La sculpture des JO de Paris 2024 d’Alison Saar réalisée dans le Puy-de-Dôme
Publié le 28/03/2024 à 14h00
Les différentes pièces de la sculpture d’Alison Saar ont été créées dans les ateliers de Fonderie Fusions à Charbonnières-les-Vieilles. © BOILEAU FRANCK
Tout est en contrastes chez Fonderie Fusions à Charbonnières-les-Vieilles. L’ancien y côtoie le contemporain, la pierre et le métal et l’immensément connu avec le jardin secret.
Mais c’est aussi la patte des grands, de ceux qui ont débuté dans une grange avec deux salariés, en 1992, dans cet atelier créé par David de Gourcuff, passé par Sciences Po puis Michelin avant de se lancer, par passion, dans la fonderie dans ce coin des Combrailles dont il est tombé amoureux.Désormais, Fonderie Fusions emploie 45 salariés, installés sur trois sites actuellement – dont d’anciennes écuries – avec le projet d’un quatrième site, d’ici l’été 2025, pour recevoir des pièces monumentales, et un chiffre d’affaires global de 6 M€.
Grands noms du design et de l’art
Et quand on parle de cour des grands, Fusions en a fait son terrain de jeux, jusqu’à devenir la plus grande fonderie de France, travaillant la sculpture et le mobilier avec les grands noms du design ou de la création contemporaine : Jean-Marie Appriou et ses chevaux exposés à Central Park, Marc Petit, Eva Jospin ou encore Hubert Le Gall. Il y a désormais aussi Alison Saar, avec laquelle l’entreprise est mise en relation par un autre artiste habitué des lieux, Xavier Veilhan. Ce dernier avait d’ailleurs réalisé, en 2020, l’œuvre intitulée The Audience pour les JO de Tokyo.
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Le projet est de réaliser, en bronze, l’œuvre qui conservera la mémoire du passage des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. « C’est un projet au long cours qui aura nécessité un an de travail, entre sa définition puis sa réalisation », explique Pauline de Gourcuff, codirigeante de l’entreprise.
Un travail main dans la main, les esprits en symbiose, avec la plasticienne, qui est venue passer un mois à la fonderie, en novembre 2023, afin de présenter la maquette de son œuvre. « Il y a eu un temps de moulage assez long ensuite jusqu’à fin février puis la coulée, en mars et la ciselure désormais entre mars et avril. On devrait attaquer la patine la dernière semaine d’avril », énumère Pauline de Gourcuff.
Fin prête fin mai
L’ultime étape devrait être l’alliage de la sculpture – encore tenue secrète du grand public, tout comme son lieu d’installation à Paris – avec son socle, préparé par Mathias Jouannet.
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L’œuvre, d’environ deux mètres, avec différents éléments, devrait être prête fin mai. La pièce aura mobilisé neuf personnes, de différents corps de métiers, à différentes étapes, « juste pour la réalisation du bronze ». Si la technicité de l’ensemble reste classique, la pièce aura demandé « de savoir s’adapter aux autres matières. C’est pour cela qu’on ne travaille qu’avec des artisans locaux pour faciliter la communication », estime Pauline de Gourcuff. Il y a aussi cet enjeu tant mémoriel que sociétal de réaliser « LA » sculpture des JO de Paris :
Elle sera installée dans un lieu public, très visible. On n’a pas le droit à l’erreur ! Il y a toujours un petit stress avec ces matériaux imprévisibles !
Deux autres sculptures pour les JO
Mais avec 50 pièces par semaine qui sortent en moyenne des ateliers, Fusions sait gérer sa course à la façon d’un Zátopek. On y croise là aussi pêle-mêle, 14 arbres de 5 m de haut réalisés pour la mairie de Bordeaux d’après l’œuvre de Leandro Erlich ; du mobilier, alliance de bois et de métal, commandé par des galeries américaines. Ou deux autres sculptures pour les JO de Paris… Mais vous n’en saurez pas plus. Fusions sait cultiver son jardin secret autant que son talent.
François Jaulhac