La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mardi 28 Sep, 2021
Catégorie : Economie

« L’abandon de notre industrie se poursuit avec un cynisme inqualifiable »

Entreprendre -24/08/2020 – Henri Fouquereau – opinion

Rappelons en premier : le discours du Président de la République à l’école de guerre en février 2020 « plus question de brader l’industrie française ». Relisons tous les discours des Premiers ministres, l’un affirmant militer pour l’industrie, un autre lançant 5 mesures pour favoriser l’industrie, un autre encore, créant même une mission interministérielle, qui s’est comme toutes les autres, perdue dans les couloirs d’on ne sait quel ministère. Ce que le Général de Gaulle aurait nommé : un comité Théodule, un autre encore faisant le bon constat mais s’arrêtant là et le petit dernier locataire de Matignon qui promet 40 milliards sans trop dire pourquoi.

Dans le même temps, la France a perdu : 11 grands groupes industriels, son industrie est passée de 24 à 10% du PIB , plus de 1000 milliards de CA partent chaque année en fumée, des millions d’emplois ont été perdus, des centaines de millions de recettes fiscales et sociales effacées. Et, malgré les promesses maintes fois répétées, surtout lors des périodes électorales – Alstom, Alcatel Lucent, Amora, Arcelor, Lafarge, Pechiney, les chantiers de l’Atlantique, Aldebaran, Lacoste, Ducros, Rossignol, Coq sportif, Club Med, Tchenip, Latécoère ont quitté le giron national. Rien n’y a fait pour plusieurs raisons ; Peut-être la plus importante, les politiques n’ont plus l’envie de sauver l’industrie, ils ont été vaccinés au « tout pour le service » ensuite ils ont concocté l’acte unique européen qui a établi le mondialisme, auquel aujourd’hui chacun doit se plier

Osons l’affirmer : s’ils veulent, ils peuvent, le décret Montebourg permet au Gouvernement de refuser des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques : Or ces jours derniers (août 2020) deux sté françaises et classées stratégiques: Ascoval et Photonis sont passées sous pavillons étrangers, nous reviendrons sur Ascoval car le déroulement de l’affaire vaut son pesant d’or, concentrons nous sur Photonis une entreprise stratégique, fournisseur de l’armée française, de nos forces spéciales, mais aussi des forces spéciales américaines ce qui peut explique la gourmandise des fonds américains.

Première pour la fabrication de tubes d’intensification, d’images de pointe grand spécialiste de la vision nocturne (elle a permis de nuit la libération d’otages français au Sahel) sa caméra Kaméléon permet de filmer la nuit en couleur, et la France, grâce à Photonis était la seule à maîtriser cette technique devenue essentielle. Composants pour laser, composants pour dissuasion nucléaire, pour sous marins nucléaires, spécialiste pour fabriquer des détecteurs de neutrons, si cette société française n’est pas stratégique, qui le sera ?

L’Etat s’est donné divers moyens pour protéger ses entreprises ; il peut par exemple s’introduire dans le capital des sociétés et y détenir des actions dénommées « DOREES » sensées lui permettre de bloquer de l’intérieur toute opération nuisible. Là aussi, si les deux tentatives en provenance de l’étranger pour s’emparer de ces deux sociétés stratégiques ne sont pas des opérations nuisibles, qui le sera ? Alors ? Et bien nous évoquions le vaccin en faveur du tout service, mais il y a eu aussi, la piqûre « mondialisme » au sein duquel l’espace sacré est le Paradis fiscal et la nouvelle religion « le tout marché » libéré des contraintes que formaient les Etats, leur souveraineté nationale, leurs frontières, leurs impôts, cotisations sociales, environnementales et tous les devoirs régaliens à assurer.

Il a fallu en France, qu’un socialiste de hasard et de nécessité, arrive au pouvoir pour faire basculer la France, toujours colbertiste, vers le néo libéralisme le plus dur, enfanté par Milton Friedman et sa femme, épousé par une dame Tchatcher qui inoculera le virus à un Président Reagan au sommet de sa gloire qu’il avait acquise avec des films de série B. L’Elysée aussitôt devient anti colbertiste, anti gaulliste, pro anglo saxonne, le Matignon dirigé par Bérégovoy suit où précède selon les événements. On efface le Plan, pour qu’il laisse sa place aux marchés, on fait appliquer la décision prise en 1976 de libéraliser les capitaux, on place au rang d’idole ,l’acte unique européen, qui devient la bible de l’idéologie libre échangiste/

Ensuite les rêves de certains : l’Europe plutôt que la France, pour ne pas dire le choix de l’Europe contre de la France. L’Acte unique de 1986 est installé sur le plus haut pavois, c’est l’idéologie du libre échange que l’on place au sommet, sans s’apercevoir (peut-être) qu’il a supprimé la préférence communautaire , qui elle même mettait un terme à la préférence nationale) Beregovoy, non formé pour cela a accepté et même promu une idéologie néfaste à l’intérêt de la France qu’il avait pourtant la charge de défendre.

Les mensonges pleuvent : l’Europe vous protège, exemple le plus frappant, mais de quoi bon sang : dans tous les Etats membres l’industrie a pris le chemin des délocalisations. Chacun a abandonné la fonction première d’un Etat : assurer la survie et la compétitivité d’un Peuple. Or tentons d’informer nos politiques : l’industrie est toujours l’activité fondamentale de l’économie. En perdant notre industrie, nous perdons la majeure partie de notre économie et sans cette industrie aucune chance pour une reprise quelconque ou une relance possible.

Il faut regarder la vérité en face : Nous avons besoin d’une reprise de l’activité, notre balance des paiements est en déficit, notre budget est en déficit, toutes nos caisses sont vides. Depuis prés de 50 ans, le politique a amaigri l’Etat tout en répondant aux sollicitations des uns et des autres et si l’Etat n’a pas encore fait pas défaut c’est uniquement grâce à l’endettement qui dépasse aujourd’hui les 100% du PIB et que nous laissons à régler aux générations futures

Pourvu que çà dure aurait dit Madame Mère ; Seulement cela ne peut durer, sans industrie, pas de recette miracle, plus d’argent dans les caisses et aucune possibilité de rembourser quoi que ce soit. Les marchés vont finir par se fatiguer et alors que ferons nous ? Nous vendrons les bijoux de famille ? Le château de Versailles aux Américains, la Tour Eiffel et l’Arc de triomphe aux Chinois et le reste en salle des ventes ?

N’ayons pas peur de nous répéter : Nos gouvernants ne défendent plus nos intérêts nationaux en général et nos industries en particuliers. A l’électeur de poser les bonnes questions lors des campagnes et de sanctionner si le résultat n’est pas au rendez-vous – priorités des priorités : sauver l’entreprise, qui seule produit nos richesses.

Reprenons les deux affaires qui nous intéressent : Photonis et Ascoval. Photonis, la main sur le cœur : ah non : vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine, sauf que Photonis passe sous pavillon américain Mais, tente de nous rassurer le ministre de l’économie et des finances : sous conditions. Regardons ces conditions : Faire entrer Bpifrance au capital – quelle est la défense de nos intérêts nationaux si Bpifrance possède 1% des actions et fait comme d’ habitude : rien de positif ? Création d’un comité de sécurité interne – Non mais, on se moque de nous, quel pouvoir ? Interdire que notre savoir faire soit partagé ?

Bénéfices réalisés devront être investis dans la R et D dans l’entreprise, mais c’est de la folie, bénéfices de qui et de quoi ? Les experts américains savent très bien réduire les bénéfices officiels comme peau de chagrin- Propriétaires de l’entreprise ils feront comme toujours, ce qui défend leurs intérêts, ceux des USA. Conservation des emplois en France, rappelons à Messieurs Macron et Lemaire, les promesses de GE lors de l’achat de Alstom : nous allons créer 1000 emplois, Ge en a détruit 1044- devons nous rappeler la promesse de Nokia lors du rachat de Alcatel : aucune suppression d’emplois. Depuis Nokia rogne, coupe, jette, a n’en plus finir et personne n’intervient, personne ne dit rien, car personne n’a le pouvoir de dire quoi que ce soit.

Conservation du Site de Brive-la-Gaillarde, l’Américain Telédigne qui reprend Photonis pourra très bien maintenir un site vide ou presque , c’est de la poudre aux yeux : demain nous verrons Photonis assurer ses talents ailleurs qu’à Brive la Gaillarde

La dernière était à réserver pour la fin, tellement elle prêterait à sourire si l’affaire n’était aussi grave : l’Etat aimerait que les informations sensibles détenues par Photonis restent chez Photonis – Plus bête on meurt : qui fera un procès, alors que l’on sait que la justice américaine et son extraterritorialité sont des monstres qui mangent tous les autres avec appétit. Et puis, tout simplement il suffit de déplacer Photonis pour déplacer les informations sensibles

Photonis passera sous la bannière étoilée n’en doutons plus, mais pouvons nous laisser des destructeurs de la nation France continuer leur entreprise de démolition ? Et bien c’est NON et des gens de plus en plus nombreux dénoncent cette politique des abandons. Juste un coup d’œil sur l’affaire Ascoval , usine toute neuve, installée à Sainte Saulve dans le Haut de France, ancienne filiale de Vallourec, Ascoval est rachetée par une société Britannique. Une véritable série télévisée, je t’achète, moi non plus, j’en veux, j’en veux plus, je n’en veux pas, moi si, un véritable tourbillon où chacun se moque totalement des hommes qui travaillent, des familles dans le plus grand désarroi, de la région sinistrée.

Le fin du fin ;: le pouvoir a quand même tenté de vendre l’entreprise à deux entreprises étrangères tombées en faillite avant d’avoir pu signer les actes d’achat – Quel est le conseiller qui a pu promouvoir ce type d’aventure ? L’Usine de Sainte Saulve est, elle aussi, considérée comme stratégique et ne devrait pas ,à ce titre , quitter le giron national. Messieurs Macron, Philippe et Lemaire se sont rendus sur place, ils ont juré, caché, promis que l’usine serait sauvée etc etc la vérité nous oblige à dire que vu la réalité des choses, ils ont tout abandonné, promesses, aides, sauvetage, alors que l’Etat a besoin de ses usines pour fabriquer des rails ronds et carrés dont elle a besoin et que pratiquement seule cette entreprise sait ou peut fabriquer

Le tribunal de commerce annonce qu’il va rendre sa sentence suite aux derniers événements : acheteurs potentiels, décisions gouvernementales, etc. Une dernière réunion doit se dérouler avec la direction, les représentants du monde du travail des membres du Gouvernement. Et voilà les héros qui nous gouvernent ; ils envoient au casse pipe, la toute jeune ministre déléguée en charge de l’industrie et nommée la semaine précédente. Signalons cette femme courageuse : Madame Agnès Pannier Runacher qui ouvre toutes grandes ses oreilles, écoute, écarquille les yeux tellement elle a du mal à croire ce qu’elle entend. Heureusement Xavier Bertrand est présent et enfonce le clou.

Alors la jeune, très jeune ministre prend le dossier, rentre à Bercy découvre quelques vérités comme par exemple que le chargé de l’industrie (sur ordres?) avait passé des coups de fil pour décourager certains repreneurs. Que Vallourec avait été conforté dans sa malhonnêteté (n’a pas voulu acheter les productions de Ascocal pendant quelques semaines) suite des interventions bien placées. Grâce à la volonté de cette nouvelle ministre, les choses semblent s’arranger.

Néanmoins nous ne devons pas accepter que des gens haut placés détruisent volontairement où sur ordre, (par intérêts ou par idéologie) les intérêts de la France. Il faut remettre de l’ordre dans tout cela. Nous avons glissé de l’Etat à la société, de la souveraineté à l’identité et du gouvernement à la gestion, il faut que chacun retrouve sa place. Nous avons donc le devoir d’agir encore et toujours afin que le politique défende les intérêts de la nation, qu’il abandonne son cynisme inqualifiable, qu’il redevienne le protecteur de la Nation.

Zone de commentaire !

6 commentaires pour : "« L’abandon de notre industrie se poursuit avec un cynisme inqualifiable »"

  1. Bien résumé, et quand il n’y aura plus de bijoux de famille à vendre, que feront-ils ?.

    Dans certains cas il n’y aura même plus les compétences pour un hypothétique redémarrage

    Malheureusement pour les générations futures, c’est la triste vérité

  2. Ce sinistre constat est tout à fait réel, ce déclin est entamé depuis déjà longtemps et rien si ne sont les bonnes paroles en période électorale ne semble s’y opposer sauf . . . . . quelquefois des salariés conscients et courageux qui se rassemblent pour former une scoop et essayer de rester en vie.

    Dans une grande société du CAC 40, lors d’un forum questions/réponses un anonyme avait posé cette question: resterons-nous français ? réponse du PDG: nous continuerons d’exister mais pas forcément dans notre état ou en France.

    Cette réponse est en grande partie étayer par le rendement aux actionnaires et lorsque celui-ci n’est plus suffisement élevé il faut trouver des solutions.

    Au lendemain de l’accord Alcatel-Lucent le journal Le Monde titrait: il n’y aura aucun licenciement je vous laisse juge de cette fusion.

    La vraie valeur d’un état est celle en grande partie de son industrie créatrice de richesse, de valeurs et pourvoyeuses d’emplois.
    Nous sommes bien loin de tout cela.

  3. Bonjour à tous, depuis 22 ans, je l’ai dit à mon fils, l’Europe c’est la mort de la FRANCE et je constate avec tristesse que j’avais raison !!!

  4. A ma connaissance, l’Allemagne est en Europe et elle a gardé une industrie et l’a développée,

    Le problème est chez nous, coût du travail trop élevé, productivite insuffisante, faiblesse des investissements à cause d’une rentabilité trop faible et une nation qui croit pouvoir vivre sans industrie et qui ne l’aime pas.

  5. L’Allemagne a peut-être gardé une industrie mais ne l’a pas forcément toujours développée.

    J’en prends pour exemple l’industrie de la fonderie fonte qui, avec la liquidation d’Halberg Guss en 2020

    (1.100 licenciements à Saarbrücken et 400 à Leipzig),

    aura également payé un lourd tribut.

    Pour rappel, la fonderie de Saarbrücken avait une histoire de presque 300 ans !

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