Centre Presse – Denys FRETIER
Fonderies du Poitou : « J’ai été très claire avec Liberty et Renault », soutient Agnès Pannier-Runacher la secrétaire d’État à l’industrie met la pression sur Renault et Liberty.
À la veille de la réunion en préfecture sur le dossier des Fonderies à Ingrandes, la secrétaire d’État à l’industrie met la pression sur Renault et Liberty.
Quelle est la situation du site des deux fonderies d’Ingrandes où les 600 salariés sont très inquiets ?
Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État à l’Industrie. « La situation des fonderies est marquée par une baisse de production et des commandes du fait de la situation de l’industrie automobile aux plans européen et mondial. Nous avons une série de nouvelles un peu délicates à gérer : la baisse des ventes de voitures et la situation en Chine font que la production diminue. »
Il y a également la situation propre de l’usine à prendre en compte ?
« Je suis de très près ce dossier. J’ai manifesté à Liberty mon souhait qu’ils améliorent leur suivi des Fonderies du Poitou et qu’ils renforcent leur capacité industrielle avec un plan industriel qui, à mon goût, n’avait pas été déployé assez vite. »
« J’ai également demandé à ce que Liberty présente des perspectives actualisées, compte tenu de la situation du marché, pour faire apparaître clairement les investissements auxquels ils se sont engagés, la trajectoire des commandes, de chiffres d’affaires et de coûts. »
Qu’en est-il de l’engagement de Liberty d’injecter 10 M€, notamment pour diversifier la production ?
« Ces chiffres sont confidentiels mais plusieurs millions ont été réinvestis par Liberty qui a dû faire face aussi à des pertes d’exploitation qui n’avaient pas été anticipées dans leur business plan. En termes d’engagements, Liberty a joué le jeu. Ensuite, je souhaite que Liberty continue à investir sur le site. »
Êtes-vous en contact avec les dirigeants de Liberty ?
« J’ai rencontré à deux reprises la direction européenne de Liberty mais aussi Monsieur Gupta (NDLR : président d’Alliance-Liberty) avec qui j’ai évoqué le dossier. J’ai été très claire concernant nos attentes. Je lui ai dit que j’attendais qu’il tienne ses engagements et que j’étais prête à lui rendre service par rapport à la situation du site, en intervenant auprès de Renault et en accompagnant la diversification de l’activité. Il m’a indiqué qu’il reviendrait avec des propositions. »
Vous avez exercé une pression efficace ?
« Je leur ai communiqué, de manière très peu agressive mais nette, le fait qu’ils n’étaient peut-être pas rentrés suffisamment dans le dossier et notamment sur les aspects industriels. Ce n’est pas une pression politique mais une pression qui fait appel à leur professionnalisme. »
Renault tiendra-t-il ses engagements sur le volume de commandes ?
« La situation actuelle du marché automobile ne permet pas de fabriquer ce volume. Renault ne va pas commander des carters qu’il ne mettra jamais sur des voitures. J’ai saisi les constructeurs de la situation en demandant spécifiquement à Renault d’être particulièrement attentif à ce dossier puisqu’il ne serait pas acceptable que le groupe n’assume pas ses responsabilités. »
La réunion programmée ce lundi sera-t-elle décisive ?
« J’ai convoqué ce comité de suivi qui aura lieu sous l’égide de la préfète et en présence de l’équipe de la délégation interministérielle à la restructuration des entreprises avec laquelle je travaille étroitement à Bercy. Cette réunion vise à faire le point de la situation. On attend de Liberty qu’il nous donne – maintenant que son nouveau patron industriel a bien pris le dossier en main – sa vision de la situation et ses propositions. »
Les fonderies peuvent-elles espérer une sortie de crise ?
« C’est le travail que nous menons avec Liberty et Renault, qui consiste à analyser la situation de commandes prospectives et les améliorations industrielles. La filière forge-fonderie est particulièrement impactée par les transformations en cours dans l’automobile. Ce sous-secteur de la filière automobile aura le plus d’efforts à faire en termes de transformations et de diversifications. »
Quel message adresser aux salariés des fonderies ?
« Ce que je peux leur dire, c’est que j’ai chaque semaine une réunion de deux heures sur les entreprises industrielles sensibles et les fonderies font partie de ces réunions. Je suis de très près ce dossier. »