Le déficit d’ingénieurs compromet la possibilité pour la France d’atteindre ses objectifs de transition écologique et de réindustrialisation, alertent les écoles d’ingénieurs.
La France se fixe des objectifs ambitieux pour l’avenir :
devenir le leader de l’innovation en Europe,
réindustrialiser…
Ils ne pourront être atteints que si elle dispose de suffisamment d’ingénieurs pour concevoir, produire et innover.
Malheureusement, la France affiche un déficit annuel de 15.000 ingénieurs par rapport à ses besoins. Pour réussir la transition écologique, rester dans la course technologique mondiale, nous devons réinvestir dès à présent le champ de l’ingénierie en prenant trois tournants décisifs.
Il manque 15.000 ingénieurs par an
Pour refaire de la France une grande nation scientifique, et enrayer le déclinil faut replacer la science au cœur des enseignements, dès le plus jeune âge.
C’est dès le plus jeune âge que l’on éveille la curiosité pour les mathématiques et la science. C’est dès le plus jeune âge que l’on crée les conditions pour que demain, le « vivier » d’aspirants ingénieurs soit suffisant pour répondre aux besoins.
Il y a urgence, car les écoles d’ingénieurs constatent déjà une baisse du niveau des candidats aux concours. Or s’il est un domaine où l’on ne peut pas abaisser les exigences, c’est bien l’ingénierie : la construction, l’exploitation et l’entretien des centrales nucléaires, ou encore le développement des moyens de contrer les cyberattaques, n’autorisent aucune approximation !
Deuxième tournant : prendre dès à présent la mesure du manque d’ingénieurs. Et se résoudre à en former davantage , sans baisser la qualité des formations.
On le redit, il manque au bas mot 15.000 ingénieurs diplômés par an et ce sera beaucoup plus si le pays parvient à se réindustrialiser et à revenir au premier plan technologique.
Les conséquences désastreuses de ce manque sont connues : faillites d’entreprises faute d’avoir su innover, déficit commercial qui s’accroît, appauvrissement et déclassement.
En France, pays où l’enseignement supérieur est accessible à tous, cela nécessite un investissement de l’Etat. Former des ingénieurs a un coût. C’est une décision politique d’investissement dans l’avenir.
L’Etat doit investir
Troisième tournant : réinvestir le champ de la recherche appliquée en ingénierie et en sciences, où les performances françaises sont loin de celles des voisins anglais et allemands.
Pourquoi ? Une des raisons tient à l’organisation de l’écosystème de recherche en France. Si la recherche fondamentale peut être réalisée loin du monde économique, dans de grands organismes publics nationaux, la recherche appliquée doit se faire au plus près des entreprises innovantes.
C’est aux écoles d’ingénieurs de prendre les devants , en lien avec ces dernières, sur la recherche appliquée en ingénierie et en sciences. Elles bénéficient de liens privilégiés, à travers notamment leur réseau d’anciens, avec des milliers de PME, d’ETI et de grands groupes sur tout le territoire. Leur savoir-faire en la matière n’est plus à démontrer.
De tels partenariats de recherche appliquée entre acteurs économiques et académiques sont la clé du succès des pays qui font aujourd’hui la course en tête des classements internationaux : il serait avisé, en toute modestie, de s’en inspirer.
Emmanuel Duflos est président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI).
Bonjour,
Nous ne manquerons pas d’ingénieur. Mais tout comme Polytechnique une gtande partie des ingénieurs vont maintenant travailler dans la finance pour gagner bien plus. De plus en plus d’école propose des modules et formations dirigées vers la finance. Les salaires y sont deux à trois fois supérieurs à un jeune ingénieur qui va prendre une fonction technique.
A l’époque de mes études d’ingénieur cela n’existait pas. Et les ingénieurs formés occupaient des fonctions en relation avec leurs études.
Mais cette époque est révolue. Je vais plus dire qu’il faut redonner envie aux ingénieurs d’embrasser une carrière technique notamment dans nos industries.
Cordialement Exp’air Lab.