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Par : piwi
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mardi 08 Mar, 2022
Catégorie : Economie

CHRONIQUE : Pour Renault, les conséquences de la guerre en Ukraine pourraient être la crise de trop

Stéphane Lauer – Editorialiste au « Monde »

Pas assez rentable, fragile financièrement, en panne de stratégie, très exposé sur le marché russe visé par des sanctions internationales après l’invasion de l’Ukraine, le constructeur automobile français n’a jamais semblé aussi vulnérable, souligne dans sa chronique

« Trop petit, trop seul, trop français. » Pendant des années, la direction de Renault a été hantée par cette formule tirée d’un article paru en 1994 dans le magazine L’Expansion. Juste après l’échec de l’alliance avec Volvo, il soulignait la nécessité pour la marque au losange de devenir un acteur mondial dans un marché globalisé. Vingt-huit ans plus tard, le constructeur donne le sentiment d’être revenu à la case départ. Alors que le secteur automobile doit affronter le plus grand défi de son histoire avec la transition écologique, Renault est plus vulnérable que jamais. Déjà à la peine sur le plan commercial, financier et industriel, le constructeur français est aussi le plus exposé aux conséquences de l’invasion russe en Ukraine.

Depuis le début des hostilités, Renault a perdu un tiers de sa capitalisation boursière qui était déjà l’une des plus faibles du secteur. En 2007, la décision du PDG de l’époque, Carlos Ghosn, de prendre le contrôle du constructeur automobile russe Avtovaz a fait du français le leader de ce marché.

Désormais, la Russie pèse 18 % de ses ventes mondiales et a assuré la moitié de son résultat opérationnel dans l’automobile en 2021. La suite laisse craindre le pire avec l’effondrement probable du marché local, les difficultés pour sa filiale bancaire, RN Bank, à se refinancer et les ruptures d’approvisionnement sur certains composants. Les deux usines du constructeur sont déjà à l’arrêt. Renault se retrouve pris au piège des sanctions internationales décidées contre la Russie.

Après l’éviction spectaculaire de Carlos Ghosn en 2018, qui a révélé au grand jour les dysfonctionnements de l’alliance avec Nissan, après des pertes historiques de 8 milliards d’euros en 2020, Luca de Meo, désormais directeur général de Renault, affirmait quelques jours avant la guerre russo-ukrainienne que le groupe était sur la voie du redressement.

Marge de manœuvre réduite

Pourtant, les résultats financiers portaient déjà les stigmates d’une extrême fragilité. D’abord, les ventes de la marque au losange sont historiquement basses avec 1,69 million de véhicules écoulés en 2021. L’année de l’article de L’Expansion, c’était 1,83 million.

Ensuite, ces ventes ne lui rapportent pratiquement rien : l’essentiel de son bénéfice provient de sa filiale bancaire, RCI.

Par ailleurs, pour afficher un flux de trésorerie disponible (free cash flow) en amélioration, la direction financière n’a pas hésité à comptabiliser des cessions d’actifs (notamment des concessions appartenant à son réseau commercial, Renault Retail Group). Sans cet artifice douteux sur un plan comptable, la marge de manœuvre financière du groupe reste extrêmement réduite.

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