L’Observateur – Laurent Goudet
A Saint-Michel-en-Thiérache (Aisne) : la plus ancienne entreprise des Hauts-de-France, les Fonderies de Sougland, est unique. Sa stratégie en matière d’exportation, de développement durable, ses labels et certifications, ainsi que son projet visant un nouveau développement en Europe sont assez surprenants.
En 1543 naissaient à Saint-Michel les Fonderies de Sougland. Près de 478 ans plus tard, cette usine poursuit son activité tout en innovant sans cesse. Dirigée par Florence Lang, présidente, et Yves Noirot, directeur général, cette industrie emploie soixante-dix salariés. Mais les Fonderies de Sougland, c’est avant tout et clairement une entreprise unique.
D’une part car il s’agit de la plus ancienne entreprise des Hauts-de-France, mais aussi en raison des labels et des certifications qu’elle a récoltés, de son département R&D avec à la tête un docteur et de ses stratégies. L’innovation verte y est devenu pratiquement un leitmotiv, ou plutôt un moteur permettant de réduire les coût de fabrication, les factures énergétiques, l’empreinte carbone, tout en réduisant les risques pour les clients en matière de maintenance. « C’est un véritable cercle vertueux ! », commente Yves Noirot.
Cette entreprise est née en 1543. C’est ici qu’Albert Dormoy y a inventé la machine à émailler, ce qui lui a valu d’emporter un premier prix lors de l’exposition universelle de 1900 !
650 000 euros investis en 2020 et 2021
Cette innovation verte s’est notamment traduite par de nombreux investissements en lien avec la transition énergétique et écologique. Près de 650 000 euros auront été investis entre 2020 et 2021, contribuant à une montée en productivité tout en améliorant les conditions de travail. Et tout ceci, rappelons-le, malgré la crise sanitaire et économique… « Le fait de fabriquer en France, d’innover, de respecter la planète et d’avoir une véritable politique sociale et environnementale attire des clients et des talents », souligne le directeur général. Toujours malgré la crise, en 2020, environ 80 sociétés ont ainsi consulté les Fonderies de Sougland, dont une vingtaine sont devenus de nouveaux clients. Parmi ceux-ci figure une société allemande, séduite par la capacité des fonderies saint-michelloises à étudier et à réaliser des pièces très techniques. Et ce qui est encourageant, c’est que ces consultations se poursuivent en 2021 !
L’un des atouts des Fonderies de Sougland est d’apporter des solutions aux clients, et non pas uniquement une fabrication. « Nous pouvons leur apporter des améliorations par rapport à leurs besoins, assure Yves Noirot. Et je suis très heureux de la pertinence des choix stratégiques que nous avons réalisés il y a presque 10 ans. » L’adoption d’une l’économie circulaire, désormais bien ancrée, figure parmi ces choix cruciaux. Un fournisseur de la marine américaine, la célèbre US Navy, ne s’y est d’ailleurs pas trompé en faisant appel, depuis plusieurs années, aux Fonderies de Sougland. « Ce client, comme d’autres, est fidèle parce que nous sommes en capacité de produire des pièces que d’autres ne peuvent fabriquer, et parce que nous avons une solide expertise en R&D », met en exergue Yves Noirot, indiquant au passage qu’environ 25 clients de la société se trouvent à l’étranger.
De plus en plus de candidatures spontanées
Directeur général des Fonderies de Sougland, Yves Noirot est également président de la METS (Maison des entreprises de Thiérache et de la Serre) et ambassadeur French Fab.
Cette stratégie d’innovation séduit les talents. Des collaborateurs de tous niveaux et de toutes formations, mouleurs, modeleurs, ingénieurs, jusqu’au docteur en R&D ont choisi de travailler dans cette entreprise thiérachienne. « Pour recruter, nous mettons en avant le fait qu’il s’agit d’une entreprise qui existe depuis près de 5 siècles, innovante, et qui a entamé une véritable démarche dans le domaine de la recherche et du développement, précise Yves Noirot. Mais pour fidéliser les talents les plus diplômés, c’est difficile car nous avons à la fois une problématique d’accès et un manque d’attractivité liée au territoire. » Tous les canaux sont exploités pour recruter du personnel, des réseaux spécialisés au réseaux sociaux, en passant par les cabinets spécialisés. « Nous avons aussi de plus en plus de candidatures spontanées », ajoute le directeur général, lequel a lancé, aux côtés de Florence Lang, un centre de formation agréé afin que de jeunes pousses entrent dans l’entreprise.
Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage, telle pourrait être la devise des Fonderies de Sougland qui a décroché en 2019 le label « France savoir-faire d’excellence » une nouvelle marque pour le tourisme d’entreprise, mais aussi le trophée PME-RMC en tant que lauréate du concours de la région Nord (en qualité de PME solidaire). Pour couronner le tout, les Fonderies de Sougland a obtenu le label « Industrie Vitrine du futur », au même titre que la SNCF, Airbus ou encore Bouygues…
En terme d’objectifs, l’entreprise multiséculaire souhaite poursuivre sa stratégie, et travaille depuis quelques temps sur un beau projet européen. Accompagnée par la Commission européenne, elle lui permettra de se développer davantage à l’international, avec l’aide de partenaires, de constructeurs, de centres universitaires et de laboratoires comme le CTIF (Centre technique industries de la fonderie). « Notre objectif est de faire en sorte que nos clients deviennent, ou restent les meilleurs sur le marché », conclut Yves Noirot, également président de la Maison des entreprises de Thiérache et de la Serre et ambassadeur French Fab.