Un touriste devant une fontaine Wallace située sur l’avenue des Champs-Elysées à Paris (2022) ©Getty – Crédit Chesnot
Dans ce nouvel épisode, Marie Sorbier nous emmène à Sommevoire en Haute-Marne (52) où se trouve la fonderie GHM qui fabrique depuis plus de 150 ans les célèbres fontaines Wallace. À l’occasion du Voyage à Nantes, l’usine en réalise quatre nouvelles imaginées par l’artiste Cyril Pedrosa.
Après nous avoir fait visiter l’exposition « Duels – l’art du combat » au musée de l’Armée à Paris, Marie Sorbier continue son Grand Tour en nous entraînant avec elle en Haute-Marne. C’est dans ce département de l’est de la France que se trouve la petite commune de Sommevoire qui abrite la fonderie GHM. Cette dernière est la seule à fondre depuis leur création en 1872 les célèbres fontaines Wallace reconnaissables par leur couleur verte et leurs quatre caryatides portant une coupole. Un élément du décor urbain qui est devenu un vrai symbole de Paris mais aussi des villes françaises et que l’artiste Cyril Pedrosa remet au goût du jour à l’occasion de l’édition 2024 du Voyage à Nantes.
Créée en 1840, la fonderie GHM est spécialisée dans la fabrique de mobilier urbain. Son ancrage dans le territoire haut-marnais, comme pour beaucoup d’autres fonderies à cette époque, s’explique par la présence de forêts pour alimenter en bois les hauts-fourneaux, d’une terre riche en minerais, et de la présence d’eaux pour l’énergie hydraulique. En plus des fontaines Wallace, cette fonderie d’art compte de prestigieuses réalisations qui témoignent de son savoir-faire d’exception comme les lampadaires des Champs Élysées, les entrées de métro Guimard ou encore les ornements du pont Alexandre III à Paris. L’entreprise est d’ailleurs en train de réaliser les futurs accès des nouvelles stations de métro du Grand Paris dessinés par l’architecte Marc Aurèle preuve que cette fonderie, plus de 180 ans après sa création, est toujours à la pointe de l’innovation.
La première fontaine Wallace, du nom de son mécène, Richard Walalce, fut inaugurée en 1872 à Paris. Le philanthrope britannique avait en effet décidé de financer cinquante fontaines pour que la ville de Paris puisse assurer un accès à l’eau potable gratuitement aux parisiens dans un contexte sanitaire et sociale dégradé par l’épisode de la Commune. Le philanthrope voulait de plus éviter que les ouvriers ne tombent dans une consommation excessive de vin et ainsi de nombreuses fontaines furent installées en des points stratégiques, comme sur les trajets entre les usines et les quartiers ouvriers ou même parfois devant des marchands de vin. La fontaine fut dessinée par le sculpteur nantais Charles-Auguste Lebourg et on en compte aujourd’hui plusieurs centaines partout en France.
Le Voyage à Nantes, cette manifestation estivale d’art urbain qui se tiendra cette année du 6 juillet au 8 septembre, a proposé à l’artiste Cyril Pedrosa d’imaginer quatre nouvelles fontaines Wallace pour cette édition 2024 qui seront installées dans la ville de façon pérenne. Ce dernier a décidé de mettre en scène l’évasion des quatre caryatides qui dans son récit décident de faire pousser deux arbres qui viendront tenir le chapiteau de la fontaine, leur permettant donc de se libérer de cette tâche et de s’enfuir : « Ces quatre figures portent le chapiteau de la Fontaine, elles y sont assignées, c’est leur destin éternel. Et je trouvais ça à la fois amusant, doux et aussi politique de proposer que ces femmes s’échappent de leur charge. Ce qui m’intéressait, c’était à la fois de préserver ces figures féminines parce qu’elles font partie de l’objet tel qu’il est et d’essayer justement de me détacher de l’assignation symbolique qu’on donne à ces figures féminines pour essayer de dire autre chose, de proposer plutôt un récit de leur émancipation, de leur évasion » explique ainsi l’artiste.