Louis Hallot

NARCOLEPTIQUE

J’ai eu un professeur de techniques de fusion qui s’appelait Louis Hallot, certains qui me lisent s’en souviendront certainement.

Il était Directeur adjoint des méthodes centrales fonderies de Renault, et il nous enseignait avec sa carrure de lutteur, ses cheveux en brosse, et sa voix forte qui réveillait ceux qui dormaient au fond de la classe, tout ce que nous devions savoir sur la fusion des alliages de fonderie.

Sa spécialité c’était les fours à induction.

Surtout les très gros, à l’époque les volumes de production explosaient et il fallait équiper les fonderies de fours très puissants à gros debits pour suivre les séries automobiles.

En intégrant le poste d’ingénieur méthodes fusion aux Fonderies du Poitou, je l’ai retrouvé comme directeur puisqu’il était responsable de la conception et de la réalisation des fours de fusion et de maintien des secteurs fonte et aluminium de la nouvelle filiale de Renault.
Une responsabilité hors norme et sans filet.

Les anciennes fonderies de Boulogne Billancourt ayant fermé il fallait absolument mettre aux point ces nouveaux fours, plus proches des prototypes que de la série.

C’était sans compter sur la volonté de fer de Louis Hallot qui nous houspillait à volonté pour que nous trouvions au plus vite les bonnes solutions.

Nous le craignions autant que nous l’admirions.

Je repensais à lui ce matin quand ma fille me voyant assoupi sur un bouquin me demanda si je n’étais pas devenu narcoleptique.
Heureusement non, juste des nuits trop courtes.

Mais Louis Hallot s’endormait quand je lui parlais de mes essais, ils fermait les yeux et baissait la tête sur son cou.

Au début cela m’a dérouté et puis rapidement j’ai compris qu’il entendait tout et était capable de reprendre la conversation là où il l’avait laissée.

Une force de la nature, un de mes maîtres à qui je dois tout ce que je sais.

Quel honneur de les avoir côtoyés.

Voilà les Hommes qui ont fait l’industrie automobile, je les imagine s’ils revenaient aujourd’hui.
Ils diraient certainement qu’il y a des coups de pieds au derrière qui se perdent.industrie automobile restructuring