«Je viens sauver 120 emplois, je ne viens pas casser 150 emplois», a déclaré à la presse Alain Martineau, PDG de GMD, venu pour «essayer de convaincre» les salariés de l’intérêt de son projet pour le site creusois.
«Un syndicaliste, il ne peut pas adhérer à une solution finale qui fait 150 licenciements, c’est pas possible, on ne peut pas dire +j’adhère+. Maintenant, petit à petit ils comprennent qu’il vaut mieux ça» et continuer le développement du site «plutôt que rien», a-t-il estimé après avoir rencontré l’ensemble du personnel.
«A priori, je vais lever ma condition suspensive sur l’adhésion des salariés parce que je pense qu’ils sont troublés, ce qui vont rester seront bien contents de rester», a estimé M. Martineau.
GM&S, placé en décembre en redressement judiciaire, son 3e en huit ans après une succession de reprises éphémères et néfastes, a été placé en liquidation le 30 juin dernier. Le tribunal de commerce de Poitiers a prolongé l’activité jusqu’au 31 juillet, date à laquelle il doit statuer sur la seule offre de reprise sur la table, celle de GMD.
Les négociations des dernières semaines ont permis de lever des conditions suspensives auxquelles GMD liait son offre, notamment des garanties de commandes de PSA et Renault (les principaux clients de GM&S), d’investissement sur le site (partagé entre l’Etat, PSA et Renault), et l’aspect foncier-immobilier.
GMD entend à présent racheter les murs de GM&S pour un million d’euros, a rappelé M. Martineau jeudi matin, insistant que cet «achat des murs est un signe positif, car cela veut dire qu’on ne va pas s’en aller, qu’on reste là».
Du point de vue du ministère de l’Economie, actif sur le dossier depuis des semaines – Bruno Le Maire s’est rendu à La Souterraine la semaine dernière – l’adhésion des salariés reste «la dernière condition suspensive» à la reprise du site. Il a appelé le personnel lundi à «considérer favorablement» l’offre de GMD.
– Les salariés espèrent mieux –
«C’est difficile de reprendre une entreprise avec des salariés qui ne veulent pas de vous», a souligné M. Martineau après avoir rencontré des élus dans la matinée du personnels et les administrateurs judiciaires. Il était attendu dans la soirée à Bercy.
Durant sa rencontre avec les salariés, M. Martineau s’est fait couper la parole plusieurs fois. Certains, énervés, l’ont interpellé plusieurs fois, notamment sur l’épineuse question des emplois.
Selon l’offre de reprise, 120 emplois sur 277 seraient maintenus, en réalité 112 CDI et 8 CDD, selon les syndicalistes qui réclament aussi le meilleur accompagnement possible pour ceux qui partiront.
«Il faut attendre l’audience de lundi, que l’offre soit ferme pour qu’après la procédure soit ferme», a réagi Patrick Brun, délégué syndical CGT. S’ensuivront des consultations du comité d’entreprise. «Et c’est à nous, après, de lui faire la démonstration qu’à 120, c’est pas jouable», a-t-il conclu.
Peu avant la liquidation, une trentaine environ de salariés de GM&S avaient exprimé l’intention de partir, indiquait-on à l’époque de source syndicale.
«Moi je m’occupe de ceux qui restent, en espérant qu’on va se développer et embaucher d’autre gens», a posé M. Martineau. «PSA et Renault ont donné des vues à cinq ans de chiffre d’affaires donc a le temps de s’organiser, de se développer, de regagner la confiance des clients et de repartir, pas de doute».
GMD (Groupe Mécanique Découpage), spécialisé dans l’emboutissage, la plasturgie, la fonderie, l’étanchéité, compte 3.750 collaborateurs, répartis sur 29 sites en France, Europe de l’Est, Maghreb et Asie. Son chiffre d’affaires 2016 s’établissait à 750 millions d’euros, selon son PDG.
GM&S et ses 277 emplois (et environ 800 emplois indirects, selon les élus locaux) était à ce jour le deuxième employeur privé de Creuse. L’entreprise était à l’origine en 1963 un atelier familial de fabrication de jouets en métal, dont des trottinettes. L’usine de sous-traitance mécanique compta jusqu’à 600 salariés en 1990.