L’orchestre doit comporter douze cloches : qu’à cela ne tienne, le souverain ordonne la fonte d’une douzième, et écrit des poèmes à leur gloire. Qianlong, à l’instar de Kangxi, poursuit là une tradition apparue dès les Royaumes combattants, au Ve siècle avant notre ère, l’art campanaire remontant au Néolithique (environ 6000-1900 av. J.-C.).
La musique exprime la joie, «joie» et «musique» partageant la même graphie chinoise. Les rites codifiant l’harmonie doivent relier l’homme et son environnement.
Ainsi les orchestres de cloches sortent-ils pour célébrer le nouvel an, accompagner l’empereur lors de la cérémonie d’ouverture du premier sillon et, entre autres, les banquets et les victoires militaires.
Objet d’apparat luxueux, un carillon de soixante-cinq pièces tenait compagnie au défunt seigneur Yi de Zeng dans sa sépulture, avec vingt et une femmes et des objets d’art précieux. Leur usage était réglementé depuis la dynastie des Zhou (XIe-IIIe siècle av. J.-C.) : les cloches étaient suspendues et frappées à l’aide d’un maillet en deux endroits selon le son désiré. En effet, la gamme chinoise traditionnelle se compose de douze demi-tons, développés à partir de quatre notes et de douze tons standard fixes dont le ton de base est huang zhong, ou «cloche brillante».
Pour les instruments réservés à l’usage impérial, un décor de dragon est de mise, symbolisant la continuité de cette civilisation répertoire iconographique utilisé sous les Ming pour des cloches similaires à celle proposée en décembre prochain.
Plusieurs exemples Ming ou Qing apparaissent de temps à autre en ventes publiques, tant en Europe qu’aux États-Unis, et des carillons plus ou moins complets sont conservés dans des collections publiques chinoises et américaines. Les empereurs offraient parfois une cloche à des temples ou à des officiels pour rythmer les rites et les banquets. Témoin de la longue histoire de la Chine, comme l’indiquent le dragon et les nombreux spécimens similaires retrouvés dans les tombes, cette note brillante ravira les amateurs.
ART D’ASIE – lundi 16 décembre 2019 – 14:00 Salle 16 – Drouot-Richelieu – 9, rue Drouot – 75009 Tessier & Sarrou et Associés