Fonderie Aluzinc : la stratégie de développement des nouveaux dirigeants
Passionnés par la fonderie, Olivier Pic et Mathis Fortoul sont les nouveaux dirigeants d’Aluzinc, à Veurey-Voroize, avec une ambition de développer l’activité.
Thomas RICHARDSON , le
« On en a ras le bol de voir disparaître des fonderies en France ; on veut une fonderie qui se développe ! » Olivier Pic et Mathis Fortoul sont, depuis octobre 2023, les nouveaux dirigeants de la fonderie Aluzinc, créée en 1991, à Veurey-Voroize. « Cela fait 25 ans que je fais ce métier et Mathis a attrapé le virus il y a quelques années, témoigne Olivier Pic. En rachetant ce site, on veut redonner ses lettres de noblesse à la fonderie. »
Les nouveaux dirigeants de la fonderie Aluzinc souhaitent élargir la clientèle au-delà de la région
Tous deux, anciens salariés de fonderies, se sont rencontrés en 2021, dans la perspective de réaliser ce rachat. « On a mis près d’un an à tout préparer et à trouver les financements », explique Olivier Pic. Les deux associés ont investi environ 80 000 euros de leur poche.
« Aujourd’hui, nous sommes 13 collaborateurs dans l’équipe, indique Olivier Pic. On prévoit de recruter deux personnes cette année et, si on arrive à se développer, on continuera d’embaucher. » Même s’il reconnaît que ce n’est pas évident d’attirer des talents. « On n’est pas un métier sexy, c’est bruyant, physique, contraignant… Mais c’est un métier qui a du sens. On sait ce qu’on fabrique et pourquoi. »
L’entreprise compte environ 90 clients, dont 98 % d’industriels. « Ce sont aussi bien des petites entreprises qui se développent que des grands comptes comme Safran. Plus de 80 % de nos clients sont dans la région grenobloise. » Les deux repreneurs souhaitent désormais rattraper le temps perdu afin qu’Aluzinc puisse bénéficier à son tour du virage de la réindustrialisation, amorcé avec la crise sanitaire.
Aluzinc est une des rares fonderies à disposer de quatre procédés différents et complémentaires
Le chiffre d’affaires est de 2 millions d’euros. Les deux repreneurs espèrent croître à un rythme d’environ 500 000 euros supplémentaires par an. D’autant qu’Aluzinc dispose, au sein de ses 2 400 m2 de locaux, d’un atout rare pour une fonderie, à savoir quatre procédés différents et complémentaires : sable, coquille par gravité, injection zamak et injection aluminium. « En plus, nous avons un atelier d’usinage pour la finition des pièces. » Cette diversité de techniques permet à l’entreprise de répondre à la fois aux commandes volumineuses mais aussi aux demandes de moyennes et petites séries, y compris celles émanant d’artistes.
« A nous de montrer que les clients ont un intérêt à travailler avec une fonderie locale plutôt que de traverser la planète, ce qui n’est pas terrible en termes de bilan carbone. » Olivier Pic et Mathis Fortoul souhaite attirer des entreprises au-delà la région tout en conservant cette volonté de répondre à tous les besoins.« On ne se voit pas mettre des petits clients dehors pour en accueillir des gros. »
Olivier Pic estime que les fonderies joueront un rôle majeur après 2035, dès lors que les constructeurs automobiles ne proposeront plus de pièces de rechange pour les véhicules à moteur thermique.