ToulEcho –
Soutenue par le fonds d’investissement Aéro Partenaires, la sous-traitance d’Occitanie se réorganise et se restructure pour anticiper la reprise de l’activité.
À quelques semaines d’intervalle, les PME aéronautiques toulousaines, fortement ébranlées par la crise du secteur liée au Covid-19, annoncent leur restructuration. Mecachrome prend les devants. Le fabricant de pièces de structures et de moteurs d’avion informe avoir racheté Hitim, une PME qui produit pour Safran des axes de trains d’atterrissage et des arbres de moteurs d’avion.
Sur la photo : La chaîne de production de Latécoère qui fabrique un fuselage. Crédit : Rémy Gabalda-ToulÉco.
Puis c’est au tour de Latécoère. Cet équipementier centenaire, dédié aux tronçons de fuselage et portes d’avions, lance un plan de recapitalisation de 222 millions d’euros, en très grande partie financé par son actionnaire, le fonds Searchlight Capital Partners, nanti de nouveaux prêts garantis par l’État (PGE) pour 130 millions.
Pour anticiper la reprise, Satys Aerospace, spécialiste de la protection de surface, lève 40 millions d’euros pour asseoir ses activités. Les PME Ventana et Nexteam se marient via une fusion capitalistique soumise à l’approbation de l’Autorité de la concurrence.
WeAre Group reprend deux fonderies
Dernière annonce en date, celle de WeAre Group, le vendredi 5 novembre. Ce gros fabricant de pièces techniques né du rachat de plusieurs sous-traitants en 2016, situé à Montauban (Tarn-et-Garonne), reprend deux entreprises : Taramm et Gamma-Tial. La première est une fonderie de précision en titane, inconel et alliages à haut point de fusion, installée à Mazères en Ariège, qui fabrique des pièces moteurs pour Safran Aircraft Engines. Cette entreprise, qui a perdu 60% de son chiffre d’affaires avec l’arrêt de la production du 737 Max de Boeing, a été placée sous procédure de conciliation. Gérée par des administrateurs judiciaires, elle a mis en place un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) : 49 emplois ont été supprimés sur un effectif total de près de 80 collaborateurs.
Gamma-Tial, une fonderie à la cire perdue située à Richelieu (Indre-et-Loire), a subi des revers identiques. Elle s’est séparée d’une vingtaine de postes pour en conserver, à peine, une quinzaine. Désormais, le groupe WeAre compte douze sites de production, dont huit en France, trois au Maroc et un en Tunisie et vise les 220 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024.
Cinq opérations menées par le fonds d’investissement aéronautique
Le principal artisan de cette nouvelle vague de restructuration est la société d’investissement Ace Capital Partners, filiale de Tikehau Capital, via le fonds Aéro Partenaires. Créé en juin 2020 avec l’État français, Airbus, Safran, Dassault Aviation et Thales, ce fonds, dédié au sauvetage et à la restructuration de la filière aéronautique française et doté aujourd’hui de 750 millions d’euros, a déjà réalisé cinq rachats ou prises de participations depuis janvier dernier.
« D’autres opérations sont à venir », précise Marwan Lahoud, président d’Ace Capital Partners, citant la recapitalisation en cours de Figeac Aéro ou encore le rachat par un coAéronautique. La sous-traitance entame sa restructuration
Cette restructuration est une bonne image de la filière aéro.
Plutôt fusionner, racheter… que de se fusiller comme on a connu à une certaine époque où des fonderies s’entretuaient pour conserver leur marché.
Triste époque révolue, du moins peut-on l’espèrer.