: jeudi dernier, Celebrity Cruises, filiale haut de gamme de l’armateur américain Royal Caribbean Cruises Ltd (RCCL), annonçait la signature d’une lettre d’intention portant sur une commande de deux nouveaux paquebots pour un montant de 1,2 milliard d’euros. Livrables à l’automne 2018 et début 2020, ces deux unités de luxe – qui mesureront 300 mètres de long pour 38 mètres de large et compteront 1.450 cabines – représentent plus de 11 millions d’heures de travail. Cette commande géante sécurise le plan de charge et l’emploi sur le site jusqu’en 2020. Ce contrat confirme par ailleurs le retour à Saint-Nazaire de RCCL, client historique des chantiers : ces deux navires s’ajoutent en effet aux deux paquebots de la classe « Oasis », les plus grands du monde, déjà commandés par RCCL.
Cap sur les marchés prometteurs
Comment cette entreprise centenaire (aujourd’hui détenue à un tiers par l’Etat et aux deux-tiers par le conglomérat sud-coréen STX) a-t-elle retrouvé une telle attractivité dans un secteur soumis à une concurrence mondiale féroce ? Pour Hugues d’Argentré, délégué général du Groupement des industries de construction et activités navales (Gican), « ce succès repose sur trois piliers : un savoir-faire unique à forte valeur ajoutée dans le haut de gamme de la construction navale, une politique d’investissement et d’innovation volontariste ainsi qu’un réseau exceptionnel de coréalisateurs et de partenaires territoriaux qui s’engagent pleinement auprès de STX. Par ailleurs, l’entreprise a décidé de se diversifier et met le cap sur les marchés prometteurs des énergies marines renouvelables et de la croissance bleue. » En outre, un « accord de compétitivité » négocié avec les syndicats début 2014 a permis de réduire le coût horaire du travail.
Une succession de défis
Les chantiers de Saint-Nazaire emploient aujourd’hui 2.400 salariés, ont créé 250 emplois depuis deux ans et font travailler 4.000 personnes supplémentaires chez des sous-traitants. Leur longue histoire a été marquée par une succession de défis – parfois douloureux – et de sauts technologiques majeurs. Ils incarnent à leur manière l’histoire de l’industrie en France, dans ses doutes comme ses espérances. Et leur renaissance démontre que le savoir-faire, la montée en gamme, la technologie et l’innovation demeurent nos meilleurs atouts face à une concurrence mondialisée.
Alors que certains décrivent notre économie comme un navire encalminé, la devise de Saint-Nazaire, « Aperit et nemo claudit » (« Elle ouvre et personne ne ferme »), référence à la clef du blason de la ville, pourrait être le slogan d’une industrie française ouverte sur le monde, moderne et conquérante.