«Il faut préciser à nos clients qu’une alternative est envisageable pour relancer l’activité sur le site d’Adé et sauver un maximum d’emplois.» C’est désormais dos au mur que les élus du comité d’entreprise de l’usine CPP Europe-Microcast portent ce plan de reprise, dernier rempart contre la fermeture de ce site de fonderie qui emploie 143 personnes pour un chiffre d’affaires de 10 M€.
Victime d’un incendie le 15 décembre dernier, l’entreprise, fleuron industriel qui fabrique des pièces en aluminium pour l’aéronautique civile et militaire, a dû stopper son activité. Le 5 janvier, la partie finale de la fabrication était de nouveau opérationnelle, afin de pouvoir satisfaire les commandes des clients, représentant six mois de production. «Depuis, la moitié du personnel est toujours en activité partielle, subissant une baisse de revenus, la direction n’ayant pas accepté de compléter les salaires», regrettent les élus du CE. Pire, la direction américaine a indiqué à ses clients qu’un redémarrage n’était «pas envisageable avant un délai de 9 à 12 mois, selon ces élus et que la seule solution pour honorer les commandes était de relocaliser les fabrications sur d’autres sites du groupe en France et aux États-Unis.»
Pourtant, un projet de relance de l’activité existe, visant le processus de coulée basse pression qui représente 70 % du chiffre d’affaires. «Nous sommes réalistes. On ne sauvera pas tous les emplois mais on veut en pérenniser le maximum et sauvegarder le site», expliquent les élus du CE de l’entreprise, qui perdait déjà de l’argent avant l’incendie. «Après négociation, la direction a signé un accord, le 23 janvier, consistant, en partie, à tenir un planning sur treize semaines pour la reconstruction et l’installation sur le site d’Adé, des moyens permettant la reprise de l’activité basse pression dans son intégralité, indiquent les élus. En contrepartie, nous avons donné notre accord pour le transfert de certains outillages vers d’autres sites, comme celui de Châteauroux. L’ensemble du personnel était resté très motivé pour livrer les pièces aux clients dans les meilleures conditions, persuadé qu’une reprise de l’activité était en bonne voie.»
Mais vendredi, lors d’un CE extraordinaire, la direction a annoncé qu’elle souhaitait déléguer ses pouvoirs à un administrateur, mettant en place une procédure de sauvegarde de l’entreprise. «Comment imaginer qu’un groupe comme CPP Corp ait besoin de se mettre sous la tutelle du tribunal de commerce pour fermer un site de production alors qu’il n’y a aucun caractère d’extrême urgence», s’interrogent les élus qui ont tenu à rendre public leur combat. «Il faut que nos clients sachent qu’il existe une solution alternative, jamais évoquée par la direction, pour relancer l’activité basse pression en quinze semaines. Notre salut passe par l’engagement de nos clients à voir redémarrer ce site.» Dans le cas contraire, les élus, reçus hier à la DIRECCTE, souhaitent «attirer l’attention des pouvoirs publics sur les conditions d’un futur plan de sauvegarde de l’emploi digne de ce nom, prenant en compte les difficultés de reclassement dans notre bassin d’emploi et à la hauteur de la surface financière du groupe CPP Corp.»
Lundi devant le tribunal de commerce
La demande de placement en procédure de sauvegarde de l’entreprise CPP Europe sera examinée lors de l’audience du tribunal de commerce de ce lundi après-midi. «C’est le premier stade, la procédure la plus soft de notre arsenal, commente Guy Beaudéan son président. La société n’est, par exemple, pas en état de cessation de paiement.» À l’issue de cette audience, une période d’observation de plusieurs mois devrait être décidée. Un administrateur et un mandataire judiciaires seront désignés. «L’objectif du tribunal de commerce demeure la pérennité de l’entreprise et la sauvegarde des emplois qui guident toujours nos décisions», rappelle le président.
Andy Barréjot