La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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jeudi 27 Mar, 2014
Catégorie : Réunions

Chronique authentique du vieux fondeur

racontée par Claude NOWAK -Pass Président du Groupement des Fondeurs de L’Ouest – Illustration à venir .
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A chaque assemblée j’essaye de faire passer un message et de façon générale, il tourne autour de la nécessité de se rassembler, parce qu’un fondeur isolé est un fondeur en danger.
Mais cette année je vais vous raconter une anecdote qui m’est arrivée il y a quelques mois et qui ne vous arrive qu’une seule fois dans votre vie professionnelle.

En octobre de l’année dernière j’ai reçu un coup de fil d’une autorité du GIGN.
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Un colonel me demande, j’imagine que c’est encore une démarche pour une pub dans le canard de la gendarmerie.
Eh non ! C’est bien un vrai colonel qui se présente, chef de la force d’intervention du GIGN à Versailles, et envoyé par Patrick Wibault, via les Fondeurs de France.

Le colonel m’explique qu’il voudrait fabriquer des dagues à partir d’un métal un peu particulier. Ce métal proviendrait de la charpente d’une caserne désaffectée, qui aurait une valeur hautement symbolique pour le GIGN.
wwtc.jpg.
La difficulté pour cette autorité avait été de trouver un aciériste qui veuille bien fondre 60 kg et pas 60 tonnes.

Pas de problème chez Fondax (35) , le client est roi et, après une rapide remise de prix, la commande est passée. Ce seront donc des plaques de 350 mm par 50 mm, épaisseur 8 qui devront accepter ce métal. Ces plaques seront ensuite forgées pour en faire des lames.

Nous attendons le métal pour commencer la fabrication et c’est le maître coutelier, un ami du colonel, qui nous l’apporte.

Les morceaux de métal ont effectivement des formes peu banales, ils sont collés entre eux, tordus et sont d’une bonne épaisseur de 10 à 30mm.
Avec mon personnel nous commençons à douter de la provenance de ce métal, ça ressemble plus à de l’acier de blindage d’un char qui aurait brûlé après une explosion, enfin un truc comme cela. Le maître coutelier ne connaissant pas la provenance ou ne voulant pas nous la dire, nous restons sur notre faim.

Les moules en sable sont prêts et le coutelier veut assister à la coulée. Rajout de carbone, silicium et manganèse, c’est tout de même du métal pour faire une arme de point et nous coulons les plaques.

Après qu’elles aient subi un traitement thermique, les pièces sont prêtres à être expédiées, mais le colonel annonce qu’il passera chercher lui-même ces plaques et qu’il ne faut surtout pas les envoyer par transporteur. Que de mystère !!!
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Quelques semaines passent et le colonel arrive.

Comme tout bon gendarme il me laisse parler et, comme vous le savez, c’est assez facile et puis je pose la question qui me chiffonnait depuis quelque temps :
« Votre métal, il ne provient pas de votre caserne désaffectée ».?
La réponse du colonel est la suivante : « non, je voulais que tout cela reste secret le plus longtemps possible : le métal vient du World Trade Center ».
World-Trade-Center.jpg
Comme vous l’imaginez j’en suis surpris et d’un seul coup je ne vois plus ces bouts de ferraille de la même façon.

L’explication est la suivante : le GIGN est en relation permanente avec son homologue américain qui a réussi à récupérer 60 kilos de ce métal par le biais d’un de ses amis pompier à New York. Il est très difficile d’obtenir ce métal qui est stocké dans de grands hangars.

L’idée de fabriquer des dagues avec ce métal représente une symbolique forte pour le GIGN et son homologue américain. Ces dagues (une cinquantaine en tout) seront remises à des hommes du GIGN à l’issue d’un acte de bravoure ou d’héroïsme.

Il était impossible d’imaginer que ces 2 immenses tours seraient un jour détruites, dans des conditions que vous connaissez (10 ans déjà, à quelques jours près) et encore moins que ce métal se retrouverait dans un de mes fours.
Les dagues que vous voyez ont été faites entièrement à la main et sont d’une finition exemplaire : la lame est donc en acier fin, du type WF (WorldtradecenterFondax), le manche en vieux chêne recouvert de peau de loup (c’est typé GIGN).

Pour finir l’histoire, l’Américain qui est venu avec toute sa famille, tout ceci se passait au Cercle des Armées à Paris m’a donc remercié pour ma contribution à leur projet et m’a épinglé un pin’s (le drapeau américain) que je porte sur mon blaser. C’est un spécial Obama, il paraît que le président le porte tous les jours !

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