Madou Traoré, le parcours d’un fondeur d’art du Burkina Faso au Thouarsais
Originaire de Bambé, petit village du Burkina Faso, Madou Traoré a installé sa fonderie d’art en 2023 à Massais, à Val-en-Vignes, près de Thouars. Rencontre avec un artisan-artiste autodidacte et passionné.
Madou Traoré est fondeur d’art à Massais depuis l’an passé. Né en 1984 à Bambé, un petit village du Burkina Faso, cet artiste autodidacte est issu d’une famille de forgerons-fondeurs et a notamment acquis son savoir dans l’atelier familial des bronziers, à Bobo-Dioulasso.
« Quand il n’y avait pas école, j’allais aider à la fonderie, confie-t-il. C’est là que j’ai découvert et appris l’art de la fonte et les techniques africaines au banco et de la cire perdue. Au fil des années, cette activité est devenue une véritable passion. »
« Quand il n’y avait pas école, j’allais à la fonderie »
Arrivé en France il y a une quinzaine d’années, il présente une première exposition à Mazamet (Tarn), puis s’installe comme sculpteur-fondeur en Maine-et-Loire, où il expose sous son nom d’artiste MadouK à la galerie Montis, ainsi qu’au Dôme, à Saumur, et au parc de Pignerolles.
Finalement, c’est à Massais, à Val-en-Vignes, que cet artiste achètera en fonds propres une maison, et plus récemment une grange et un atelier, avant de créer l’entreprise Arts fusions fonderie en début d’année 2024 et de se consacrer exclusivement à la fonderie d’art.
Méthodes ancestrales et savoir-faire moderne
Il utilise la technique de la cire perdue et le moulage au sable, combinant des savoir-faire traditionnels ancestraux avec des méthodes de fonte modernes. « Les artistes m’amènent le modèle et moi je fais le moulage, la coulée et les finitions, jusqu’à la patine », explique le maître fondeur, qui sélectionne avec attention ses lingots pour chaque pièce qu’il réalise.
« La matière première est choisie en fonction des exigences du client. Le bronze est un alliage de cuivre avec d’autres métaux comme l’étain, mais aussi parfois l’aluminium ou le silicium à différents taux. C’est important de garder une composition constante de l’alliage tout au long de la coulée. »
Ce jour-là, Dominique Rouzié, une artiste châtelleraudaise de renommée internationale (elle a exposé à Osaka, Brno, Bratislava, Québec, Alma…), est venue prendre livraison de son œuvre, qui sera exposée au musée d’art et d’histoire Alfred-Douët à Saint-Flour (Cantal), dès le 28 juin, pour la biennale 2024.
Quand elle a cherché un fondeur pour finaliser son œuvre, c’est vers Madou Traoré que l’a orientée le commissaire d’exposition, Christian Garcelon. « On s’est fait confiance. Madou est un très bon fondeur et il comprend bien l’esprit de ce que les gens veulent », apprécie l’artiste, qui a enseigné à l’école d’arts plastiques de Châtellerault.
Un métier d’art très technique
Il y a beaucoup d’étapes pour réaliser une pièce en bronze. Si l’œuvre est de grande taille, il faut fondre les pièces séparément, puis les assembler en les soudant. Ensuite vient l’ébarbage, qui consiste à débarrasser l’œuvre des excédents de métal.
Puis c’est le ciselage qui remédie aux imperfections et enfin la patine qui permet, par oxydation, de colorer l’œuvre dans un camaïeu de couleurs qui vont du vert au brun.
Le code de déontologie des sculpteurs d’art oblige le fondeur à apposer sur l’œuvre le nom du sculpteur, le numéro de l’épreuve et la marque du fondeur.