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Le carillon de la cathédrale de Rouen est inauguré ce samedi. Un instrument monumental et ultramoderne de 64 cloches. Il a été finalisé au terme de 18 mois de travail par la Fonderie Paccard, une entreprise savoyarde qui exporte son savoir-faire bicentenaire dans le monde entier.
Premier carillon de France par son poids. Deuxième par sa taille. Cet instrument à la frontière entre la musique sacrée et la musique profane est inauguré ce samedi à Rouen à l’occasion des Journées du patrimoine, avec un spectacle joué, chanté et parlé. L’alliance de deux chefs-d’œuvre.
D’un côté l’une des plus célèbres cathédrales de France, peinte sous toutes les couleurs du jour par l’impressionniste Claude Monet. De l’autre, le fruit du travail d’une entreprise symbolique de l’excellence française, la fonderie Paccard. Une entreprise éponyme basée à Annecy, qui compte une vingtaine de salariés et a pour spécialité la fonderie de cloches, à l’usage de bâtiments religieux comme de bâtiments privés.
À l’actif de cette petite société de Haute-Savoie qui réalise 70% de son chiffre d’affaires (de 2 millions d’euros) à l’étranger, des cloches de bronze nichées dans des lieux aussi prestigieux que le campanile de Château Angélus à Saint-Emilion (un carillon de 18 cloches), la Christ Church Cathedral de Vancouver au Canada (un bourdon de 2,2 tonnes), le bâtiment des pompiers de San Francisco (une cloche de 10 tonnes), la cathédrale d’Orléans (un bourdon de 6 tonnes – la Jeanne d’Arc – refondu), ou encore l’Opéra national de Paris (un carillon de 24 cloches).
À Rouen, dans cette plus haute cathédrale de France, l’investissement de l’entreprise Paccard ne date pas d’hier. En 1914, puis en 1954 et 1959, l’artisan fondeur était déjà intervenu sur l’ensemble campanaire constitué d’un carillon de 29 cloches à usage musical situé dans la tour de Beurre, et d’une volée de 4 cloches à usage cultuel nichée dans la tour Saint Romain. Cette œuvre ayant pris feu sous les bombardements en juin 1944, les quatre cloches avaient fondu.
En 1954, Alfred Paccard et son cousin Henri sont alors appelés à la rescousse pour restaurer le carillon. Quatre ans plus tard l’équipe intervient sur la restauration des cloches. Aujourd’hui Paccard achève un travail pharaonique. L’ensemble de cloches a été réuni à 60 mètres de haut dans le beffroi de la tour Saint Romain dans laquelle le carillon a été déplacé après avoir été restauré, nettoyé et enrichi de 5 nouvelles cloches. L’instrument a été doté d’un clavier d’études et d’un système d’insonorisation qui en fera un carillon d’études pour les élèves.
Pour cette entreprise familiale, l’inauguration de ce samedi est l’achèvement d’un travail mené depuis un siècle par cinq générations de la famille Paccard. Les notes des œuvres de Liszt, Brahms, Tchaikovski ou encore Chopin qui résonneront autour de la cathédrale chrétienne seront une ode à une entreprise française qui a mérité le prestige international dont elle jouit.