L’EST- Républicain
Ferry-Capitain, l’entreprise des pièces gigantesques
L’une est meusienne, l’autre champenoise. Deux intercommunalités se sont associées de manière inédite avec la Région, au nom de l’emploi. Symboliquement, le pacte a été conclu du côté de l’un des fleurons de l’industrie française dont les pièces équipent le métro de Los Angeles ou encore le viaduc de Millau. La fonderie Ferry-Capitain s’ouvre à présent au secteur aéronautique.
Les couronnes dentées pouvant atteindre un diamètre de 16 m sont l’une des spécialités de Ferry-Capitain, qui fournit notamment les grands industriels de la mine et du ciment. Photo ER /CD
Même pas peur. À l’image de la fonderie haut-marnaise Ferry-Capitain, mondialement réputée pour ces pièces gigantesques, les deux communautés de communes Portes de Meuse (55) et Bassin de Joinville-en-Champagne (52) ne se laissent guère impressionner. 35. 000 habitants à elles deux, soit 10 % de la métropole de Nancy comme l’a relevé Stéphane Martin, maire de Gondrecourt-le-Château et président de l’intercommunalité meusienne, elles se sont associées fin 2019 pour signer, conjointement, avec la Région, le Pacte offensive croissance emploi (POCE). Cette façon de transcender les limites départementales est une première dans le Grand Est. Elle s’explique par une proximité d’enjeux dont le projet d’enfouissement des déchets radioactifs Cigeo (Centre industriel de stockage géologique) n’est pas des moindres. Mais également par un passé-présent-futur partagé dans ce bassin de vie.
Au château de la Maison de Lorraine-Guise
Symboliquement d’ailleurs, la signature du pacte s’est déroulée en décembre au château du grand jardin de Joinville, berceau historique de la Maison de Lorraine-Guise. Et elle a été précédée par un déplacement du président du conseil régional Jean Rottner au siège de Ferry-Capitain, à Vecqueville où cette entreprise familiale a été fondée en 1831. Dirigée par Marthe Prunier-Ferry, c’est aujourd’hui une filiale du groupe CIF, qu’elle préside, et qui compte 7 sites dans le grand quart nord-est de la France ainsi que dans la Ruhr (Allemagne), des succursales en Amérique du Nord, en Inde et au Moyen-Orient. Côté lorrain, Marthe Prunier-Ferry est administratrice au sein de l’entreprise Les Bronzes de l’industrie (LBI) à Amnéville.
Le nom de Ferry-Capitain est associé aux tunnels parmi les plus grands du monde (Grand Paris, métro de Los Angeles…) auxquels l’entreprise a fourni des pièces, aux brise-vent du viaduc de Millau, aux voussoirs du tunnel sous la Manche, aux poulies de la Tour Eiffel, à des rotors d’éoliennes off-shore, à des systèmes de transmission pour les mines d’or, de nickel et de cuivre au Chili, en Russie, en Afrique ou encore en Australie… Dans la métallurgie, ses couronnes dentées pouvant aller jusqu’à 16 m de diamètre ont témoigné de sa capacité à innover.
De Fokker à Boeing
Du lourd qui permet de rebondir. En devenant une industrie 4.0, Ferry-Capitain s’est ouvert à un nouveau secteur. Elle a créé un département FC Aerospace. Le nouvel alliage mis au point par son service R & D lui a permis de breveter un châssis pour des pièces en matériaux composites destinées à l’industrie aéronautique. Le Néerlandais Fokker est intéressé. Airbus et Boeing suivent aussi de près ces recherches.
ETI (entreprise de taille intermédiaire), Ferry-Capitain réalise un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros principalement à l’exportation (80 %). Ses ateliers au bord de la Marne emploient 370 salariés… dont la moyenne d’âge est de 42 ans. De longue date, Marthe Prunier-Ferry a misé sur la formation. 34 apprentis y sont actuellement contractualisés, du bac jusqu’au niveau ingénieur. Quant à l’entreprise, bien qu’âgée de près de deux siècles, elle lance sa start-up, sous la houlette de son directeur technique, Jean-Baptiste Prunier : FER’INCUB s’apprête à répondre aux besoins d’expertise croissants de certains clients. Plus que fondeur, solutionneur.