La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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samedi 25 Juin, 2022
Catégorie : Selon la presse

« Ça a beau être une mort annoncée, j’ai un peu de mal à digérer la chose »

CENTRE PRESSE –

« Je n’arrive pas à me dire que dans une semaine c’est fini »

Le coeur lourd, les 300 salariés de la Fonderie alu terminent les 75.000 dernières culasses commandées par Renault, une semaine avant la dernière coulée, prévue le 30 juin.

 Dans l'usine, les 300 salariés de la Fonderie alu continuent de travailler malgré la baisse d'activité sur le site d'Ingrandes.
 (Photos Mathieu Herduin)

Une drôle d’ambiance flotte dans l’air derrière les immenses murs de la Fonderie alu d’Ingrandes, ce jeudi 23 juin. Dans une semaine, le 30 juin, ses 300 ouvriers y réaliseront une dernière coulée avant l’extinction des fours et la liquidation judiciaire. En attendant la dernière, l’usine vivote. Ses salariés terminent de fondre les derniers lingots d’aluminium pour les dernières pièces commandées par Renault. Une commande de 75.000 culasses accompagnée d’une prime de productivité.

Mais le coeur n’y est plus. « On est blasés », résume Thierry, un des fondeurs. « Ça a beau être une mort annoncée, j’ai un peu de mal à digérer la chose », souffle Bruno Herbras, près de 30 ans de fonderie au compteur, à quelques mois de la retraite. « Je n’arrive pas à me dire que dans une semaine c’est fini. Finir une carrière comme ça, ce n’est pas normal. »

Cette usine, grande comme une cathédrale, a fait la fierté de ses fondeurs. Ils en parlent comme d’un être vivant. Un être à l’agonie, aux portes de la mort, mais dont ils célèbrent encore les belles années. Dominique détaille comment, au plus fort de l’activité, ils produisaient 45.000 culasses par semaine. À l’époque, ces pièces de moteur faisaient vivre 800 salariés et près de 400 intérimaires.

Aujourd’hui, seuls deux des quatre fours à induction et cinq des dix-sept machines basse pression fonctionnent encore. On est dans le coeur de l’usine. C’est là que l’aluminium atteint sa température de fusion. Là aussi que les fondeurs coulent l’aluminium dans les moules, préparés dans l’usine. Il fait chaud, sombre, et le bruit est assourdissant. Un métier éprouvant.

Malgré tout, beaucoup d’ouvriers n’imaginaient pas une autre vie. Ici, beaucoup ont cumulé des années d’ancienneté et les salaires qui vont avec. Opérateurs, parfois sans formation, ils auront du mal à retrouver des salaires équivalents sur le bassin Châtelleraudais.

« Ceux qui sont là ne savent pas forcément se vendre », analyse Thierry, chef d’équipe paternaliste, en parlant de « ses gars ». « Pourtant, ils ont des compétences. Ça fait 30 ans ou 40 ans qu’ils bossent. » Pôle emploi intervient sur place depuis le 1 juin. Dans le bureau des informaticiens, au fond de l’usine, deux salariés ont mis la main sur un petit trésor. Des albums photos retraçant les 41 années de vie de l’usine. Comme dans une réunion de famille, ils tournent les pages et s’amusent des dégâts du temps sur les visages de leurs collègues. « Tiens, voilà Édith », s’amuse Christophe, l’un d’eux, en pointant une photo d’Édith Cresson, alors première ministre, lors des dix ans de l’usine.

Retour au présent. Avec son appareil photo, Bruno Herbras poursuit l’album de famille. Régulièrement, il fait le tour de l’usine pour immortaliser chacun de ses frères d’armes. Dernièrement, il avait aussi entrepris de traverser la cour pour voir ce que devient la fonderie fonte, fermée aussi depuis l’an dernier. Il n’est pas resté. « J’avais trop le bourdon. » Quand la Fonderie alu fermera aussi, il craint que l’ensemble du site devienne une immense friche. En tout cas, lui, se l’est promis. Il n’y remettra plus les pieds après la dernière coulée. Histoire de faire son deuil.

Zone de commentaire !

5 commentaires pour : "« Ça a beau être une mort annoncée, j’ai un peu de mal à digérer la chose »"

  1. On ne peut que partager mais tout à été dit et acté, cette échéance malheureuse ne pouvait que se réaliser.

    Bonne chance à tous ceux qui se retrouvent sans emploi pour en retrouver un dans de bonnes conditions.

    Fonderie et aluminium, process et produit sont peut-être une éventuelle chance pour ceux qui pourront être mobiles .

    Merci à eux pour tout ce qu’ils ont réalisé, ils n’avaient surtout pas mérité cette triste fin.

  2. Bonjour,
    Je me répète une fois de plus, avec cette voiture électrique ils vont droit dans le mur ,bientôt les grandes vacances vous voyez 5000 véhicules électriques sur l’autoroute A7, avec la chaleur dans les voitures ils ne pourront pas mettre la climatisation ne parlons pour l’hiver il faudra conduire bien habillé et peut être mettre des gants pour tenir le volant. J’oubliais et par temps d’orage, et que la ville soit inondée aucune voiture ne pourra rouler .Souhaitons que les pompiers et les ambulances que leur véhicule ne soit pas électrique, ça sera une belle pagaille, une ville morte.

    Le plus beau c’est que quelques centrales nucléaires sont à l’agonies, plusieurs réacteurs sont à l’arrêt pour réparation.

    Toutes les grosses têtes qui ont conçu cette voiture n’ont pas pensé un seul instant qu’ils allaient fermer des Fonderies et mettre du personnel au chômage. T

    out le monde a dû recevoir une doc de l’EDF comment économiser le courant sur nos machines à lavé et sur tous nos appareils électrique.

    Vous verrez qu’il faudra s’éclairer à la bougie pour faire rouler les véhicules électriques.

    Pour moi pour le moment c’est une catastrophe pour les Fonderies . « L’expert en étain »

  3. Wait and See !

    La voiture électrique c’est pour dans 13 ans, c’est court mais également très long pour réaliser toutes les améliorations souhaitables: propreté, autonomie, durée de vie, recyclage …
    D’ici là qui nous fournira l’électricité: centrales à charbon (que nous allons rouvrir), centrales au gaz, éoliennes, panneaux photovoltaïques, ou centrales nucléaires à remettre en état ou à construire.
    Ou bien aurons-nous virer vers l’hydrogène ?

    Actuellement tous les constructeurs, équipementiers, fournisseurs d’énergie, start’up travaillent pour ce nouvel enjeu, il ne faut surtout pas désespérer mais éviter de ce dire que c’était mieux avant.
    Lorsque je vais voir des expositions photographiques je ne trouve jamais une bonne raison pour dire que c’était mieux à telle ou telle période, c’est tout le contraire.

    Encore une fois la fin du moteur thermique élimine des pièces de fonderie fonte et aluminium ainsi que des pièces de forge, mais le moteur électrique à ses propres besoins.
    Même si cela nous coûte il faut éviter de vivre dans le passé, espérons simplement que certains esprits malsains se calmeront, que nous saurons écouter et assurer une transition écologique à nos descendants et nous devrons nous adapter à ce nouveau monde qui sera encore meilleur que le premier.

  4. « Terminus!.
    Vous allez tous descendre ici… et là… Mesdames, Messieurs, une dernière attention. S’il vous plaît! Vous arrivez en gare d’un terminus annoncé. Hélas!

    Eh oui! Vous allez descendre ici sans aller plus loin, vous allez quitter ce train fou, forcément. Ainsi, vous ne ferez plus partie de ses voyageurs dorénavant. Vous finirez votre chemin professionnel hors de ce convoi cahotant, hors de cet omnibus sans vraie destination. Malheureusement.

    Après toutes ces années de roulage, de tangage et de secousses, le train va s’arrêter. Ce périple vous ne pourrez pas l’oublier, j’en suis persuadé. Vous avez voyagé comme moi dans ce rapide qui faisait la fierté de la communauté.

    À chaque arrêt contraint, vous avez chargé et déchargé vos bagages, bien fatigués… mais en respectant toujours les exigences d’un chef de gare improvisé.
    Votre bataille du Rail (Rétablissement de l’aluminium dans l’industrie locale) va se terminer. Eh oui, c’est dans un train remarquable que pendant des années vous avez tous circulé. Tel que le Mistral à ses heures de gloire, il était une réussite française… avec fierté.

    Terminus! Vous allez tous descendre ici… et là… Ne vous enfuyez pas, de grâce! Ce voyage-là, ça ne s’oubliera pas! Alors, au fil du temps, sans aucun soin, le joli train est devenu un traînard sans destination. La compagnie au losange a délaissé ce moyen fabuleux… pour mille et une raisons.

    Ne vous retournez pas pour voir le convoi s’en aller de nouveau à l’horizon, il va s’immobiliser dans cette campagne de la Vienne, comme une vieille machine à l’abandon, une locomotive de tristesse pour tous les « prêt-à-pointer » dans ses wagons.

    Ne regrettez rien, vous étiez des passagers corrects et, entre vous, des compagnons. Vous avez souvent manifesté aux contrôleurs de la rame tous les écarts de prestations. Alors, ne payez pas de votre personne les manquements du service des transports… et de son patron.

    Hop là! Je vous laisse, vous allez tous descendre ici… et là… Mesdames, Messieurs, mes respects du jour les plus sincères! À vous toutes et tous, je vous salue bien bas. »

    (1) Auteur, fin 2019, du livre « Innovative destruction » dans lequel il raconte sa carrière aux Fonderies du Poitou et le lent déclin de l’usine.

    Patrick Cochet, siège 138

  5. Je ne résiste pas à vous communiquez ce poème de Jean d’Ormesson qui peut s’appliquer à bien des situations

    :
    A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents.
    Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous.
    Pourtant, à une station, nos parents descendront du train,
    nous laissant seuls continuer le voyage…
    Au fur et à mesure que le temps passe,
    d’autres personnes montent dans le train.

    Et ils seront importants : notre fratrie, amis, enfants,
    même l’amour de notre vie.
    Beaucoup démissionneront (même l’amour de notre vie)
    et laisseront un vide plus ou moins grand.
    D’autres seront si discrets
    qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges.
    Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes,
    de bonjours, d’au-revoir et d’adieux.
    Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers
    pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes.
    On ne sait pas à quelle station nous descendrons.
    Donc vivons heureux, aimons et pardonnons !
    Il est important de le faire, car lorsque nous descendrons du train,
    nous devrions ne laisser que des beaux souvenirs a ceux qui continuent leur voyage…
    Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique.
    Aussi, merci d’être un des passagers de mon train.
    Et si je dois descendre à la prochaine station,
    je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous !

    Je crois qu’il faut savoir en tirer une certaine réflexion, une certaine philosophie par rapport à la vie et ce face aux bons moments ou aux difficultés.

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