Depuis la reconnaissance des écoles de production par la loi de septembre 2018 , qui leur donne accès à des financements d’Etat, le réseau s’étoffe. « 8 centres ont ouvert en 2019, 4 ouvriront en 2020 malgré la crise du Covid-19, et une douzaine sont dans les tuyaux pour 2021 », détaille Patrick Carret, directeur général de leur fédération nationale (FNEP), qui compte 32 structures pour un millier d’élèves. La relocalisation industrielle poussée par la crise sanitaire devrait leur donner un élan supplémentaire. La FNEP vise une centaine d’écoles en 2028, contre 25 il y a deux ans.
Vrais clients
Leur fonctionnement est hybride. Ni CFA , ni lycées professionnels, ces écoles-ateliers ont à la fois un numéro de siret et un matricule de l’Education nationale. Elles ciblent des jeunes de 15 à 18 ans, en rupture avec le système scolaire, pour les former à un métier en condition de production réelle. Les élèves apprennent en travaillant pour le compte de vrais clients, entreprises ou particuliers, au prix du marché.
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Leur travail n’est pas noté. Il est conforme, ou pas, au cahier des charges du client. Dans le carnet de commandes de l’école Vaise, à Lyon, on compte par exemple 150 PME locales. C’est ainsi que des jeunes en difficulté reprennent confiance en eux, à raison de semaines de 35 heures, dont deux-tiers en atelier. A la sortie, un taux de succès de quasi 100 % au CAP et Bac Pro, et un emploi à la clef dans l’industrie, mais aussi la restauration, les espaces verts et la maintenance automobile.
Plus de la moitié des créations récentes et des projets en cours sont poussés par des chefs d’entreprise en manque de main-d’oeuvre, soutenus par les chambres de commerce et d’industrie (CCI), l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) et les régions. « Les entreprises sont fondamentales dans le dispositif », dit Patrick Carret. Elles financent une grosse moitié du budget par leurs commandes et par la taxe professionnelle , avant de se positionner comme employeurs.
Dérogations
Mises en avant dans les programmes Territoires d’Industrie , les écoles de production surfent sur la vague de réindustrialisation. Il suffit de regarder les spécialités qui s’ouvrent : métallerie, tôlerie, chaudronnerie, usinage, mécanique, bois, tous ces métiers qui manquent et de formations et de candidats. Quand Denis Brude, le « maître professionnel » de l’école de Vaise, visite des collèges, il a sa technique pour recruter les jeunes : leur mettre dans les mains, plutôt que des plaquettes, des prothèses de hanche, des pièces de moteurs ou des charnières de porte en 3D.
Tandis que les CFA industriels peinent à toucher les moins de 18 ans pour des raisons de sécurité durant les stages, les écoles de production ont des dérogations pour mettre les jeunes sur les machines. Le contexte actuel joue aussi en leur faveur : alors que les CFA font face à une baisse du nombre de contrats d’apprentissage en raison de la frilosité des entreprises, ces écoles offrent une alternative intéressante.