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Par : Mourad
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mercredi 29 Oct, 2025
Catégorie : Economie

« Sauf miracle, l’usine est morte » : le désarroi d’un syndicaliste NovAsco à Hagondange suite au retrait de Metal Blanc

Les salariés de NovAsco sont en colère. © Radio France – Thomas Vinclair
  • Thomas Vinclair 
  • Robin Schmidt

Publié le 

Après le retrait de Metal Blanc, annoncé lundi 27 octobre, les salariés de NovAsco à Hagondange sont dans le désarroi le plus total. L’avenir du site s’écrit en pointillé.

Metal Blanc renonce finalement à reprendre la totalité du site de NovAsco, l’ex-Ascometal a annoncé lundi l’intersyndicale aux salariés. C’était le seul candidat à envisager une reprise globale de cette usine qui emploie 450 salariés. Le groupe, composé de trois autres sites en France, est en redressement judiciaire depuis cet été. « C’est une catastrophe », souligne Nicolas Haettinger, délégué CGT sur le site. Vendredi, la chambre commerciale du tribunal administratif de Strasbourg pourrait prononcer une liquidation judiciaire.

ICI Lorraine : Metal Blanc et son offre de reprise avait suscité beaucoup d’espoir, comment ont réagi les salariés à ce retrait ?

Nicolas Haettinger, délégué CGT : On y mettait beaucoup d’espoir, pour la simple et bonne raison que c’était l’unique repreneur qui était intéressé par notre site. En plus, c’était un industriel, pas un fonds de pension ou un fonds de retournement. C’était un profil qui nous plaisait nettement plus. Il était venu avec un business plan qui était cohérent, qui tenait la route, mais c’est le financement qui n’a pas suivi. Cela a hypothéqué nos chances d’avoir une poursuite d’activité à Hagondange. Désormais, à moins d’un miracle, l’usine est morte. Il y a désormais un risque de liquidation, s’il n’y a pas de repreneur. À moins d’un miracle et d’une nationalisation. Mais je n’y crois pas. Après, si vous allez au Royaume-Uni, ils ont encore nationalisé deux aciéries coup sur coup, car ils sont conscients qu’il y a un enjeu stratégique sur l’industrie.

Pour vous le combat est désormais terminé, il n’y a plus d’espoir ?

Tant que le gong n’a pas sonné, le combat n’est pas fini. Mais il faut reconnaître qu’on a été assez sonné par l’annonce. On avait reçu Métal Blanc, on avait même eu une assemblée générale en présence de Julien Baillon, le patron de Métal Blanc, et qui s’était relativement bien passé. Il y a eu un ascenseur émotionnel, c’est-à-dire qu’on y croyait et puis tout d’un coup, on a eu les jambes coupées. Désormais, l’intersyndicale, elle interpelle l’État pour qu’il fasse quelque chose. À part une nationalisation, ce sera une liquidation et 450 emplois directs fauchés, sans compter les indirects… Tout l’impact qu’il va y avoir sur le bassin d’emplois, Hagondange… Voilà, c’est une catastrophe !

On est déçu, forcément. Après moi, ici, c’est mon quatrième redressement judiciaire. J’estime, vu l’enjeu stratégique de mon emploi, que ce genre de chose n’aurait jamais dû arriver. On ne devrait pas avoir quatre redressements dans une boîte qui fait des choses aussi importantes que la nôtre. C’est une aberration complète. Le dernier redressement judiciaire date d’il y a un an. Le repreneur Greybull, il a été arrosé d’argent par l’État, mais il n’y a eu aucun contrôle derrière. C’est facile pour l’État de dire, on a été là, on a joué le jeu. Oui, sauf qu’en fait, ils ont donné de l’argent, mais ils n’ont pas regardé derrière ce qui se passait. C’est anormal qu’une boîte comme la nôtre, qui est une aciérie décarbonée, qui fait des aciers spéciaux, ferme. On aura toujours besoin d’aciers spéciaux en France. Je ne sais pas où la France pourra se fournir, si elle veut garder une souveraineté industrielle.

Europlasma est toujours en course. Mais il ne semble pas forcément intéressé par le site de Hagondange. Est-ce le dernier espoir ?

Alors leur l’offre, elle concernerait que les traitements thermiques de Hagondange et donc ça représenterait une poignée d’emplois, pas le site en entier. On ne va plus produire d’acier en Moselle. Nous sommes la dernière aciérie de Moselle. On va fermer. Cela me paraît fou qu’on puisse en arriver là. Europlasma fera venir de l’acier de Suède. On va nous dire : « Cela reste en Europe. C’est magnifique ! » Je préfère que l’on produise en France. Je travaille à l’aciérie pour moi, la partie est jouée. Après, je préférerais qu’une partie de mes camarades voie leur emploi sauver. Mais c’est abominable ce qui se passe, je n’en reviens toujours pas qu’on puisse en arriver à un truc pareil. Quand on perd un outil de production, c’est des compétences et des qualités qui seront perdues à tout jamais.

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1 commentaire pour : "« Sauf miracle, l’usine est morte » : le désarroi d’un syndicaliste NovAsco à Hagondange suite au retrait de Metal Blanc"

  1. On parle de réindustrialisation et de réarmement: Comment va-t-on faire en continuant à fermer de telles usines ?
    Alors que la France était à la pointe dans ce domaine, elle sera bientôt totalement dépendante pour l’acier, comme elle l’est déjà pour la machine-outil et d’autres secteurs

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