Les Echos –
« Il faut conserver ces savoir-faire industriels et sauver des centaines d’emplois dans les vallées alpines qui ne peuvent vivre que du tourisme. » VINCENT ROLLAND Député (LR) de la Savoie.
En difficulté sur ses marchés du silicium depuis un an, Ferroglobe a annoncé un projet de restructuration de Ferropem. Cette filiale en France, qui compte 1.030 salariés.
« Une forteresse industrielle centenaire et un fleuron. »
Les élus de la vallée de la Maurienne ne lésinent pas sur les mots pour sauver le site Ferropem de Montricher-Albanne (Savoie) qui emploie 150 personnes et produit 30.000 tonnes de silicium par an. Fin octobre, syndicats et élus ont interpellé sur place les dirigeants du groupe Ferroglobe (maison mère de la filiale française) qui accompagnaient les représentants du cabinet d’audit Bain & Company. Annoncée début octobre, la restructuration de Ferropem issu de l’ancien groupe Pechiney Electrométallurgie, a pris ce jour-là une allure concrète et confirmé les craintes des syndicats.
Selon Xavier Marmi, membre du comité central d’entreprise et délégué CGT, « seuls les trois sites alpins du groupe ont été déclarés “non rentables” ». Pour les élus, « les fondamentaux de l’entreprise étaient bons, avec un savoir-faire reconnu mondialement car produisant un silicium de haute qualité ». José Merino Matesanz, DRH du groupe Ferroglobe et président de Ferropem, a répondu, cité par l’hebdomadaire « La Maurienne », que « les résultats étaient mauvais car les conditions de marché ont changé ». Depuis un an en raison d’une surproduction mondiale et de la crise sanitaire, les voyants de Ferroglobe (qui annonçait encore un chiffre d’affaires de 2,3 milliards de dollars en 2018) sont dans le rouge. Selon le cabinet Difecos Expertises mandaté par le CSE Central (comité social et économique) en 2020, le groupe hispano-américain enregistre un chiffre d’affaires en forte baisse et un résultat largement négatif à juin 2020.
Ferropem, lui, enregistrerait 147 millions d’euros de revenus pour une perte de 15 millions d’euros. Ferropem compte 7 sites en France avec 1.030 salariés et 30 intérimaires. Encore préservée, grâce sans doute au recours à un chômage partiel massif depuis plus d’un an, la filiale française « représente un ensemble industriel cohérent qui peut être rentable et possède de grands savoir-faire à condition de pouvoir bénéficier d’une politique d’investissement et d’une stratégie de développement », souligne Xavier Marmi fort de l’analyse du cabinet Difecos qui souligne : « La compétitivité de Ferropem est ici éprouvée alliant productivité et qualité des productions. »
Craignant de voir amputé sinon supprimé le potentiel industriel de Ferropem, le syndicaliste estime aujourd’hui « n’avoir aucun avenir au sein de Ferroglobe » et se prononce « en faveur d’un repreneur, déjà connu ». C’est cette solution que Vincent Rolland député (LR) de la Savoie est allé exposer au cabinet de la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher.
Dans sa manche, un « investisseur extérieur, un industriel, qui serait prêt à racheter Ferropem, à condition que Ferroglobe veuille vendre ». « Il faut conserver ces savoir-faire industriels et sauver des centaines d’emplois dans les vallées alpines qui ne peuvent vivre que du tourisme », souligne l’élu de Courchevel.
Bercy explique aux « Echos » combien, en plus de l’emploi qu’elle représente, cette filière est stratégique pour la production de silicium et qu’il n’est pas question de la voir disparaître.
Ferropem fabrique du silicium et des ferroalliages utilisés notamment dans l’industrie des silicones en Europe avec des champs d’applications très large. Pour convaincre Ferroglobe ou un autre industriel de conserver Ferropem en France, les pouvoirs publics veulent aussi faire évoluer les règles européennes afin de pouvoir jouer sur deux variables : le coût de l’énergie qui représente 30 % du prix de revient du silicium et les barrières douanières anti-dumping, sur le métal chinois.
En tant qu’hyper électro-intensif, en raison de sa très forte consommation électrique qui peut s’effacer, Ferropem participe aussi à la régulation du réseau électrique français et européen et à ce titre demeure stratégique.