En contrepartie, Yantai Taihai s’engage, selon le protocole d’accord du 31 octobre, à investir 60 millions d’euros d’ici 2016 dans la rénovation et la modernisation des usines et à engager 30 à 40 salariés en France. Le but : devenir grâce à cette acquisition le leader mondial des produits de forge et de fonderie pour le nucléaire civil.
Une seule condition devait être remplie avant de finaliser la transaction: obtenir l’autorisation du Ministère de l’Economie et des Finances – obligatoire dans le cas de cession d’entreprises propriétaires de technologies importantes ou stratégiques. Yantai Taihai avait réclamé que cette autorisation soit accordée avant le jeudi 6 décembre, de façon à ce que tout soit définitivement signé au 31 décembre.
Las ! Très vite, un problème est soulevé par le gouvernement. Craignant un transfert de technologie, ce dernier refuse que les Chinois mettent la main sur l’une des usines de Manoir Industries, nommée Outreau Technologies, située dans la ville du même nom, dans le Pas-de-Calais. Ce site fabrique des « cœurs d’appareils de voie » (des pièces increvables et essentielles pour le passage des TGV, mais aussi des trains, RER, métro et trams) et emploie 210 personnes.
L’allemand Vossloh aussi sur les rangs
Bercy préfèrerait en fait un autre acheteur potentiel, qui a déjà plusieurs fois essayé de racheter Outreau Technologies : Vossloh-Cogifer, filiale du groupe allemand Vossloh, l’un des plus grands équipementiers ferroviaires au monde. Le 12 novembre, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier – qui n’est autre que l’ancien député du Pas-de-Calais… -, se déplaçait même à Outreau, pour lui signifier le soutien du gouvernement à l’industrie française. Il était accompagné en outre de Guillaume Pepy, président de la SNCF, l’un des principaux clients de l’usine. Et, à la fin de la visite, la SNCF se serait dite prête à entrer au capital de Outreau Industries, aux côtés du groupe chinois, de façon à préserver les intérêts français.
Mardi 20 novembre, le président du conseil de surveillance de Yantai Tahai, Wang Xuexin, a écrit au cabinet d’Arnaud Montebourg pour tenter de trouver une issue au conflit. Il proposerait, d’ici l’été, de céder la majorité du capital de l’usine d’Outreau à une ou deux sociétés ou fonds d’investissements français, à condition qu’aucun des nouveaux actionnaires ne possède plus de parts que Yantai. Pourquoi ? Pour préserver les possibilités de l’usine de vendre ses produits en Chine…
Il ne reste plus que quelques mois pour trouver une solution. Sinon, menace un proche du dossier, le groupe Manoir Industries sera à court de cash en février prochain. Bien avant cela, une réunion aura lieu en Chine mercredi prochain, 6 décembre, avec tous les acteurs du dossier, pour trouver une solution
Sujet tellement brulant que personne n’ose apporter de commentaires
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