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Le beau succès de la fonderie Gillet d’Albi, dix ans après sa reprise par ses salariés en Scop
Ici, ça marche ! Dans l’éco d’ici, on vous propose un coup de projecteur sur la fonderie Gillet d’Albi, reprise en 2014 par ses salariés sous forme de Scop (société coopérative de production). Dix ans après, l’entreprise se porte bien et a des clients dans de nombreux secteurs.
Quel bilan pour la fonderie Gillet d’Albi reprise par ses salariés sous forme de Scop en 2014 ? Que du positif : les affaires vont bien, voire très bien selon son président Nicolas Pomarède.
Vous avez sauvé la fonderie Gillet avec vos collègues en devenant vos propres patrons en 2014. Votre Scop (société coopérative) vient de fêter ses dix ans, mais la fonderie a été créée au XVIIᵉ siècle. Pourquoi ça marche, selon vous ?
Ca marche aujourd’hui parce qu’un groupe d’amis qui a cru au projet et qui s’est battu pour sauver ses emplois. Pour moi, c’est une famille. Aujourd’hui, on est 35 personnes, c’est une famille. Il nous arrive de se nous disputer, mais ça reste sain. À 10 heures, c’est chocolatine et café à la pause !
En 2014, au lancement de la Scop, vous n’avez pas perdu vos clients. Aujourd’hui, pour qui travaillez-vous ?
On a eu la chance de garder nos clients malgré les difficultés de l’entreprise : il n’y a plus beaucoup de fonderies en France, on est moins de 300. Donc on a gardé nos clients et le principal c’est le ferroviaire, avec la SNCF. Mais on travaille également pour l’hydraulique, pour le nucléaire, pour la Défense et pour des chantiers hors normes : récemment, on a fait toutes les rambardes du Pont-vieux de Montauban et on en est assez fiers.
Vous travaillez pour la défense, mais vous refusez de toucher à l’armement en tant que tel. Pour quelle raison ?
C’est une question d’éthique : on fait des pièces pour la Défense : des pièces mécaniques, des pièces pour des ponts. Mais on ne souhaite pas toucher à des choses liées directement de l’armement.
Vous êtes 35 salariés, vous êtes donc vos propres patrons. On gagne correctement sa vie quand on est dans une Scop ?
Ça va mieux. On n’a pas des salaires mirobolants, mais on n’a pas fait ça pour devenir riches. On ne savait très bien qu’en reprenant cette société, on allait sauver nos emplois sans devenir riche. Mais on a pu, avec le temps, se récompenser un peu. Les salaires vont de 1600 euros net à 2 500 € à peu près.
Vous avez dit on est moins de 300 fonderie aujourd’hui en France. J’ai senti une grande pointe de regret.
Oui, parce qu’on ne pourra pas se passer des fonderies. Aujourd’hui, il y a des choses qui sont faites en fonderie et ça ne se fera pas autrement. Et tout ce qui ne se fera pas en France aujourd’hui va aller se faire à l’étranger. Et donc c’est dommage à l’heure où on parle de réindustrialisation.
Mais qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent que c’est trop cher de produire en France ?
On ne peut pas comparer du prix français et du prix du prix chinois. Il nous faut rester sur de la pièce haut de gamme, des pièces à forte valeur ajoutée. Aujourd’hui, on a toute notre place en France et c’est la même chose pour tous ceux qui font ce genre de produits. Mais c’est sur que si vous voulez produire de la pièce de pièce standard deux ou trois euros, aujourd’hui ce n’est plus possible en France.
Retrouvez l’interview vidéo complète de Nicolas Pomarède ici :