A une vingtaine de kilomètres à vol de mouette des falaises d’Etretat, à la sortie de Bréauté (Seine-Maritime) les compagnons de la fonderie d’art Bocquel s’activent.
Il leur faut livrer dans les délais les 25 statuettes, créées par le sculpteur César, qui seront remises le 28 février à l’occasion de la 39e édition du grand rendez-vous de toute la profession cinématographique française, au théâtre du Châtelet, à Paris.
Le processus de production s’étale d’octobre à la fin janvier, toujours dans la plus grande discrétion. C’est la première fois que la fonderie, à la demande de l’Académie des César, entrouvre ses portes et donne à l’AFP quelques explications sur la fabrication de ces trophées si convoités.
«Nous ne produisons pas d’autres trophées mais c’est l’affection que nous portons à César, dont nous avons produit toutes les oeuvres en bronze, qui nous ont conduit à le faire», explique Claire Bocquel.
Avec son frère Gilles, elle a succédé à ses parents, à la tête de cette fonderie d’art, employant une vingtaine de personnes.
Les premiers bronzes ont été réalisés à la fonderie Susse, en région parisienne, puis César a demandé à la fonderie Bocquel de prendre le relais.
Le modèle à répliquer est toujours le même, depuis 1976: une sculpture de bronze poli, parfois décrite comme une «bûche industrielle» que César Baldaccini, a réalisée en utilisant sa fameuse technique de la compression d’objets métalliques.
Première étape: confectionner un moulage élastomère à partir du modèle. Puis couler de la cire chaude à l’intérieur pour bien épouser chaque détail.
Minutieux travail
La première forme du César est alors en cire teintée. Il est léger, d’une épaisseur de 4 millimètres et d’une couleur proche de celle du chocolat au lait.
Cette forme est ensuite logée dans un cylindre métallique rempli de plâtre réfractaire qui va être placé dans un four pendant 72 heures à 800 degrés, pour que toute l’humidité disparaisse.
C’est dans l’empreinte en creux du plâtre que le bronze va être coulé à une température de 1.100 degrés.
C’est le grand moment. Sombre et froide la fonderie soudain s’illumine et se réchauffe. Deux ouvriers, protégés de la tête aux pieds par des vêtements ignifugés, déversent le métal.
Sortie de son moule, la pièce obtenue, assez mate, va être ensuite polie avec des grains d’abrasifs puis de la pâte à polir. Le César a une couleur dorée et brille de mille feux.
«Des gens croient que les trophées sont en or», s’amuse Mme Bocquel. Mais ce n’est que du bronze.
La pièce est creuse mais elle pèse néanmoins 3,8 kg. Très légère pour un colosse comme Omar Sy, César du meilleur acteur en 2012 pour son rôle dans Intouchables, elle apparaît parfois pesante pour d’autres lauréats.
«Nous devons passer de la patine sur les César pour qu’ils ne fassent pas trop de reflets pendant la cérémonie», explique Gilles Bocquel.
Puis les trophées sont gravés en fonction de l’objet de la récompense: meilleur film, meilleur second rôle, meilleure musique… Depuis peu, le nom du lauréat est inscrit en coulisses, juste après qu’il a reçu sa statuette.
Quelques jours avant la cérémonie, Claire et Gilles Bocquel vont livrer eux-mêmes le fruit du minutieux travail de leurs fondeurs.
«Nous prenons tout en charge, du début à la fin», assure Claire.
Lors de la soirée à laquelle elle est chaque année invitée avec son frère, elle va pouvoir profiter du spectacle et du suspense de la remise des prix. Le stress aura quitté la fonderie pour gagner la scène.
Beaux souvenirs de César et Mr et Mme BOCQUEL. J’étais le propriétaire, dans les années 80 du restaurant AU BON VIEUX TEMPS et j’ai recus a quelques reprises mr et mme Bocquel et CÉSAR a ma table, j’ai été à plusieurs reprises invité à la fonderie où j’ai eu l’occasion de rencontrer le Maitre et voir les étapes des réalisations de POUCES de différentes tailles, du CENTAURE et d’autres œuvres telle qu’une centaine d’abeilles en bronze et maintes ébauches de pièces qui me sont restées en mémoire. le Départ du Centaure par la route fut un évenement dans le village.