Les Echos –
Dacia, Citroën, DS, BMW ou Tesla produisent en Chine des modèles importés ensuite en Europe.
choix qui ne se limitent pas à la recherche de coûts de production compétitifs.
__Présentée par la marque comme « un symbole du savoir-faire français », la DS 9 est fabriquée à Shenzhen.
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A 16 milliards d’euros l’an dernier, l’excédent commercial de l’Europe vis-à-vis de la Chine dans le secteur automobile reste encore très confortable. Mais cette situation pourrait se dégrader rapidement : non seulement les constructeurs chinois (SAIC, Geely, Great Wall…) multiplient les efforts pour développer leurs ventes sur le Vieux Continent, mais certains de leurs homologues occidentaux font, eux aussi, le choix du made in China, pour ensuite importer cette production sur le marché européen.
Renault et Stellantis (le groupe issu de la fusion entre Fiat et PSA) ont été parmi les premiers à s’engager dans cette voie. La Dacia Spring, la voiture électrique low cost dont le groupe au losange démarrera les ventes au grand public cet automne, est, par exemple, une dérivée de la City-KZE développée en partenariat avec le groupe chinois Dongfeng. Elle est fabriquée dans l’usine de celui-ci à Shiyan, dans le Hubei.
__Chengdu plutôt que Rennes
__Citroën et DS ont pris la même option, mais pour leurs modèles haut de gamme. Présentée aux journalistes au printemps, la C5 X , la toute dernière berline de standing de la marque aux chevrons, ne sera pas produite à Rennes comme la XM ou la C5 avant elle, mais exclusivement à Chengdu. De la même manière, la DS 9 , annoncée sur le site Internet de la marque comme « un symbole du savoir-faire français », multiplie les références au luxe tricolore mais sort des chaînes de montage d’une usine de Shenzhen.
Les constructeurs français ne sont pas les seuls. BMW produit son SUV 100 % électrique iX3 en Chine depuis l’automne dernier, avant d’exporter une partie de la production vers l’Amérique du Nord et l’Europe. C’est le premier modèle pour lequel le constructeur bavarois procède ainsi. De la même manière, la plupart des Tesla immatriculées en Europe ces derniers mois reviennent de l’usine de Shanghai de la marque californienne.
Amortir les capacités de production existantes
Ces arbitrages industriels naissent la plupart du temps de la conjonction de plusieurs facteurs. Les coûts de production très compétitifs en Chine en sont un, et expliquent en partie pourquoi la Dacia Spring, qui revendique le titre de voiture électrique la moins chère du marché, est assemblée dans l’ex-empire du Milieu, malgré des droits de douane de 10%.
Mais pour Renault, il s’agissait également d’amortir autant que possible une chaîne de production et un modèle existant, et de regarnir le plan de charge de l’usine de Shiyan, les ventes de City-KZE n’ayant jamais décollé sur le marché local. En localisant la production de la DS 9 et la C5 X en Chine, Stellantis fait également le choix d’amortir des capacités industrielles qui sonnent creux, du fait de l’effondrement de ses ventes sur place ces dernières années (de 300.000 à 20.000 exemplaires écoulés de 2015 à 2020 pour Citroën).
Automobile : le « made in China » à l’assaut de l’Europe
Dans ces deux derniers cas, il s’agit également de renforcer ses chances sur le marché chinois. Les deux berlines visent clairement le haut de gamme du marché local, qui est aussi le premier au monde en termes de taille. Etre fabriqué sur place est dans ce cadre un atout, et passer par des importations pour servir ensuite le marché européen vu comme un moindre mal.
Pour ces constructeurs, comme pour BMW ou Tesla, il semble en tout cas clair que les sites de Shenzhen ou Chengdu n’ont rien à envier aux usines européennes. « La meilleure qualité de fabrication automobile au monde se trouve en Chine », avançait au printemps Vincent Cobée, le directeur général de Citroën. Encore limitées à 170.000 exemplaires en 2020, selon l’association des constructeurs européens, les importations made in China devraient donc continuer à grimper dans les années à venir.
Vive le made in china