Je me souviens avoir connu l’époque où les colporteurs qui faisaient du porte-à-porte étaient les bienvenus dans les villages lorrains. On ne connaissait pas encore l’obsolescence programmée, où des ingénieurs ont suivi de longues études pour étudier la fabrication d’ustensiles avec des matériaux qui ne résistent pas au temps et qu’on ne peut plus réparer, afin de faire tourner l’industrie à plein régime.
Lassé de cette politique du tout à jeter, je vis à présent dans un des pays les plus pauvres de la planète, mais où les gens sont peut-être plus heureux que chez ceux qui possèdent tout en se contentant du métro, boulot, dodo. Ce matin, j’ai donc reçu deux rémouleurs qui ont réparé les marmites en aluminium que ma femme ne voulait pas jeter car elle dit que ces marmites ont couté cher.
Muni d’un appareil fabriqué à l’aide d’une roue de vélo, avec une pédale servant à faire tourner à la main la roue qui actionne un ventilateur dans un tuyau relié à une grosse boîte de conserve qui sert de fonderie à charbon de bois, ils ont réussi à réparer lesdites marmites. La chaleur du feu fait fondre les bouts d’aluminium récupérés ça et là entre bouchons de bouteilles, bouts de tôles d’alu ou encore boîtes vides de certaines boissons. Cet aluminium fondu est ensuite consciencieusement appliqué sur les parties des marmites trouées, afin de les ressouder.
A l’ère du tout à la poubelle, j’ai été ravi de pouvoir revivre le temps où j’étais en culottes courtes et que j’admirais la dextérité des rémouleurs d’antan de nos villages lorrains. Pour réparer cinq marmites, les deux rémouleurs ont facturé en tout la somme de 7,77 euros.
Bien entendu, comme il fait très chaud en ce moment à Madagascar et que les flammes de leur petite fonderie artisanale n’apportent aucune fraîcheur, je leur ai apporté une grande bouteille de thé glacé qu’ils ont accueilli avec bonheur.