Journal auto.com –
Déjà en difficulté en début d’année 2020, la situation des deux fonderies détenues par Liberty House ne s’est pas arrangée avec le plan d’économies de Renault. Son seul client.
En février 2020, déjà, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat, était interrogé sur l’avenir Liberty House par nos confrères de la Nouvelle République. A la question : « Les fonderies peuvent-elles espérer une sortie de crise ? », la secrétaire avait répondu : « C’est le travail que nous menons avec Liberty et Renault, qui consiste à analyser la situation de commandes prospectives et les améliorations industrielles. La filière forge-fonderie est particulièrement impactée par les transformations en cours dans l’automobile. Ce sous-secteur de la filière automobile aura le plus d’efforts à faire en termes de transformations et de diversifications. »
Depuis, avec la crise du Covid-19 en plus, la situation de Liberty Fonderie Poitou et Liberty Alu Poitou, les deux sites de Liberty House, ne s’est pas arrangée car dépendant aussi de tendances lourdes comme le recul du diesel. L’actionnaire britannique de ces deux sites s’est engagé, mercredi 3 juin 2020, à payer les salaires de juin des 600 employés, mais s’est inquiété de la « viabilité » de la fonderie alors qu’il annonçait un projet d’investissement sur l’aluminium. « Il n’est pas question que les salaires sur l’un ou l’autre site ne soient pas payés en juin », a assuré à l’AFP dans un courriel Jonathan Levy, porte-parole à Londres, pour la France et le Benelux, de Gupta Family Group (GFG) de l’Indien Sanjeev Kumar, auquel appartient l’actionnaire Liberty House.
Jonathan Levy s’est montré pessimiste au sujet de l’avenir de Liberty Fonderie Poitou (316 salariés), qui produit des carters en fonte à destination du diesel, tandis qu’il a annoncé un plan de diversification pour Liberty Alu Poitou (285 salariés), qui fabrique des culasses. La fonderie de fonte « a souffert de commandes toujours faibles de notre principal client qui est lui-même confronté à un marché très difficile », a-t-il souligné, selon qui la crise du Covid-19 et la chute du diesel ont plombé les commandes de « presque 75 % », sans visibilité aujourd’hui, ce qui « met en danger la viabilité de la fonderie ». « Nous sommes en discussion avec notre client et lui faisons comprendre l’urgence de la situation, mais l’industrie automobile se tourne vers les culasses hybrides en aluminium, ce qui a un impact profond sur le secteur de la fonte », a-t-il expliqué.
« L’histoire est différente pour notre fonderie d’aluminium où nous avons l’intention de reprendre les activités le 8 juin », après la crise sanitaire, et où « de réelles opportunités existent toujours », a-t-il poursuivi, annonçant un projet de nouvelle culasse et, à plus long terme, « un plan de diversification de 13 millions d’euros soutenu par notre actionnaire ».
A l’issue d’un CSE qui s’est tenu mercredi à Ingrandes-sur-Vienne, où les deux sites sont implantés côte à côte, Jean-Philippe Juin, délégué syndical CGT pour Liberty Alu Poitou, s’est inquiété du financement de ce plan, affirmant que Liberty House avait démarché la région Nouvelle-Aquitaine et la Banque publique d’investissement. « L’actionnaire reste en retrait », a-t-il dénoncé, disant ses « craintes sur le très court terme ». La CGT a appelé à un rassemblement, jeudi 4 juin, avant la tenue le 10 juin d’un CSE extraordinaire. Liberty House avait racheté il y a un an les deux entreprises en difficulté, conservant quelque 600 des 800 emplois. La transaction incluait la garantie d’un volume de commandes de Renault, qui n’a pas été respecté selon les syndicats. (avec AFP)