes… l’inventivité est sans bornes.
Comme toute modification sociologique l’échelle de temps qui la régit est très longue (dizaine d’années) mais son impact et son développement peut remettre en cause le fonctionnement actuel de bon nombre de fonctions de l’entreprise.
c. Risque d’émergence d’une « incivilité individualiste »
Nous voyons donc apparaître le risque « d’incivilité individualiste » dû a la perte d’une des notions fondatrices de nos sociétés : la valeur de l’honnêteté. Quel peut être le niveau communément admis par la population ? Faire de l’argent au noir est-ce admis par la population ? Toucher le RMI et se faire des revenus au noir est-ce considéré comme malhonnête ? Et que penser du détournement des marchandises de son entreprise ? Nous ne parlons pas ici de ce que dit la loi, mais comment ces délits sont perçus par l’opinion. Il m’apparaît que nous devons nous préparer à des glissements significatifs dans ce domaine.
Pourtant l’impact sur les entreprises peut être ravageur, et elles tentent tant bien que mal de s’en protéger par des procédures très encadrées que l’informatique permet de mettre en place à des coûts supportables.
Cependant quelle que soit l’épaisseur de la muraille, il existera un jour un canon capable de la percer. De plus le sentiment de sécurité que confère la capacité de « reporting » des systèmes de gestion modernes abaisse la vigilance des services chargés de cette sécurité.
4. Augmentation chronique des prélèvements obligatoires
Nous avons amplement écrit sur l’augmentation des dépenses de l’Etat causées entre autres par le coût social du chômage et des retraites. Pourtant il existe d’autre cause de l’envol des prélèvements obligatoires. Parmi celles sur lesquelles il est possible d’agir, on peut identifier la manière politique de traiter les problèmes qui se posent a nos hommes publics.
a. Les solutions systématiquement adoptées par les différents gouvernements pour faire face aux défis qu’ils rencontrent.
Devant la majorité des problèmes que rencontrent nos gouvernements, les solutions adoptées sortent bien souvent du même moule :
i. Création d’une structure pour observer, mesurer, réguler le phénomène.
ii. Création d’une nouvelle taxe, fond d’intervention, subvention, emprunt ou tout autre moyen de financement imaginable.
Cette habitude apparue principalement sous la Vème république multiplie les sièges souvent luxueux de ces divers organismes, les voitures de fonctions, les salaires des différents directeurs avec leur cohorte de chefs de cabinet, secrétaires, experts « ex-pairs » avec les dépenses improductives correspondantes.
Ce comportement systématique comporte plusieurs défauts majeurs :
• Il alourdit le budget.
• L’Etat s’avère incapable de détruire une structure qu’il a créée, même si son utilité a disparu (voir le ministère des anciens combattants qui a plus de fonctionnaires que d ‘anciens combattants)
• Aucune évaluation du rapport service rendu/budget engagé n’est généralement conduite
• Avec le passage des années il en résulte une multitude de petites ou moyennes structures à l’utilité très discutable mais qui restent sous le faisceau radar des coupeurs de budget
4. Baisse continue de qualité du service public
a. Augmentation des prélèvements
Nous avons constaté l’augmentation continue des prélèvements obligatoires poussés par le budget social et l’accroissement des organismes publics ou para publics crées pour apporter une réponse politique aux problèmes de la nation.
Cette situation resterait acceptable s’il en résultat une augmentation notable du confort des citoyens.
Nous devons malheureusement constater la perte de confort due au chômage et à l’insécurité de l’emploi.
Mais qu’en est-il de la qualité de service rendue par l’Etat, s’est-elle améliorée sur la période ? Auquel cas la situation peut être considérée comme normale.
Dans le cas contraire, non seulement le peuple Français supporte des prélèvements de plus en plus lourd, mais de plus il reçoit un service de plus en plus dégradé. Dans cette hypothèse il apparaîtrait urgent de modifier la situation.
b. Evaluation du service rendu aux citoyens
Nous comparons les périodes des années 70 et la situation actuelle, les grands services de l’Etat (Régaliens) sont les suivants :
• La défense et la diplomatie
• La police
• La justice
• La monnaie et la banque centrale
A quoi il faut ajouter la responsabilité non exclusive de l’Etat dans les domaines indispensables suivants :
• Les infrastructures de transports
• L’éducation
• La santé publique et la retraite
• Les finances publiques et l’impôt
• La culture
Mis a part les infrastructures et la monnaies sur lesquelles les modifications sont positives sur la période considérée, il apparaît évident que sur toutes les autres responsabilités de l’Etat le service s’est soit dégradé, soit fortement dégradé.
L’Etat prend donc de plus en plus d’argent pour de moins en moins de services.
6. Conclusion
Malheureusement la raison principale de ce cancer qui ronge notre économie est l’habitude des Français qui se tournent vers l’Etat pour régler tous les problèmes. L’Etat réagit en conséquence avec l’attitude mentionnée ci dessus.
Pour changer la situation il faudrait alors changer les français.
Ce n’est pas demain la veille.
L’évolution semble manifestement impossible ; nous assisterons donc à une révolution quand la situation ne sera plus tenable »