Un nouveau répit pour les 600 salariés qui ont appris la nouvelle lors d’une mobilisation devant l’usine d’Ingrandes, à la mi-journée. Un redressement assorti d’une période d’observation dont on ne connait pas la durée et pendant laquelle il va falloir trouver d’éventuels repreneurs. C’est la charge qui revient aux mandataires et aux administrateurs.
Pour la partie fonte, le délégué syndical CGT Jean-Philippe Juin affiche un optimisme mesuré relatif, il explique qu'il y a déjà quatre candidats sur les rangs : "Il y a peut-être une possibilité de reprise de la fonte". Du côté de l'alu, c'est une autre histoire, la fermeture du site est prévue en juin prochain.
Un éternel recommencement. De déboires en désillusions, les salariés des fonderies d’Ingrandes sont repartis pour des semaines d’incertitude. Hier, le tribunal de commerce de Paris a ouvert une procédure de redressement judiciaire pour l’Alu (Alvance Aluminium Poitou, 280 salariés) et pour la Fonte (Alvance Foundry Poitou, 292 salariés). Une troisième fonderie du groupe Liberty Alvance a fait l’objet de la même procédure. En l’occurrence Alvance Aluminium Wheels, qui est située à Diors dans l’Indre.
« Véritable fossoyeur d’entreprises »
Le tribunal n’a pas donné la durée de la période d’observation. Le jugement devrait tomber ce vendredi. Ce nouvel épisode d’un trop long feuilleton intervient après le dépôt de bilan des deux usines, intervenu la semaine dernière. Il faisait suite à la faillite de Greensill Capital, partenaire financier de GFG Alliance du milliardaire indo-britannique Sajeev Gupta, qui détient Liberty Alvance, mettant la firme en grande difficulté.
Une assemblée générale du personnel a eu lieu sur le site d’Ingrandes dès l’annonce en provenance de Paris. Aucune action n’a été décidée, les salariés étant suspendus aux futures décisions et notamment à la recherche de repreneurs pour chacune des fonderies.
Les fondeurs semblent croire dans le travail qui sera mené par M Abitbol, l’administrateur nommé par le tribunal. Le même avait été nommé conciliateur ces dernières semaines.
Soulagement à la Fonte
Du côté de l’Alu, la décision du redressement judiciaire n’est pas une surprise. « Aujourd’hui, il faut une remise en état des installations et un investissement lourd dans l’outil de travail, indiquait, hier sur place, Jean-Philippe Juin, élu CGT à l’Alu. Il faut rechercher un repreneur qui apporte un vrai projet en diversifiant le site, et qui ne soit pas à la roue de Renault. »
À la Fonte, la décision du tribunal a été accueillie comme un soulagement tant était grand le risque d’une liquidation pure et simple. « Maintenant, il faut sortir les repreneurs du bois, résume Alain Delaveau de la CGT Fonte. On est confiants. On peut faire de la diversification et on doit pouvoir trouver un repreneur. Il faut arrêter de se battre pour dire qu’on fait de l’automobile. Il y a quantité de pièces qu’on peut produire dans le ferroviaire, la voirie, etc. Sur ce plan, l’administrateur a un discours qui tient la route. »
Les syndicats comptent aussi sur l’État pour ne pas laisser tomber les deux entreprises. Dans un communiqué, le Parti communiste de Châtellerault en appelle aussi à l’État pour « donner au pays un projet de renaissance industrielle ». Et dénonce la « gestion opaque et hasardeuse » de GFG Alliance, « véritable fossoyeur d’entreprises », qui met « en péril 2.500 emplois dans la sidérurgie française ».