OBJECTIF GARD
Démarrée le 12 octobre dernier, la grève se poursuit chez ATS-Marle, fonderie alésienne de précision spécialisée dans la fabrication de prothèses orthopédiques.
Déterminés à ne pas flancher, les salariés grévistes (plus de 95% de l’effectif composé de 117 éléments) se heurtent à la fermeté de leur direction.
Ce vendredi 28 octobre, à l’approche de l’heure du déjeuner, une vingtaine de salariés est regroupée devant l’entrée du site alésien de l’entreprise ATS, propriété du groupe Marle. Sur fond de tubes des années 80 diffusés par une enceinte, les discussions vont bon train. Un peu plus loin, les « boulistes » sont encore plus nombreux et enchaînent les carreaux au cours d’une partie de pétanque endiablée sur le parking réservé aux employés.
Une ambiance chaleureuse qui tranche avec la froideur de l’échange que viennent d’avoir les représentants syndicaux avec leur direction. « Le directeur nous propose de signer un accord de désaccord », plaisante Jérôme Malyeux, délégué syndical CGC, faisant référence à un PV actant l’échec des négociations annuelles obligatoires (NAO) que l’intersyndicale n’avait pas l’intention de parapher ce vendredi.
« Mercredi on sera là ! »
Car lorsque la direction générale du groupe reste campée sur sa position initiale (2 % d’augmentation générale et 500 € de prime Macron), les salariés grévistes de la fonderie de précision (plus de 95% de l’effectif total d’après les syndicats) réclament toujours leur part du gâteau (23 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice 2021/2022, soit plus de 7 millions d’euros de bénéfices). « On est toujours sur une demande de 150 € brut par mois », resitue Jérôme Malyeux.
Et ce dernier d’ajouter : « On avait réussi à négocier avec la direction de l’entreprise une augmentation de 80 euros brut dès octobre 2022 et 100 euros brut à partir d’octobre 2023, mais cette proposition n’apparait même plus sur le dernier PV. » À en croire les dernières nouvelles, le statu quo devrait se poursuivre la semaine prochaine. « Comme c’est férié mardi, on fait le pont lundi tel que c’était prévu. Et mercredi on sera là pour poursuivre la grève ! », confirme le délégué syndical CGC.
Dans l’attente du « point de bascule »
Après quinze jours d’inactivité, les pertes se chiffreraient à 30 000 euros par jour d’après l’intersyndicale, laquelle mise davantage sur une rupture des commandes pour faire flancher leurs dirigeants. « Pour l’instant ils tapent dans les stocks. Mais lorsqu’il n’y aura plus rien, nos clients risquent de gueuler. Sachant que si on réengage une production, il faut sept semaines pour livrer de nouvelles pièces », confie en ce sens un employé.
À l’initiative de Jérôme Hauteville, délégué syndical CGT, une cagnotte Leetchi a été lancée en début de semaine. Près de 400 euros ont déjà été récoltés, lesquels serviront à financer les repas quotidiens pris sur site. Alors que les grévistes s’attendent à « un gros trou » dans leur paye le mois prochain, d’aucuns se rassurent avec la perspective réjouissante du versement de la prime d’intéressement et de participation prévu mi-décembre. Une coquette somme avoisinant les 7 000 euros qui devrait permettre aux salariés de « tenir au maximum ».
Alors que l’intersyndicale attend désormais « le point de bascule », contactée par nos soins, la direction, par la voix de la directrice des ressources humaines, adopte la posture du « pas de commentaire », tout en concédant que « c’est dommage que les salariés fassent grève et n’acceptent pas la proposition initiale ».
Cette grève ne ressemble pas du tout aux autres grèves.
Le message est clair. Il est fort !